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La clé pour un développement durable et résilient

La pandémie de Covid-19 a été un révélateur à plus d’un titre. Elle a mis en exergue, comme jamais auparavant, la fragilité des économies des îles de la région. Cette crise sanitaire a souligné notre forte dépendance au commerce international pour assurer le développement économique de nos territoires et, in fine, le bien-être de nos populations. Face à ce constat, les décideurs politiques et économiques de la région semblent d’accord sur un point fondamental  : l’heure est venue de changer de paradigme de développement, changement qui passe inéluctablement par un renforcement de la coopération économique régionale.

En effet, malgré des trajectoires historiques et économiques hétérogènes, les îles partagent des caractéristiques communes qui les rendent particulièrement vulnérables aux crises  : leur taille et leurs difficultés à réaliser des économies d’échelle, leurs ressources naturelles limitées et en danger, les effets du changement climatique sur leur biodiversité, leur éloignement des principaux marchés, et leur niveau d’intégration dans la mondialisation, entre autres. Mais une fois l’analyse des risques terminée, nous devons étudier de près les opportunités qui existent dans la région. Et elles sont nombreuses.

Toutefois, pour les explorer, nous devons impérativement privilégier des approches communes pour mieux nous appuyer sur nos complémentarités. En effet, le sud-ouest de l’océan Indien est une région à fort potentiel, avec la possibilité de développer des chaînes de valeur dans de nombreux domaines. Cependant, ces opportunités sont pour l’heure sous-exploitées en raison de divers facteurs limitants : connectivité (maritime, aérienne et numérique) limitée, incompatibilité des normes, manque de structuration de certaines filières, entre autres.

Si des progrès notables ont été réalisés dans différents secteurs au cours de ces dernières années, nous constatons tout de même que des obstacles demeurent, nous contraignant souvent à aller trouver, à des milliers de kilomètres, des produits que nous pourrions acheter chez nos voisins. C’est la raison pour laquelle il est primordial de renforcer le dialogue entre les acteurs publics et privés à l’échelle régionale pour identifier les freins aux échanges commerciaux inter-îles, pour ensuite les lever en harmonisant nos politiques publiques.

Ce dialogue est d’autant plus important dans un contexte où nos territoires renouent graduellement avec la croissance, et que de nombreuses industries, frappées par les effets économiques de la crise de Covid-19, se sont engagées dans une réflexion en profondeur. Pour accompagner cet élan, Cap Business Océan Indien s’est donné pour mission d’alimenter et de structurer ces échanges à travers la mise en place de plateformes sectorielles dédiées.

Appuyée par d’autres partenaires, l’association entend ainsi créer un espace propice pour que les parties prenantes issues des secteurs privés et publics de la région puissent échanger des idées, des diagnostics ainsi que des solutions. Nous devons apprendre les uns des autres pour répliquer les mesures efficaces et surtout éviter certains écueils.

Ces analyses et recommandations, ainsi recueillies, viendront enrichir le plan d’action multisectoriel de l’association, en lui permettant de mieux ajuster ses initiatives pour soutenir le développement des secteurs porteurs. Cap Business Océan Indien en a identifié cinq, à savoir, le tourisme durable, l’énergie et la construction, l’économie bleue, l’agriculture et l’agro-industrie, et la connectivité. L’association fait également le choix d’adopter une approche ambitieuse en déployant systématiquement, et ce pour chaque activité, les principes d’économie circulaire, d’inclusion, de préservation de la biodiversité et de décarbonation.

Avec l’appui d’autres acteurs de la coopération économique dans la région, notamment la Commission de l’océan Indien, l’Agence française de développement (AFD), l’Union européenne (INTERREG OI) et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), nous sensibilisons les entreprises privées afin que les enjeux de soutenabilité écologique et sociale soient pris en compte dans leurs projets et leur fonctionnement au quotidien. En faisant cela, l’objectif est d’accompagner la nécessaire transition des industries traditionnelles vers des modèles plus résilients, mais aussi plus respectueux des populations et des écosystèmes.

«Les opportunités dans la région sont sousexploitées en raison de divers facteurs limitants : connectivité limitée, incompatibilité des normes, manque de structuration de certaines filières, entre autres»

Les acteurs économiques, aux côtés des pouvoirs publics et des organisations non gouvernementales (ONG), ont aujourd’hui un rôle important à jouer dans la protection et la préservation de cette richesse que représente notre biodiversité, aussi bien marine que terrestre. Pour les entreprises, concrètement, cela implique une réduction de leur empreinte écologique en revoyant leurs pratiques et leurs modes  de production, ou encore la conception de leurs produits afin de réduire la production de déchets et d’optimiser l’utilisation des déchets résiduels, entre autres.

Pour réussir cela, certaines filières doivent être soutenues et accompagnées dans leur développement, comme l’économie circulaire. Elle est essentielle pour la transformation écologique, économique et sociale des territoires de la région, et ce en menant deux actions simultanées  : d’une part, elle réduit l’impact environnemental des activités économiques et, d’autre part, elle optimise les flux des matières et d’énergie, tout en préservant les ressources naturelles.

Étant donné les enjeux auxquels nous faisons face en matière de durabilité, le déploiement d’une économie circulaire à l’échelle régionale est plus que souhaitable  : il s’agit d’une nécessité. Par exemple, nous devons collectivement réfléchir aux moyens d’optimiser notre utilisation du plastique, aux filières à mettre en place pour le recycler et limiter son impact sur les écosystèmes marins et terrestres. Outre le plastique, d’autres types de déchets pourraient être traités, comme les composants électroniques. Il s’agit de créer des cercles vertueux qui concourent à l’émergence de modèles durables, résilients et inclusifs.

À l’heure de repenser nos économies, la connaissance et l’expertise seront de précieuses ressources. Même si cela n’est pas suffisamment souligné, la région possède un vivier de talents dans différents domaines, y compris dans des industries émergentes comme le numérique. Mis en réseaux, nos talents peuvent être des vecteurs d’innovation et des créateurs de richesse. La coopération régionale est essentielle en matière de formation professionnelle et de mobilité, en créant des passerelles entre les territoires et les établissements d’enseignement. Plusieurs initiatives ont été mises en œuvre, comme les deux conventions de partenariat récemment signées par la MCCI Business School avec l’Union des Chambres de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture (UCCIA) des Comores et la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte. Ce type d’initiative doit être encouragé et soutenu.

Les nouvelles technologies, dont l’utilisation a considérablement augmenté en raison des contraintes imposées par la pandémie, représentent un réel atout pour la coopération régionale. En effet, elles nous permettent de renforcer les échanges, offrant des possibilités de mutualiser plus facilement certaines ressources.

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