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“L’entrepreneure malgache doit persévérer” – Carole Rakotondrainibe Munusami

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"L’entrepreneure malgache doit persévérer" - Carole Rakotondrainibe Munusami | business-magazine.mu

Vous êtes présentement la Business and Development Manager à NextA. Comment en êtes-vous arrivée là ?

C’est l’alchimie entre une vision, des valeurs et une volonté d’aider. Fin 2017, j’ai eu la chance d’intégrer la grande famille du groupe Axian. J’ai eu la responsabilité de mettre en place NextA. Hassanein Hiridjee, le CEO du groupe, m’a confié ce challenge de mettre à la disposition des actuels et futurs entrepreneurs une plateforme où le développement économique et humain est au cœur d’une aussi belle initiative qui est NextA. Un challenge, cela ne se refuse pas d’autant plus que mon travail est ma passion. Que demander de plus ?

Vous aviez intégré le monde de l’entrepreneuriat et des nouvelles technologies à une époque où ces domaines étaient plutôt considérés comme réservés aux hommes. Comment vous vous êtes imposée? Quel est votre secret ?

Je me souviens d’un événement que j’ai organisé en 2013, où j’avais réuni cinq femmes ayant toutes des postes à responsabilité, dans des secteurs classés comme étant masculins. Mes invitées d’honneur étaient des entrepreneures et salariées dont les activités touchaient aux nouvelles technologies, dont une directrice de système informatique et une dirigeante de BPO. Nous étions face à une centaine de jeunes filles venant des lycées de la capitale. Nous avons partagé nos expériences, parlé de notre travail. Ce partage avait un objectif qui était de montrer, de susciter en elles une envie de découvrir les nouveaux métiers porteurs où les femmes sont minoritaires. Pour réussir, tout réside dans la persévérance. Il faut redoubler d’efforts et oser s’affirmer. Il faut prouver que dans ce monde d’hommes, les femmes ont leur place et en sont capables. Bien sûr, les critiques fusent parfois de partout. À nous de les transformer en critiques constructives.

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Ce cliché est-il toujours d’actualité ?

Oui, mais ce qui est encourageant, c’est que la balance tend progressivement vers une parité entre hommes et femmes. Pourquoi ? Parce que les entreprises commencent à prendre en considération le critère de parité dans leurs recrutements, la constitution du Board, par exemple, ou tout simplement au niveau des collaborateurs. L’on remarque aussi qu’il y a plus d’initiatives encourageant les jeunes filles, les femmes à intégrer des communautés de développeurs. À Madagascar, l’on retrouve aujourd’hui des femmes qui sont pilotes d’avion. D’autres font du rallye et des sportives s’affirment sur la scène internationale. En tout cas, c’est très prometteur.

Dans quelle mesure, les années que vous avez passées chez Microsoft ont-elles impacté votre carrière ?

Mes dix années chez Microsoft étaient un véritable apprentissage. C’est à travers les activités citoyennes de la firme américaine que j’ai commencé à m’imprégner de l’entrepreneuriat. Je m’en souviens : on avait lancé le premier programme Microsoft BYB (Build your business) à Madagascar. Au total, 48 personnes ont bénéficié d’une formation. Je le dis souvent : tout est tracé ! 

Chefs de projets chez Hay Madagascar, fondatrice de www. restaurants.mg, vice-présidente du Global Entrepreneurship Network et membre du Business and Professional Women ou encore consultante du Goticom. Comment arrivez-vous à gérer autant de responsabilités ?

C’est l’un des pouvoirs de la femme, n’est-ce pas ? (Sourire) Effectivement, j’ai eu plusieurs casquettes, et j’en ai encore plusieurs. Ces responsabilités, ces activités sont des engagements. Elles n’ont pas été activées en même temps. Il est important de savoir gérer et de prioriser. D’ailleurs, certains projets n’ont pas abouti. C’est le cas de restaurants.mg. Je ne suis pas un robot et ne prétends pas être une superwoman.

Vous êtes détentrice d’un Certificat de Perfectionnement Management de l’Environnement International. Est-il impératif d’avoir des diplômes pour réussir dans l’entrepreneuriat ?

J’ai, en effet, décroché mon CESA – HEC Paris en 2016. C’était un vrai défi, je venais de quitter Microsoft pour une nouvelle vie professionnelle : celle de l’entrepreneuriat. Ce n’était pas facile de revenir sur les bancs de l’école. Il a fallu étudier tout en gérant mes nouvelles activités professionnelles. J’avais aussi des obligations en tant qu’épouse et mère de famille. J’ai tout appris sur le tas et donc il était important pour moi de combler ce vide. De mon point de vue, le fait de suivre un Executive Program permettait de mieux me structurer dans la voie entrepreneuriale que je décidais de tracer. D’ailleurs, mon mémoire de fin d’études s’intitulait : Développement de l’entrepreneuriat à Madagascar. 

Entreprendre au féminin. Comment le concevez-vous ?

Pour ma part, je m’arrêterai au premier mot : «Entreprendre». Que ce soit dans le cas d’un homme ou d’une femme, ce qui fera la différence sera la volonté de la personne à mettre en œuvre toutes ses capacités à mener à bien ses activités. Je traduis cela par l’atteinte d’un objectif, qui est la création de richesse. Homme ou femme, chacun a sa manière d’y parvenir. Par contre, vu l’omniprésence de la culture malgache qui considère les femmes comme un «simple objet» (Fanaka malemy), je suis pour la sensibilisation et la formation des femmes à avoir une activité professionnelle à travers l’entrepreneuriat pour une source de revenu additionnelle au bénéfice du foyer, mais pas que. L’entrepreneuriat est l’une des voies permettant l’épanouissement de l’individu car il implique la satisfaction personnelle : création, réalisation, autonomisation. Allons plus loin : on peut même traduire tout cela par le verbe : «Exister».

Quelles sont les compétences qu’il faut acquérir pour exceller dans l’entrepreneuriat ?

On n’a rien sans rien ! Tout réside dans le travail. Il faut avoir la culture du travail et être honnête envers soi-même. De même, il faut accepter et reconnaître ses faiblesses, ses échecs. Nul n’est parfait ! Il faut avoir des ambitions pour ne pas stagner.  

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