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Blockchain : la machine à confiance dont l’Afrique avait besoin

u003cpu003eLu0026rsquo;Afrique est aujourdu0026rsquo;hui un relais de croissance qui prend de lu0026rsquo;ampleur pour les groupes internationaux. Hier un luxe, aujourdu0026rsquo;hui une nécessité pour nombre du0026rsquo;entre eux qui souhaitent rester compétitifs dans lu0026rsquo;économie globale où ils évoluent et saisir les opportunités quu0026rsquo;offre le développement rapide du marché intérieur africain.u003c/pu003eu003cpu003eLes nouvelles technologies y jouent un rôle déterminant. En effet, elles permettent à lu0026rsquo;Afrique de passer immédiatement du0026rsquo;un stade de désorganisation, qui y a longtemps prévalu dans de nombreux secteurs de son économie, à un stade du0026rsquo;organisation ultime au moyen des dernières technologies et ce, sans phase de transition, puisque son saut technologique épargne au continent ce passage obligé lorsque des technologies différentes se succèdent.u003c/pu003eu003cpu003eu0026laquo;u003cemu003eIl se passe en Afrique des évolutions économiques qui ne se passent nulle part ailleursu003c/emu003eu0026raquo;, aime à rappeler Lionel Zinzou, le précédent Premier ministre béninois. Le phénomène de leapfrog (saut de grenouille) décrit plus haut en est lu0026rsquo;illustration parfaite. Cu0026rsquo;est en Afrique que se joue principalement lu0026rsquo;avenir des secteurs des télécommunications et celui des banques. La technologie su0026rsquo;y est invitée en qualité du0026rsquo;arbitre pour savoir qui des deux saura en tirer le plus profit. Le projet Orange Money démontre clairement comment ce groupe de télécommunication (de plus en plus africain de par son chiffre du0026rsquo;affaires) entend jouer les trouble-fête dans le secteur bancaire.u0026nbsp;u0026nbsp;u0026nbsp;u003c/pu003eu003cpu003eMais du0026rsquo;autres ruptures technologiques pointent et devraient accélérer le développement économique de lu0026rsquo;Afrique. Parmi celles-ci, il convient évidemment de citer la blockchain. Cette technologie a donné naissance à la révolution du Bitcoin et depuis, lu0026rsquo;on peut envoyer de lu0026rsquo;argent comme on envoie un SMS, sans passer par une institution financière. Chaque transaction est inscrite dans la blockchain, véritable registre public en accès libre, stockée de manière décentralisée et sans interférence possible de tiers.u003c/pu003eu003cpu003eParmi les pays du0026rsquo;Afrique où le Bitcoin gagne du terrain, lu0026rsquo;on peut citer le Kenya et lu0026rsquo;Ouganda où lu0026rsquo;on y recourt généralement pour les transferts du0026rsquo;argent. Et en Afrique du Sud, la Standard Bank a déjà expérimenté une plateforme de compensation en Bitcoins.u003c/pu003eu003cpu003eLes blockchains modernes, à commencer par la blockchain Ethereum, ont démultiplié les cas du0026rsquo;usage possibles de ce registre en le rendant entièrement programmable. Lu0026rsquo;échange automatisé de crypto-monnaies ou autres actifs virtualisés devient alors possible, de même que le traitement automatique et transparent de preuves du0026rsquo;existence de documents.u003c/pu003eu003cpu003eAu-delà des usages crypto-monétaires, la blockchain pourrait donc apporter beaucoup plus à lu0026rsquo;Afrique ; un exemple : pour plusieurs raisons, la crédibilité des titres de propriété immobiliers est un élément important qui permet du0026rsquo;accélérer ou de freiner le développement économique. Le manque de crédibilité de ces titres limite nécessairement lu0026rsquo;investissement individuel dans les biens immobiliers concernés. Cette situation rejaillit sur lu0026rsquo;ensemble de lu0026rsquo;économie qui pâtit de cette insécurité juridique.u003c/pu003eu003cpu003eEn Afrique, lu0026rsquo;absence de registre et de cadastre fiable est un frein économique majeur pour le développement du continent. En effet, dans la majorité des États africains, plus de 90 % des zones rurales ne sont pas répertoriées.u003c/pu003eu003cpu003eDans ce contexte, la création de registres cadastraux virtuels grâce à la technologie blockchain pourrait apporter aux titres fonciers africains la crédibilité quu0026rsquo;il leur manque aujourdu0026rsquo;hui en garantissant leur fiabilité. Les initiatives en ce sens qui ont débuté au Ghana sont certainement appelées à se multiplier sur le continent.u003c/pu003eu003cpu003eLa possibilité du0026rsquo;accéder à un registre virtuel, accessible à tous, qui mentionnerait les transactions successives sur un même bien immobilier (identifié au moyen de ses coordonnées GPS) ainsi que lu0026rsquo;existence ou non de contentieux concernant sa propriété devraient donc permettre du0026rsquo;accélérer les transactions immobilières sur le continent.u003c/pu003eu003cpu003eDès que les titres de propriété seront sécurisés, il sera évidemment bien plus aisé pour les banques de les accepter en garantie et de prêter en conséquence.u0026nbsp;u003c/pu003eu003cpu003eLu0026rsquo;exemple du cadastre peut être décliné dans du0026rsquo;autres cas du0026rsquo;usage. La blockchain peut être utilisée au support de nombreux projets : gestion du0026rsquo;un registre du0026rsquo;identités, propriété intellectuelle du0026rsquo;acteurs économiques, partage du0026rsquo;énergie, compensation automatique de paiementsu0026hellip;u003c/pu003eu003cpu003eLu0026rsquo;utilisation efficace de cette technologie sur le continent nécessitera évidemment que les pouvoirs publics mettent les moyens nécessaires pour que cette technologie puisse être explorée et exploitée efficacement par les acteurs du continent. Voilà sans doute un excellent chantier pour la Banque mondiale et, notamment la Banque africaine de Développement (BAD).u003c/pu003eu003cpu003eCertes, la technologie blockchain présente aujourdu0026rsquo;hui des limites importantes. Du0026rsquo;abord, elle est en plein développement. Si les bases techniques essentielles ont été largement éprouvées sur la blockchain Bitcoin (signature et sécurisation des transactions, publicité et immutabilité de la chaîne), les protocoles plus complexes sont toujours en plein développement (à commencer par la blockchain Ethereum). Au surplus, ces technologies souffrent généralement de défauts de jeunesse handicapants (difficulté de traité un grand nombre de transactions, fonctionnement très énergivore, complexité technique, etc.).u003c/pu003eu003cpu003eDe plus, lu0026rsquo;inexistence du0026rsquo;un véritable cadre juridique spécifique, à quelques exceptions près, est un vrai frein au déploiement des cas du0026rsquo;usage identifiés. Lu0026rsquo;Estonie (où un corpus de règles complet est en chantier) en est la principale exception qui confirme la règle. Sur ce plan, on peut notamment su0026rsquo;interroger sur les modalités de preuve de transactions sur la blockchain, le statut juridique exact des crypto-monnaies ou encore les règles de territorialité qui devraient su0026rsquo;appliquer aux contrats lorsque les parties ne résident pas dans un même État, que le contrat est conclu dans un autre et que le bien en question se situe dans un pays encore différent.u003c/pu003eu003cpu003eLa création du0026rsquo;un cadre juridique spécifique sera sans doute nécessaire, mais elle demandera du temps. Compte tenu du potentiel de cette technologie, gageons que les acteurs économiques nu0026rsquo;attendront pas. Ils feront appel aux praticiens du droit qui utiliseront les outils juridiques existants pour appréhender le phénomène et ses cas du0026rsquo;usage, bien quu0026rsquo;ils ne soient pas toujours appropriés.u003c/pu003e

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