Business Magazine

Arnaud Marrier D’unienville (ceo, alteo agri) : «Alteo souhaite contribuer à l’autosuffisance alimentaire du pays»

Les objectifs d’alteo sont clairs : contribuer à l’autosuffisance alimentaire du pays avec des produits frais et d’excellente qualité. le groupe opérant dans les secteurs de l’agrobusiness, l’énergie et l’immobilier dans l’est adopte désormais une vision nouvelle pour ses activités. ainsi, ses cultures de tomates, son élevage de cerfs et même son projet de développement foncier à beau champ opèrent selon des principes d’agriculture raisonnée. arnaud marrier d’unienville, ceo d’alteo agri ltd, souligne que la demande pour des produits issus de l’agriculture raisonnée est en hausse.

L’agriculture raisonnée est désormais au coeur des nouvelles activités d’Alteo. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette nouvelle stratégie ?

En 2022, Alteo a révélé sa nouvelle vision, qui est centrée sur la valorisation de son patrimoine foncier dans l’est de l’île. En effet, le groupe souhaite contribuer à l’autosuffisance alimentaire du pays en produisant des aliments frais et d’excellente qualité. Ainsi, la culture de tomates, l’élevage de cerfs et le projet de développement foncier à Beau Champ opèrent selon des principes d’agriculture raisonnée. Celle-ci se définit comme une agriculture respectueuse de l’environnement, socialement acceptable et économiquement rentable, car elle limite l’utilisation de substances chimiques telles que les pesticides et les engrais. Par conséquent, l’impact sur la planète est considérablement réduit. Cela s’intègre parfaitement avec les objectifs d’Alteo qui ont toujours été, en grande partie, de créer une agriculture durable, éthique et écologique.

Vous évoquez l’autosuffisance alimentaire. Comment votre segment agrobusiness contribuera-t-il à atteindre l’objectif que s’est fixé le pays ?

Alteo est un des principaux producteurs de sucre à l’île Maurice depuis des décennies. Le groupe s’est lancé dans la culture de tomates et l’élevage de cerfs afin de contribuer à l’autosuffisance alimentaire du pays. En ce qui concerne les tomates, Island Basket utilise uniquement des produits naturels pour protéger les tomates des maladies fongiques et des insectes ravageurs. Actuellement, Alteo compte trois serres à Union Flacq sur une superficie de 7 000 mètres carrés, où la récolte se fait deux fois par semaine.

La Louise Deer Farm compte actuellement quelque 1 700 cerfs et une trentaine de boeufs vivent en semi-liberté sur les 250 hectares de la ferme, dont 176 hectares de pâturage. L’un des avantages majeurs de cet élevage est qu’il accentue la disponibilité de la viande de cerf tout au long de l’année, notamment pendant la période de l’entre-chasse. Plusieurs produits dérivés de qualité sont aussi proposés au Meat Shop d’Alteo, à Union Flacq. Ici, l’objectif consiste à atteindre 3 000 têtes d’ici à 2023.

Au-delà des deux projets phares mentionnés plus haut, nous produisons 300 tonnes de pommes de terre, approximativement 15 000 coeurs de palmiste annuellement et nous produisons également d’autres fruits, tels que les letchis, les mangues et le pitaya, entre autres, dans nos vergers. Pour finir, nous avons également planté cinq hectares d’avocats.

Pour l’instant, Island Basket Tomato Farm cultive une vingtaine de variétés de tomates. Comptez-vous vous diversifier et proposer à l’avenir d’autres légumes ?

Island Basket se concentre sur la culture de tomates qui sont commercialisées sous la marque Veg Me Premium à travers les différents supermarchés de l’île et disponibles dans certains hôtels. Nous effectuons des recherches pour découvrir les meilleures variétés de tomates qui existent à travers le monde pour ensuite les développer dans les serres. Par contre, cinq hectares d’Anahita Beau Champ seront consacrés à des activités agricoles comme des vergers, ou encore des plantations de fleurs et de légumes. L’espace agriculture d’Anahita Beau Champ est en cours de développement et nous y prévoyons de produire des fruits d’antan que l’on ne retrouve plus forcément, tels que les corossols ou les attes, aussi connus comme zattes à Maurice.

Actuellement, la récolte au niveau d’Island Basket Tomato Farm se situe à 200 tonnes annuellement. Peut-on avoir une indication quant à vos objectifs de production pour les années à venir ?

Comme mentionné plus haut, Alteo compte actuellement trois serres à Union Flacq sur une surface de 7 000 mètres carrés, où la récolte se fait deux fois par semaine. L’objectif du groupe pour les prochaines années est de tripler cette production.

Comment se passent les activités à votre ferme d’élevage ? Votre objectif est de passer à 3 000 têtes cette année. Cela inclura combien de cerfs et boeufs ?

Quand nous parlons de 3 000 têtes, nous faisons référence au nombre de cerfs que nous élevons. Les boeufs ne sont pas destinés à la production ou la vente, mais contribuent à faciliter le développement des pâturages.

Selon certains observateurs, il y a une stagnation dans la production de fruits et légumes à Maurice, ces dernières années. Partagez-vous leur avis ?

La pandémie de Covid-19 a certes eu un impact et a déstabilisé la production ces deux dernières années. Chez Alteo, comme mentionné plus haut, nous souhaitons contribuer à l’autosuffisance alimentaire et nous encourageons ainsi la production locale de fruits et d’autres légumes.

Quelle doit être la stratégie pour encourager l’agriculture locale à monter en gamme dans la chaîne de valeur et pour concurrencer les importations ?

Il est aujourd’hui possible de produire des produits sains selon les principes d’une agriculture raisonnée dans les conditions que nous avons mises sur pied. Par exemple, les tomates produites chez Island Basket sont de qualité supérieure, car nous n’utilisons pas de pesticides chimiques de synthèse.

Faisons-nous face à un manque de main-d’oeuvre dans les champs ? Est-ce que les jeunes sont de moins en moins intéressés par l’agriculture ?

L’industrie sucrière ne se cantonne pas aux champs. Pour cause, l’industrie propose également une myriade de rôles à travers différents départements qui permettent aux jeunes de réussir dans différentes professions. Chez Alteo, nous avons adopté une approche innovante en investissant massivement dans la mécanisation et dans l’amélioration de l’efficacité de nos cultures sucrières, de récolte, de broyage et de raffinerie. Nous misons sur la mécanisation afin d’augmenter notre production de sucres bruts et raffinés tout en améliorant nos processus et en développant de nouveaux produits innovants.

Effectivement, il n’y a pas énormément de jeunes qui s’intéressent au secteur agricole. Toutefois, chez Alteo, nous avons lancé des campagnes de recrutement afin d’attirer les jeunes dans le secteur en leur proposant des offres d’emploi attrayantes qui se concrétiseront par des parcours professionnels gratifiants. Nous croyons qu’un meilleur encadrement permettra de revaloriser ainsi le métier d’agriculteur.

Est-ce que la demande pour les produits issus de l’agriculture raisonnée est en hausse ?

La demande pour ces produits est en hausse, car les gens sont de plus en plus soucieux de la qualité des produits qu’ils consomment. Plus conscients des impacts des pesticides sur leur santé, les consommateurs recherchent désormais des produits plus sains. Malheureusement, ce qui manque à Maurice, c’est un label classifiant les produits selon leurs procédés de production. Les consommateurs ont ainsi du mal à différencier entre les produits sur les étagères selon leurs techniques de production. Lorsque cette étape sera franchie, les consommateurs exigeants et qui sont à la recherche de produits de qualité achèteront davantage les produits mauriciens qui peuvent être produits localement.

 

Exit mobile version