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Interview Rencontre

Bruno Dubarry (CEO de l’Association of Mauritian Manufacturers) – «Le destin de la production locale intimement lié au Budget»

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Bruno Dubarry  (CEO de l’Association of Mauritian Manufacturers) - «Le destin de la production locale intimement lié au Budget» | business-magazine.mu

Le Budget sera bientôt présenté. En quoi cet exercice estil crucial pour l’Association of Mauritian Manufacturers ?

Ce Budget est avant tout crucial pour Maurice. Le destin de la production locale lui est intimement lié. Parallèlement, il y a des problématiques liées à la sécurité alimentaire, la performance de l’économie locale, l’avenir de la région. C’est le temps des grandes mesures pour revisiter sans complaisance l’équilibre entre la vulnérabilité aux chocs extérieurs et le niveau de résilience nationale. Nos Rs 200 milliards d’import en 2019 ne peuvent plus faire partie de la «normalité» à retrouver dans les prochaines années; ce serait s’enfermer dans un cercle vicieux pour Maurice et la région.

Quelles sont vos attentes ?

La nouvelle séquence qui s’ouvre requiert de sécuriser l’existant pour ajouter un nouvel étage de production locale. Pour cela, il y a urgence à ne pas maintenir une position dogmatique qui a montré toute sa dangerosité : l’absence de sécurité sur la production locale face à l’importation de produits, qui par ailleurs n’offre aucune garantie sur la disponibilité ou la stabilité des prix. La sagesse serait de considérer notre industrie locale dans toute sa vulnérabilité, car ce qui fait son potentiel de croissance demain dans la région n’est pas assuré tant qu’il n’y aura pas de contribution prélevée sur les produits importés.

En l’état actuel, une marque étrangère peut tuer une marque locale à coups de prix cassés ou de volume. Et si la marque locale, aussi forte soit-elle, venait à chercher une alternative à cette situation subie, la logique économique la conduirait à fermer ses activités à Maurice pour s’installer dans un pays voisin afin d’exporter vers Maurice; nous avons déjà vu cela à plusieurs reprises. Il y a deux raisons fondamentales à l’utilisation des duties dans toutes les économies du monde; c’est de préserver ce qui est essentiel au pays : sa capacité à fabriquer des produits de première nécessité et à plus forte valeur ajoutée, desquels de nouveaux investissements et nouvelles applications sont rendus possibles, ses moyens d’exporter, ses emplois directs et indirects, sa préservation des devises étrangères, sa contribution à l’effet multiplicateur en faisant circuler au maximum l’argent dans l’économie locale.

La seconde bonne raison à leur utilisation est de développer ces mêmes capacités quand elles sont inexistantes, particulièrement en période de crise économique mondiale. Maurice se qualifie dans les deux cas d’utilisation des duties. Il lui faut préserver son appareil productif existant et le 

Quelles sont les mesures qui doivent figurer dans ce Budget pour permettre à la production locale de jouer son rôle pleinement ? 

Nous plaidons pour une taxation des produits importés là où vulnérable aux augmentations de volume d’importation et au predatory pricing. Il y a besoin d’un fonds d’amorçage pour développer les filières agroalimentaires «from field to fork». De même, il faut une culture de la qualité qui se traduit par un niveau d’exigence sur les importations, aussi important qu’il puisse l’être sur la production locale. Nous préconisons aussi la désignation de l’industrie locale pour répondre aux besoins essentiels dans l’achat public. Un soutien aux PME engagées dans les énergies renouvelables et le recyclage, essentiel pour la compétitivité de notre industrie locale, est également nécessaire. De plus, il faut adopter des mesures pour alléger les difficultés de court terme pour les producteurs locaux, notamment, sur le coût des matières premières importées, l’assurance-crédit. Enfin, il faut exonérer les PME du remboursement du Wage Assistance Scheme ou du levy car leur difficulté est plus la solvabilité que le cash-flow.

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