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Interview Rencontre

Les entreprises auront à s’adapter aux réseaux sociaux, pas l’inverse

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\Aisha Allee-Mosaheb (Directrice de l’agence de communication Blast)

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Alors que le Salon de la Communication vient de fermer ses portes, Aisha Allee-Mosaheb revient sur l’état du secteur à Maurice et les exercices de rebranding de certains groupes. Avec un constat : les entreprises doivent s’adapter aux nouveaux médias comme les réseaux sociaux.

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BUSINESSMAG. Comment se porte le marché de la communication à Maurice ?

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Plutôt bien, je dirais. Aujourd’hui, les compagnies publiques comme privées, ou les ONG, ont bien compris que la communication est incontournable. Quand on a commencé en 2004, il fallait vraiment frapper aux portes des CEO et les convaincre qu’il y avait d’autres compétences dans ce domaine.

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Aujourd’hui, on voit un intérêt certain de la part des CEO mauriciens qui savent qu’ils ne peuvent plus rester dans leur tour d’ivoire et doivent communiquer leur vision et leur stratégie à tout leur Toute communication doit s’inscrire dans une stratégie plus large.

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BUSINESSMAG. Pour une entreprise, quelle est la finalité de développer une communication externe ?

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Développer une communication externe, c’est d’abord se faire connaître. Mais cela étant, la communication doit pouvoir s’associer à des valeurs fortes, à diffuser une image claire, à exprimer un positionnement spécifique sur un marché et à faire valoir les atouts de la société.

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Il faut bien comprendre les objectifs précis d’une campagne de communication. De plus, il existe aujourd’hui beaucoup d’outils de communication externe comme la publicité, la promotion, le mailing direct, les relations publiques, les réseaux sociaux, les plates-formes de conversation ou le networking. Et il y a de plus en plus des synergies entre ces différentes composantes.

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BUSINESSMAG. Quel est le rôle de la communication interne ?

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La communication interne est capitale car les premiers ambassadeurs d’une compagnie sont bel et bien les employés. Elle sert d’outil de management pour motiver les équipes et aide à rapprocher le management et les équipes pour une meilleure écoute. Elle peut également faire circuler l’information, facilite le feedback surtout de bas en haut, et permet de vérifier l’impact de certaines décisions. Elle peut aussi accompagner les collaborateurs vers le changement.

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Le rôle de la communication interne est de fédérer les équipes autour d’un savoir-faire et les valeurs de l’entreprise. En somme, c’est la culture qu’on veut prôner. Très souvent, la communication interne est le levier de la communication externe. Il existe toute une panoplie de supports pour communiquer en interne : journal d’entreprise que ce soit en format papier ou version électronique, tableaux d’affichage, réunions à divers niveaux, livret d’accueil (induction pack) pour les nouvelles recrues, team building, conventions et séminaires. Certaines sociétés se sont, par ailleurs, dotées de l’Intranet. Et les réseaux sociaux tels Facebook ont aussi fait leur apparition dans le monde de la communication interne.

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BUSINESSMAG. Comment le mode de communication des entreprises mauriciennes a évolué ces dernières années ?

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La communication des entreprises mauriciennes a commencé avec l’industrie sucrière à travers le magazine Public Relations Officers of the Sugar Industry (PROSI). Il faut rendre hommage à Freddy Appasamy et Jacques Dinan qui ont été les pionniers de la communication à Maurice.

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Puis, les hôtels ont suivi l’exemple avec la mise en place des comités d’entreprise. Aujourd’hui, la communication intéresse tout le monde. À titre d’exemple, la communication financière est primordiale vu l’importance de communiquer d’une façon transparente avec les actionnaires. Les compagnies veulent aussi faire connaître leurs implications dans le social. Tout ce changement a évolué, du magazine interne en passant par les relations presses, brochures, Intranet, site web et maintenant les réseaux sociaux.

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En effet, les nouvelles technologies ont changé la donne et aujourd’hui, on a tendance à croire que les technologies seules peuvent nous aider à mieux communiquer. C’est faux ! La technologie n’est pas une fin en soi. Il faut toujours bien comprendre les cibles, leurs habitudes et s’adapter en conséquence. Je suis partisane de la communication face-à-face car elle permet une conversation plus riche. Cependant, dans des cas où on a de grosses entreprises avec des antennes réparties sur une zone géographique importante, il faut s’adapter.

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BUSINESSMAG. Quand on parle de communication, on pense souvent aux grands groupes. Peut-on développer une communication spécifique aux PME ?

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Il n’existe pas de communication spécifique aux PME. Les be-soins dépendent du secteur d’activités, des cibles, de la stratégie de l’entreprise. On peut être très créatif et ne pas vraiment avoir recours à beaucoup de ressources financières pour communiquer.

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Le gouvernement met beaucoup d’accent sur le rôle des PME dans l’économie mauricienne. Ces entreprises doivent voir dans la communication un outil stratégique. Moins on a de moyens, plus il est important de développer une communication performante.

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« La technologie n’est pas une fin en soi. Il faut toujours bien comprendre les cibles, leurs habitudes et s’adapter en conséquence. Je suis partisane de la communication face-à-face car elle permet une conversation plus riche »

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BUSINESSMAG. Plusieurs grands groupes mauriciens ont récemment procédé à des exercices de rebranding. En quoi cela consiste-t-il ?

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Le rebranding est un coup de fraîcheur qu’on donne à une marque, un logo, une identité visuelle ou encore, le nom d’une compagnie. C’est un genre de lifting que la compagnie se donne. Mais au-delà de l’aspect esthétique et créatif, le rebranding doit se faire en consultation avec les employés et les différents publics de la société.

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Plus complexe que le branding qui consiste à construire en ne partant de rien, le rebranding doit rafraîchir la marque sans pour autant perdre son capital sympathie. S’il y a un rebranding que j’attends cette année, c’est bien celui d’IBL.

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BUSINESSMAG. Quel est l’intérêt du rebranding ?

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Une compagnie doit évoluer avec son temps. Un exercice de rebranding la fait réfléchir à ses nouveaux challenges et évaluer si son image est en adéquation avec son temps. Regardez les groupes sucriers à Maurice : ils ont tous réalisé que leurs anciens noms ne tenaient plus la route. Quand on est coté à la Bourse de Maurice et qu’on a comme actionnaires des fonds internationaux, quand on a fait ses preuves au-delà des frontières mauriciennes, estce qu’il est intéressant de donner la perception d’appartenir à une famille ?

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Dans les nouveaux noms, on peut remarquer que certains seront acceptés à l’international. Ce qui donne une idée des ambitions des groupes concernés. Un rebranding est réussi si les gens s’approprient le nom ou l’identité. Il y a des cas notoires où les compagnies ont dû faire marche arrière. Prenez l’exemple de Gap en 2010 qui a dû retourner à son ancien logo car ses fans en ligne faisaient de la résistance contre le nouveau. En tous cas, à Maurice, BDO, Terra et Alteo ont réussi leur pari.

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BUSINESSMAG. La communication à travers le « social media » arrive à Maurice. Quel est son avenir ?

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C’est vrai que les réseaux sociaux ont complètement changé notre façon de travailler et aussi de communiquer. On note que les Mauriciens sont très fans de Facebook, un peu moins de Twitter ou des autres réseaux comme FlickR ou Pinterest.

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Quant aux professionnels, ils ont tous un compte LinkedIn. Avec ces réseaux disponibles sur les smartphones, il est évident que les compagnies ne peuvent plus ignorer ces médias qui ont un bel avenir devant eux. Les entreprises auront à s’adapter aux réseaux sociaux, pas l’inverse.

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BUSINESSMAG. Et Blast dans tout ça ?

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Blast va très bien ! Nous avons fêté nos 8 ans d’opération cette année et nous sommes très fiers du travail accompli par toute l’équipe. Bien que basée à Maurice, nous opérons sur la région et notre affiliation avec trois réseaux globaux d’agences de relations publiques nous permet d’offrir à nos clients un service aux quatre coins du monde.

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Je suis très reconnaissante envers ceux qui nous ont fait confiance, surtout au tout début. Les premières années étaient difficiles. On a travaillé très dur, participé à des pitch des plus difficiles, gagné une bonne partie et perdu certains. On a eu des récompenses au niveau africain sur les campagnes faites. Cela dit, on n’a pas le droit à la complaisance.

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Mon associée, Lekha, et moi sommes toujours très attachées à notre indépendance et bien qu’on ait voulu faire croire qu’on appartenait à certains groupes, je voudrais insister sur le fait que Blast a été, est et restera indépendante.

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