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Interview Rencontre

Jean-Michel Rouillard (Chief Operating Officer) – «Winner’s a démocratisé le shopping en milieu rural»

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Jean-Michel Rouillard (Chief Operating Officer) - «Winner’s a démocratisé le shopping en milieu rural» | business-magazine.mu

La grande distribution est un secteur qui bouge vite. Comment évolue-t-elle localement ?

C’est un secteur de plus en plus compétitif, mais il s’améliore justement grâce à la concurrence. Il est grand temps d’avoir une meilleure réglementation dans le secteur pour prévenir la trop grande banalisation des centres commerciaux, surtout dans certaines régions de l’île. Attention aussi aux centres fantômes qui pourraient se profiler à l’horizon si le marché ne suit pas. S’agissant de la consommation, elle se porte bien, mais elle dépend d’autres activités économiques comme la construction et le tourisme, ainsi que de la politique fiscale gouvernementale. Il est difficile de prédire l’avenir, mais rien ne laisse penser que les choses vont empirer de façon pérenne.

Nous notons une augmentation de travailleurs étrangers dans les supermarchés. La main-d’œuvre mauricienne boude-t-elle ce secteur ?

La grande distribution dépend beaucoup de la maind’œuvre et, en effet, celle-ci se fait de plus en plus rare. Plusieurs enseignes ont eu recours à de la main-d’œuvre étrangère pour pouvoir assurer le service aux clients. Winner’s est confrontée au même problème. Nous étudions sérieusement la question. 

Winner’s a réalisé de gros investissements ces deux dernières années. Quel a été l’impact sur votre profitabilité ?

Winner’s a effectivement réalisé des investissements massifs sur ces deux dernières années. Ce qui a eu un impact sur notre profitabilité immédiate. Cependant, nous commençons déjà à récolter les fruits de ces investissements, qui seront encore plus profitables à l’avenir. Parmi ces investissements, Winner’s a racheté avec ses propres fonds la Compagnie des Magasins Populaires Ltée (CMPL) qui opérait les trois magasins Monoprix en 2017, ainsi que Shoprite à Garden Tower, à Port-Louis en 2018. En outre, nous avons ouvert le nouveau supermarché de QuatreBornes à Candos en février 2017, celui de Rose-Belle au Plaisance Family Shopping Village en avril 2018. Puis, nous avons réaménagé complètement l’hypermarché de La City, à Trianon.

Jean-Michel

Avec 26 magasins, dont un virtuel, comment Winner’s se positionne-t-elle sur le marché ?

La proximité est-elle toujours un élément de votre stratégie ? Notre stratégie de proximité n’a pas du tout changé, et est encore plus d’actualité aujourd’hui. Notre proximité se veut non seulement physique, de par l’emplacement de nos magasins dans les quatre coins de l’île, y compris dans de nombreux villages, mais également au travers d’une bonne compréhension des attentes évolutives de nos clients. Nous nous efforçons de maintenir une connexion avec les communautés qui se trouvent dans nos zones de chalandise, que ce soit avec les clients ou le personnel des magasins, ainsi qu’avec nos nombreux fournisseurs de produits et de services.

Cette proximité, qui contribue à l’identité même de Winner’s, trouve sa source dans la stratégie initiale de la chaîne. Celle-ci consistait à développer les régions rurales de l’île, avec les ouvertures dans les années 90 de Chemin Grenier, Bel Air Rivière Sèche, Triolet, entre autres. Cette stratégie est venue démocratiser le shopping dans ces régions, qui n’étaient auparavant pas couvertes par des enseignes de grande distribution.

Mais nous ne pouvions par la suite nous cantonner aux régions rurales. C’est la raison pour laquelle Winner’s s’est aventurée dans les années 2000 dans les régions urbaines en commençant par Forest Side. L’évolution du marché et l’opportunisme ont fait que nous avons ouvert, en novembre 2018, notre tout premier hypermarché, mais notre ambition de demeurer très proche de nos clients et des parties prenantes reste fondamentale.

Chaque nouvelle ouverture fait l’objet d’une étude approfondie pour déterminer l’attrait du projet. Nous examinons la zone de chalandise pour évaluer la densité de la population, le pouvoir d’achat, le profil des habitants, l’intensité de la concurrence, les projets nationaux et infrastructurels qui concernent la région, la valeur des terrains et de l’immobilier, l’accessibilité, entre autres. Tout cela débouche sur un business plan bien ficelé, comprenant différents scénarios. Par ailleurs, Winner’s emploie à ce jour 2 224 personnes. Ce chiffre comprend non seulement les employés types de supermarchés (hôtesses de caisse, employés de rayons, etc.), mais également les boulangers, pâtissiers, cuisiniers, agents de sécurité, entre autres.

Peut-on s’attendre à l’ouverture d’autres enseignes dans un proche avenir ?

La question reste ouverte. Nous savons bien que le marché de la grande distribution est de plus en plus saturé. Nous sommes cependant observateurs de ce qui se passe dans le pays et nous saurons saisir les opportunités qui se présenteront à nous. Nous opérons dans un environnement extrêmement compétitif. Nos décisions prennent en compte les agissements de nos concurrents.

Les ouvertures de Winner’s ne plaisent pas aux autres opérateurs de ce secteur. Certains avancent qu’il y a une concurrence déloyale car le groupe auquel vous appartenez importe, distribue et vend. Que répondez-vous à cela ?

J’aurais été surpris que nos ouvertures soient accueillies favorablement par nos concurrents. Cela me semble tout à fait normal, car nous opérons tous sur le même marché, et l’arrivée de nouveaux magasins rend la vie un peu plus difficile pour les autres. Cependant, ne dit-on pas que la concurrence est saine, car elle nous pousse à nous améliorer au profit des consommateurs ? Je tiens à souligner qu’il n’y a pas que Winner’s qui ouvre de nouveaux magasins. Un tour d’horizon du marché vous dévoilera plusieurs ouvertures annoncées par nos concurrents.

Il est trop facile de crier au loup à la moindre difficulté et de pointer du doigt autrui. Les pratiques commerciales de Winner’s sont très saines et respectueuses des lois du pays. La Competition Commission de Maurice (CCM) est là pour veiller au bon fonctionnement de la compétition. Et jusqu’à preuve du contraire, Winner’s n’a jamais été inquiétée par la CCM. Nous travaillons avec à peu près 350 fournisseurs locaux, et nous ne faisons aucune préférence. Ce qui nous guide dans nos choix de produits et services, c’est uniquement le consommateur.

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Et pourtant, certains accusent l’enseigne d’agir en monopole ?

Une situation de monopole est envisageable si le seuil de 30 % de parts de marché est établi par la CCM. Or, tel n’est pas le cas en ce qui concerne Winner’s. Il y a de nombreuses entreprises dans d’autres secteurs d’activités à Maurice qui occupent des positions de monopole. Mais ces entreprises, autant que je sache, s’évertuent à ne pas adopter des pratiques anticoncurrentielles. Et la CCM y veille, ce qui est tant mieux pour tout le monde.

Et à combien s’élèvent vos parts de marché ?

Il n’y a pas de méthodologie ou de chiffre précis pour déterminer les parts de marché des uns et des autres. Cela dépend de la façon dont nous interprétons le marché. Devons-nous inclure les boutiques, les supérettes, les hypermarchés dans le même panier que les supermarchés? Certains offrent des services et produits que d’autres n’ont pas... La question est sujette à débats. Mais néanmoins, nous estimons nos parts de marché entre 27 % et 28 %.

Winner’s est l’une des premières enseignes à s’être lancées dans l’e-commerce. Les Mauriciens ont-ils adhéré à cette nouvelle façon de faire leurs courses ?

Nous avons introduit l’achat en ligne en août de l’année dernière, mais ce n’est qu’en février de cette année que nous avons sérieusement démarré l’activité. Nous avons appris à nos dépens que notre supermarché en ligne n’est pas aussi simple à gérer que cela. Nous avons commis pas mal d’erreurs et avons quelque peu sousestimé la technicité derrière l’Online Shopping. Il y a toujours des améliorations à apporter. Cela dit, nous sommes heureux et fiers de ce que nous avons accompli à ce jour: d’offrir à notre clientèle principalement mauricienne un outil et un service de niveau international. Nous sommes en très forte croissance, et restons totalement dévoués à l’e-commerce. Nous faisons évoluer notre offre au fur et à mesure que nous progressons, à l’instar du service de livraison à domicile que nous avons enclenché en avril dernier à partir des magasins de Coromandel et de QuatreBornes, et qui s’étendront sous peu aux magasins de RoseBelle, Cascavelle et Goodlands.

L’e-commerce peut-il booster l’économie mauricienne ?

Il faudra du temps pour cela, ainsi qu’une vraie stratégie nationale ambitieuse impliquant les autorités gouvernementales et le secteur privé. Le Mauricien est définitivement friand d’achats en ligne. Mais, pour l’heure, cette tendance porte davantage sur le marché international que local. Cela étant, les choses évoluent et changent. Nous voyons depuis un certain temps plusieurs acteurs mauriciens qui vendent sur la Toile des produits et services mauriciens aux Mauriciens. Je pense que le changement est à notre portée, mais il faut quand même un peu de patience.

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