Visite présidentielle – Emmanuel Macron encourage l’intégration de La Réunion dans la zone

C’est par une apparition à la Nordev de Saint-Denis que le président de la République a débuté sa visite à La Réunion, fin octobre dernier. Il était accueilli en préouverture du forum économique NxSE et dans le cadre de l’événement Choose La Réunion.

Pour comprendre l’intérêt de ce focus sur la destination Réunion, autant reprendre les mots mêmes du président : «Choose La Réunion, parce que choisir La Réunion, c’est choisir un territoire à la croisée du sous-continent indien et du continent africain. Choisir La Réunion, c’est faire le choix d’une communauté de destins avec des pays avec lesquels nous partageons les mêmes enjeux et la même volonté : celle de se développer ensemble au profit de nos entreprises, de nos emplois et de nos concitoyens». Un signal fort pour le numérique réunionnais, estime Digital Réunion, l’organisateur de l’événement, puisque la vision stratégique présidentielle – «avoir une ambition numérique et climatique» – correspond aux impulsions et aux développements locaux de cette filière.

Emmanuel Macron a tenu un discours qui a conforté la stratégie d’ouverture de la filière vers la zone indopacifique. «Nous devons réussir à faire de La Réunion ce hub numérique dans la région, en lien avec nos partenaires, avec les pays d’Afrique australe, avec le sous-continent indien, et de réussir à mettre toutes nos compétences, nos investissements dans ce lien qui est à la fois, vous le voyez, économique – et là aussi de souveraineté. Ce sujet de connectivité, vous l’avez compris, c’est pour moi le premier pilier de la stratégie économique que nous devons développer dans la région et les investisseurs, les entreprises que vous êtes, l’écosystème de la French Tech», a encouragé le chef de l’État tout en rappelant également l’enjeu de l’accès aux données et à leur sécurisation. Il a ainsi incité à mener des partenariats nouveaux, pour mieux contrôler la concurrence dans le secteur de la communication et du transport, en rappelant une évidence géographique et géostratégique : «L’interlocuteur de choix de la French Tech de La Réunion, ce n’est pas automatiquement telle ou telle French Tech métropolitaine ; c’est en premier lieu la diaspora africaine et celle de la zone océan Indien, juste à côté, et qui recèle un potentiel énorme».

Les acteurs de la zone étaient aussi dans la salle, les institutionnels comme le président de la région Réunion, le Premier ministre de Madagascar, les ministres venus d’Inde, de Maurice, des Seychelles, des Comores, ainsi que des acteurs du monde économique, à l’instar de Nassir Goulamaly, le directeur général du groupe Océinde, qui a rappelé l’importance de la connectivité de l’île avec les autres pays de la zone.

TRAVAILLER DAVANTAGE AVEC LA RÉGION

«Ce dont nous avons besoin à La Réunion, comme partout – et ce n’est pas le seul territoire à être confronté à ces défis –, c’est de créer plus d’emplois, plus d’activités, de produire davantage, d’avoir plus de concurrence pour faire baisser les prix et de l’agroalimentaire à la grande distribution, en passant par le bâtiment, l’import-export. On a besoin de cela, de cette vitalité. Et je veux dire à tous nos compatriotes qui me disent «mon problème, c’est la vie chère» : la réponse, elle est là, dans cette salle. En aidant les chefs d’entreprise de tous les secteurs de La Réunion à travailler davantage avec la région et s’inscrire pleinement dans l’océan Indien», soutient-il.

Le reste de la visite, le président Macron l’a passé aux côtés des Réunionnais. Aux producteurs, il a promis un fonds de 45 millions d’euros dès cette année 2020 pour alimenter la production locale. Il a eu l’occasion de pique-niquer avec les agriculteurs et d’établir un plan de sécurité sanitaire global pour les élevages à appliquer sur quatre ans.

Autre annonce sociale, celle-là, concernant le versement du revenu de solidarité active (RSA), jusqu’ici assuré par le Département de La Réunion, et qui sera dès cette année payé par l’État, ce qui représentera un effort supplémentaire de 140 millions sur trois ans. Par ailleurs, une réforme permettra aux bénéficiaires du RSA de le cumuler, dans une limite de durée et de montant, avec une activité saisonnière à temps partiel.

Le président de la République a dit vouloir mobiliser 253 millions d’euros pour former des demandeurs d’emploi et de jeunes décrocheurs, ce qui permettra à 66 000 demandeurs d’emploi sur quatre ans de suivre une formation rémunérée. Une mesure incitative pour l’emploi : l’exonération de charges patronales jusqu’à deux fois le montant du SMIC dans certains secteurs jugés prioritaires (agroalimentaire, agriculture, tourisme…).

UN TERRITOIRE ÉCONOMIQUE D’EXCEPTION

La délégation présidentielle comprenait, notamment, Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie et des Finances a profité du déplacement pour signer deux conventions «Territoires d’industrie» pour les villes du Port et de Saint-André, qui ont pour but de permettre le développement de l’économie circulaire et des énergies renouvelables de la région, et notamment du volet terrestre du projet d’Ecotechnoport de BoisRouge. Le ministre a ensuite visité une usine spécialisée dans le recyclage des pneus, dans la ville du Port, Solyval.

«La Réunion est un territoire d’exception qui a tous les atouts pour réussir, dans le domaine agricole, les plantations, l’industrie, les énergies renouvelables, les services, le digital. À chaque fois, j’ai vu un foisonnement de projets, mais qui se heurtent à des difficultés structurelles. L’économie réunionnaise est généreuse, dynamique, pleine de promesses. Les conditions pour réaliser toutes ces promesses : voir grand et loin, une stratégie de long terme dans laquelle doivent s’inscrire tous les projets», a déclaré Bruno Le Maire, appuyant la stratégie d’Emmanuel Macron en faveur d’une Réunion plus ancrée dans sa zone.

Quatrième édition du NxSE 

Cette année, 600 personnes ont assisté au discours du président de la République lors de la préouverture du forum NxSE, organisé par Digital Réunion. En tout, ce sont 1 800 visiteurs qui ont participé au forum : 65 exposants, 10 délégations French Tech (Tunisie, Kenya, Bangalore, Singapour, Maurice, Madagascar, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, La Réunion et le Sénégal) étaient réunies pendant ces deux jours et dressent un bilan très positif, comme l’explique le président de la French Tech Réunion, Manuel Warlop. «Nous avons tous eu cette envie de mieux nous connaître, de nous inspirer les uns des autres et de partager les forces de nos écosystèmes», souligne-t-il.

Quatre axes de travail ont été définis : l’accès aux marchés, (partager les connaissances des marchés de chacun), aux compétences (faciliter la circulation des talents), aux financements (mutualiser sur les financements en fédérant des réseaux de business angels sur chacun des territoires et imaginer des co-investissements pour avoir une enveloppe plus grosse, d’une part, et pour pouvoir soutenir des projet plus importants tout en diminuant le risque, d’autre part) et la mise en réseau des communautés French Tech de la zone indopacifique (annuaire des French Techs Afrique, Asie et Océan Indien). Après quatre années à se construire et se consolider, le Forum NxSE est envisagé en Afrique pour sa prochaine édition en 2020. L’objectif étant d’aller conquérir de nouveaux marchés pour les entreprises réunionnaises qui pourront alors développer des emplois sur le territoire.