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Adilla Diouman-Mosafeer (Directrice de Talent Lab) «Le nombre de demandeurs d’emploi en progression»

Adilla Diouman-Mosafeer : «Le nombre de demandeurs d’emploi en progression»

Le marché de l’emploi se redynamise doucement, mais sûrement, estime la Directrice de Talent Lab (Adilla Diouman-Mosafeer) , qui insiste sur la nécessité pour les entreprises d’investir dans les bonnes compétences.

Y a-t-il des secteurs qui recrutent en ce début d’année ?

Les secteurs des services, notamment ceux impliqués dans l’informatique, l’e-commerce, le F&B (Food and beverages), le traitement des données et, bien évidemment, le secteur de la santé sont plus aptes à recruter au vu de la situation sanitaire. Les demandes suivent cette tendance. En termes de métiers, nous avons un besoin réel pour les informaticiens expérimentés, notamment des développeurs, administrateurs et ingénieurs. L’e-commerce, qui prend de l’ampleur, demande à ce que les commerces et grossistes se réinventent. De plus, on note qu’il y a des exigences différentes rattachées aux postes de travail. Il est donc important que ceux en quête d’emploi arrivent à s’adapter aux nouvelles tendances.

De manière générale, les entreprises sont-elles dans une logique d’investir dans le capital humain ?

Aujourd’hui, l’élément humain s’efface graduellement pour faire place aux process. Cette transition est visible à travers l’informatisation, la digitalisation ou encore l’automation à tous les niveaux. Bien qu’à ses premiers pas, l’intelligence artificielle pointe déjà le bout de son nez au sein des entreprises. De ce fait, la confiance n’est plus maintenant un élément primordial. Elle a été reléguée uniquement à des postes stratégiques où la faculté de penser reste toujours d’actualité et même clé.

«L’élément humain s’efface graduellement pour faire place aux process» – Adilla Diouman-Mosafeer.

Quels sont les facteurs qui influencent, positivement ou négativement, les campagnes de recrutement en ce premier trimestre ?

La fermeture presque abrupte dans beaucoup de cas, ou encore à petit feu ailleurs, pousse les salariés à valoriser leurs emplois. Une telle mentalité se perdait au fil des années. Il y a un retour aux sources et aux valeurs. Certainement, c’est un point positif qu’aurait apporté la Covid-19. Nous nous retrouvons dans une situation où le nombre de demandeurs d’emploi devient de plus en plus important. Nous assistons à un revers de situation où durant quelques années, l’offre dépassait la demande. Par contre, en termes réels, ce n’est pas l’offre qui dépasse la demande. Il y a plutôt une absence d’intérêt pour bon nombre de postes. D’où l’obligation pour beaucoup d’entreprises dans les secteurs comme l’industrie manufacturière et la restauration de se tourner vers la main-d’œuvre étrangère afin de garantir que leurs opérations ne souffrent pas. On voit aujourd’hui une valorisation de ce type d’emploi par les Mauriciens.

Pendant la crise, les nouvelles technologies ont permis aux entreprises d’assurer et de poursuivre leurs opérations. Aujourd’hui, on constate un nouveau phénomène, à savoir que les entreprises se tournent vers des consultants pour mener des campagnes de recrutement à distance. Pouvez-vous nous en dire plus ?

À chacun son expertise. Les entreprises se sont rendu compte de la valeur de leurs ressources et sont aujourd’hui conscientes des pertes en termes de ressources, mais aussi d’énergie qu’elles encourent en s’engageant dans des activités secondaires, dont le recrutement. La mentalité d’aujourd’hui est de rentabiliser chaque sou. Et comment mieux rentabiliser sinon qu’en acquérant des compétences rentables. Les consultants ou autres experts (quels que soient les domaines) permettent aux entreprises de focaliser leurs ressources et énergies sur leurs activités primaires. Par ailleurs, les avancées technologiques ont fait tomber les barrières géographiques, culturelles et humaines. L’évaluation des candidats se fait à travers les outils digitaux, loin des méthodes traditionnelles. Aujourd’hui, les logiciels spécialisés permettent l’évaluation du prospect dans différents aspects ; son aptitude pour le poste disponible, ses dispositions psychologiques, sa personnalité, son caractère, entre autres. Cela est fait d’une manière entièrement scientifique sans mettre en jeu l’émotion subjective. Du coup, les résultats sont nettement plus fiables.

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