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Il était une fois les Chagos

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Il était une fois les Chagos | business-magazine.mu

Une exposition visible jusqu’au 6 septembre au Blue Penny Museum, à Port-Louis, retrace avec force documents et autres objets à valeur historique le passé de l’archipel des Chagos et le déracinement de sa population indigène.

Un retour en terre chagossienne, en attendant les délibérations du tribunal d’arbitrage international – vers la fin de 2014 – sur le sort des Chagos qui oppose gouvernements mauricien et britannique. C’estce à quoi nous conviel’exposition intitulée « Chagos », visible à la galerie d’exposition temporaire du Blue Penny Museum, à Port-Louis, jusqu’au 6 septembre.

Réalisée conjointement avec le Comité Social Chagossien, l’exposition se propose de revenir sur les origines de la population indigène de l’archipel – constitué de sept atolls et plus de 60 îles – et des générations qui ontsuivi, vivant pour la plupart à Maurice. S’imprégner de leur histoire, de leur culture, entendre leurs plaintes et leurs attentes, aller à la rencontre d’un peuple en quête d’une identité ‘excisée’…

Dès l’entrée, deux bustes :ceux de Lisette Talate et de Charlésia Alexis, des militantes emblématiques de la cause chagossienne, co-fondatrices du Groupe Réfugiés Chagos. Aujourd’hui disparues, ces deux femmes, grâce à des témoignages enregistrés, racontent leur arrachement à l’archipel et revendiquent leurdroit de retour à leur terre natale.

Les Chagos, archipel autrefois connu comme Bassas de Chagas, ce sont les îles Salomon, Peros Banhos, Egmont et Diego Garcia, le plus large des atolls chagossiens. Le 31 août 1903, lit-on, l’archipel est séparé administrativement des Seychelles et rattaché à Maurice. Puis, « en novembre 1965, le Royaume-Uni acquiert intégralement l’archipel des Chagos de la colonie alors auto-souveraine de l’île Maurice pour 3 millions de livres sterling afin de créer le British Indian Ocean Territory (BIOT) avec l’intention de fermer ultimement les plantations pour fournir le territoire britannique inhabité aux États-Unis qui y effectueront leurs activités militaires dans la région. Le 30 décembre 1966, les États-Unis et le Royaume-Uni réaliseront un accord à travers un échange de notes qui permit aux forces armées des États-Unis d’utiliser n’importe quelle île du BIOT à des fins de défense pour 150 ans (jusqu’en décembre 2016) suivi d’une extension optionnelle de 20 ans (jusqu’en 2036) à laquelle les deux parties doivent agréer jusqu’en décembre 2014. Jusqu’à 2010 seulement, l’atoll de Diego Garcia avait été transformé en une base militaire. » Une reproduction d’un échange de notes daté d’août 1966 entre un émissaire américain – un certain P. R. H. Wright – et le Permanent Under-Secretary britannique Denis Arthur Greenhill sur le BIOT, montre qu’ils s’entendaient sur le fait qu’il fallait être « tough » sur le sujet et que le but de l’exercice était « to get some rocks which will remain ours; there will be no indigenous population except seagulls » !

Ce peuple indigène est à l’origine des esclaves amenés sur les rivages des Chagos pour la culture de la noix de coco et la production d’huile de coco. L’exposition souligne qu’en 1793, un certain M. Lapothaire débarqua à Diego Garcia avec ses esclaves dans le « but de faire une exploitation intensive du coco ». Plus loin, un chapitre d’un ouvrage sur cette activité économique parle de la Nouvelle Société Huilière de Diego et Peros, une entreprise créée en 1893 et « renewed » en 1912 pour une période supplémentaire de 20 ans. L’entreprise, inclut-on dans la publication, est propriétaire des îles Diego Garcia et Peros Banhos. La première est administrée par Walter Commins et la deuxième par Bussy de Saint Romin.

Cette Nouvelle Société Huilière de Diego et Peros est engagéedans la production d’huile de coco et l’exploitation du coprah. L’huile de coco, stockée à Maurice, est exportée vers l’Afrique du Sud outre sa consommation locale. À l’abolition de l’esclavage, ceux qui officient comme ramasseurs de coco sont un contrat d’une durée de trois ans.

Des cartes, outils des ramasseurs de cocos, photographies, instruments de percussion traditionnels ainsi qu’une installation représentative de la culture et du mode de vie des Chagossiens complètent l’exposition. « Chagos », au Blue Penny Museum, fournitune mine d’informations sur cet archipel et son peuple pour qui le sentiment du déracinement, aujourd’hui encore, demeure vif.

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