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Interview Rencontre

«Maurice se positionne comme une plateforme de choix pour la levée de capitaux»

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Shamin Sookia (Managing Director, Perigeum Capital)

Shamin Sookia (Managing Director, Perigeum Capital)

Le marché obligataire est un des plus importants marchés au monde, fournissant aux investisseurs boursiers des informations engageantes. Shamin A. Sookia, Managing Director de Perigeum Capital et ancien Head of listing de la stock exchange of Mauritius Ltd, revient sur ce type de financement après avoir facilité l’émission avec succès d’une obligation de Rs 5 milliards pour la société forty two point two.

Comment fonctionne le marché des obligations ?

D’emblée, une entreprise peut avoir besoin de financement pour plusieurs raisons, en prévision de projets de développement ou en fonction de circonstances liées à ses opérations régulières aussi bien que ponctuelles. Notamment parce qu’elle n’a pas assez de fonds propres, du moins autant qu’elle le souhaite. Dans ce cas, elle peut recourir à deux types de financement. Soit elle se réfère à des fonds propres, dans lequel cas ce sont les actionnaires qui investissent, soit elle choisit de s’endetter. Lorsqu’on parle de fonds propres, ils sont généralement plus chers car ils comportent plus de risques, alors que la dette, elle, est relativement moins chère. Toutefois, quelle que soit la méthode choisie, le but de l’entreprise est de faire baisser son Weighted Average Cost of Capital (WACC) afin de générer davantage de bénéfice, tout en utilisant à la fois ses fonds propres, et en empruntant des autres.

Pour en revenir à la dette, il existe plusieurs types de dettes. Une entreprise peut emprunter auprès d’une banque, avec des coûts d’intérêt qui varient en fonction du risque et de la durée de la dette. Ou l’entreprise peut utiliser des obligations (des bonds), dont les coûts sont moins élevés. Une banque évalue généralement les risques et toutes les prédispositions en matière de remboursement avant d’approuver un prêt. Elle demande même une garantie qu’elle peut évaluer si l’entreprise ne rembourse pas sa dette. Cependant, il arrive qu’une banque ne soit pas disposée à prêter la somme importante souhaitée par l’entreprise. Celleci peut alors se tourner vers d’autres institutions, comme les compagnies d’assurances et les fonds de pension, qui ont un horizon un peu plus large par rapport à leurs objectifs et leur prêtent donc de l’argent relativement à moins cher en termes de coûts.

Comment évolue ce marché à Maurice ?

Après la crise financière de 2008, on a constaté au niveau de la Bourse de Maurice, où j’ai passé 11 ans de ma carrière, que de nombreuses entreprises endettées souhaitaient rééchelonner leurs dettes afin de restructurer leur balance sheet, et elles se sont tournées vers les obligations pour y parvenir. La situation étant fragile à l’époque, et les liquidités faisant défaut, les banques se montraient particulièrement prudentes dans l’octroi de prêts. Les sociétés, à l’instar d’Omnicane, se sont tournées vers des investisseurs non bancaires, tels que des fonds de pension et des compagnies d’assurances, entre autres. Elles ont alors émis des obligations auxquelles des investisseurs institutionnels ont souscrit à des taux d’intérêt relativement attrayants. Nous avons alors vu que le marché mauricien, qui était relativement beaucoup plus jeune que d’autres marchés comme celui de Londres, qui a plus de deux siècles d’existence par rapport à celui de Maurice, a pu se développer continuellement. Les entreprises mauriciennes, qu’elles soient cotées ou non à la Bourse, ont fait appel à des investisseurs autres que les banques pour les aider à restructurer leurs dettes. Aujourd’hui, au fil du temps, nous avons constaté que cette situation a perduré et nous avons eu beaucoup d’obligations émises à Maurice, que ce soit en roupies ou en devises étrangères.

Qu’est-ce qui pousse une entreprise à coter ou non ses émissions obligataires sur la Bourse de Maurice ?

Une entreprise peut décider si elle veut ou non coter ses créances, bien qu’il n’y ait aucune obligation à le faire. Cependant, il arrive que les souscripteurs d’obligations demandent à la société dans laquelle ils investissent de coter ses obligations afin d’avoir une transparence sur les instruments financiers qui ont été sollicités par la société. Ainsi, la société émettrice ; telle que, dans ce cas-ci ; Forty Two Point Two, doit faire une demande à la Bourse de Maurice pour pouvoir coter ses obligations. La Listing Executive Committee est alors sollicitée pour donner son approbation pour ses titres et instruments, après avoir examiné tous les documents relatifs à cette cotation d’obligations, et ce conformément aux règlements de la Bourse de Maurice qui sont normalement régis par la Bourse de Maurice par rapport au Marché Officiel dans ce cas précis. Par exemple, le Listing Executive Committee prend en compte le document d’offre, que l’on appelle aussi le Listing Particulars dans le cas d’une entreprise qui va coter ses instruments financiers. Le Listing Particulars est d’ailleurs un document public qu’on peut consulter sur le site de la compagnie et également sur le site de la Bourse de Maurice.

«Le succès de cette émission obligataire renforce la position de Maurice en tant que centre financier international de substance»

 Quels sont les risques associés aux émissions d’obligations ?

Le risque normalement associé aux obligations est le risque de défaut. C’est-à-dire que l’emprunteur se retrouve dans une situation où il ne peut honorer son engagement, d’abord en ce qui concerne le paiement des intérêts qui sont soit semestriels soit trimestriels et ensuite en ce qui concerne le remboursement du principal à la fin du terme de l’obligation. Ainsi, les émetteurs d’obligations font appel dans ce cas à une agence de notation qui évalue la capacité de la société emprunteuse à honorer son engagement et ses intérêts envers ses créanciers. Dans le cas de Forty Two Point Two, la société a reçu la bonne note AAA attribuée par GCR Ratings, ce qui signifie que lorsque les investisseurs placent leur argent, ils sont rassurés sur la capacité de la société à rembourser ou à payer les intérêts à long terme. Ils peuvent donc souscrire aux obligations émises par la société, cela avec un minimum d’appréhension.

Avec un tel montant levé pour la première fois, vous dites que Maurice entre dans un nouveau registre, en tant que centre financier. Expliquez-nous.

Le succès de cette émission obligataire, qui a atteint ce montant pour la première fois, renforce la position de Maurice en tant que centre financier international de substance et de renommée. Avec de telles transactions historiques, le pays se positionne sans aucun doute comme une plateforme de choix pour la levée de capitaux, dans le but de renforcer la confiance des investisseurs et de s’offrir comme une proposition viable aux entités internationales désireuses de s’appuyer sur les capacités de notre secteur local du marché des capitaux. Mais encore, l’île Maurice a aussi la capacité d’agir comme une sorte de tremplin, d’attirer les investisseurs à utiliser la juridiction, à y structurer leurs sociétés, à pouvoir coter une partie des titres que leurs sociétés émettent sur la Bourse de Maurice, tout cela en tenant compte du climat favorable des affaires qu’offre l’île Maurice depuis plusieurs décennies déjà. De plus, grâce aux accords bilatéraux que nous avons établis avec plusieurs pays, nous avons aussi les moyens de faciliter un peu plus le flux d’affaires vers l’Afrique et l’Asie, entre autres. C’est d’ailleurs un peu ce que nous avons fait dans le cas de cette émission obligataire, c’est-à-dire utiliser la plateforme mauricienne avec tous les atouts qu’elle a à offrir, même si dans le cas présent, l’Afrique en tant que tel n’a pas été directement sollicitée.

Parlez-nous de cette expérience…

Pour Perigeum Capital, une telle transaction démontre notre potentiel et notre capacité professionnelle ainsi que notre sérieux à pouvoir accompagner de telles sociétés évoluant dans le global business à utiliser notre marché des capitaux. En tant que pionniers et leader par rapport aux cotations de sociétés de Global Business sur la Bourse de Maurice et sur la Bourse d’Afrique du Sud (double cotation), nous avons démontré par ce saut, que nous avons les compétences nécessaires pour aider ce type de société à se structurer et pouvoir lever des fonds auprès d’institutions locales et régionales. En tant que Corporate Finance Advisory Firm accréditée par la FSC, nous avons les moyens de les accompagner plus loin, par exemple dans leurs obligations envers la FSC et la Bourse, lorsqu’elles émettent des titres, equity ou debt, et qu’elles veuillent que ceux-ci soient cotés à la Bourse de Maurice.

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