Pensées sur les implications financières et digitales de la crise Covid

CELA fait trois ans déjà que le monde subit les dommages causés par la pandémie de Covid-19. Alors que nous entamons une nouvelle année, il est nécessaire de faire un bilan sur l’année passée avant d’envisager nos perspectives d’avenir.

D’une part, Statistics Mauritius estime que le secteur de la finance et des assurances, l’un des trois piliers de l’économie mauricienne, devrait enregistrer une croissance de 4,2 % en 2021, contre 1 % en 2020. Cette estimation démontre que l’industrie a repris des forces, après la tourmente subie en 2020.

«La technologie dans sa forme actuelle demande un rehaussement des normes en matière de sécurité sur internet et la protection des données»

Par ailleurs, le pays, en tant que centre financier international, a bouclé l’année 2021 sur une note positive. En effet, notre juridiction ne fait plus partie des listes de surveillance accrues du Groupe d’Action Financière et de la Grande-Bretagne. L’Union européenne a aussi ratifié notre sortie de leur liste noire en ce début d’année 2022.

Nous ne sommes qu’au début d’une nouvelle ère

Au-delà de ces nouvelles positives, nous ne pouvons nier qu’énormément de choses ont changé dans le monde des affaires. De nouveaux partenariats ont pris forme à travers l’écosystème financier, dont le plus probant est certainement cette collaboration inédite entre les institutions financières et les firmes technologiques. Cette association a permis de faciliter l’accès rapide au financement de même qu’un accès élargi à des produits financiers qui ne touchaient jadis qu’un fragment de la population.

Qui plus est, nous avons constaté l’évolution rapide de la technologie financière, avec des tendances émergentes précises. Par exemple, des sociétés engagées dans le paiement ont été les grands bénéficiaires dans l’adoption de modes de paiement électroniques, dont les cartes bancaires et les transferts via Internet. Sur le plan national, on ne peut passer sous silence la collaboration de plus en plus étroite entre les opérateurs et le secteur public. La sortie des listes de surveillance mentionnée ci-dessus est un solide exemple des bénéfices d’une telle collaboration. Cependant, nous ne sommes pour l’instant qu’au début d’une nouvelle ère.

J’estime que pour aller plus loin, la mise en place d’une identification digitale est primordiale. En effet, les présents systèmes comme les bases de données et l’identité de l’individu sont déconnectés, incohérents avec nos ambitions, et opaques par rapport à ce qui se fait dans le monde. Tout ce dont l’économie requiert est un système interopérable, sans aucune influence de la politique dans ses opérations, accessible et facile à expliquer. Ce faisant, l’individu pourrait avoir un meilleur contrôle sur ses informations.

Les instances sont appelées à accorder une attention particulière à la technologie

Après trois années, nous commençons à y voir plus clair sur les implications financières à long terme de la crise Covid-19, tant au niveau des opérateurs qu’à celui des régulateurs. Mais ce qui me semble de plus en plus précis est que les régulateurs sont tenus d’approfondir et de consolider les coopérations de tous les côtés

Dans la foulée, ces instances sont appelées à accorder une attention particulière à la technologie. Cette technologie dont nous parlons est d’abord un outil pour faciliter la conformité avec les normes et lois en vigueur. Dans le même temps, la technologie dans sa forme actuelle demande un rehaussement des normes en matière de sécurité sur Internet et la protection des données.

De plus, l’environnement d’affaires unique occasionné par la Covid-19 a mis en avant l’importance de limiter l’avènement de cycles successifs dans le système financier. Elle représente une opportunité de revoir ces sources provoquant des cycles dans la réglementation. Ainsi, nous serons plus proactifs que réactifs.

L’avancement technologique et digital jouera un rôle prépondérant

Ces deux dernières années, le secteur des services financiers a subi une importante pression internationale visant à le rendre conforme aux normes mondiales de lutte contre le blanchiment d’argent et la lutte contre le terrorisme. Tous les experts s’accordent sur le fait que l’avancement technologique et digital jouera un rôle prépondérant dans cette transformation essentielle. Dans ce sens, une approche holistique entre la personne, la conformité et la technologie s’avère vitale.

En effet, les entreprises doivent avoir une vision intégrée et complète des risques avant de prendre les meilleures décisions stratégiques à un rythme régulier. Ce faisant, les dirigeants seront en meilleure position pour répondre aux exigences de leur activité.

Afin de cerner les sources de risque au sein de l’entreprise, le management se doit d’avoir un aperçu précis de toutes ses unités commerciales, sur les lignes de produits et services, sur ses partenaires essentiels, sans oublier les mesures relatives aux risques et conformités.

«La conformité ne devrait pas être perçue comme une entrave par les entreprises, et ce pour la simple raison qu’elle est un formidable moteur de croissance»

Or, ce type d’approche exige la collaboration de multiples parties prenantes, dont celles engagées dans l’informatique, le juridique, la finance, la gestion des risques, la conformité, l’audit, le stratégique et le commercial. Ce n’est qu’ainsi que la direction aura une meilleure connaissance des risques. La responsabilité est collective. Finalement, la prise de décision en ressort consolidée et meilleure.

Il est certain que ce mode opératoire nécessite des ressources additionnelles, incluant un niveau supplémentaire de planification des opérations. Celui-ci doit inclure des processus et une technologie plus robuste, une meilleure efficacité dans le back-office, et ce par le biais d’un modèle intégré.

Selon Gartner Inc. (firme américaine de référence mondiale engagée dans la consultation et la recherche technologique), un système opérationnel pourrait être perçu en tant que GPS d’une organisation. Ce système comporte plusieurs applications, allant de la performance d’entreprise, à l’optimisation des coûts, en passant par la gestion de risques. Dans l’ensemble, toutes ces applications ont pour mission de soutenir la direction dans le processus de prise de décision.

La conformité est un formidable moteur de croissance

Globalement, nous pouvons être satisfaits de constater que de plus en plus d’entrepreneurs prennent conscience de tout ce qui concerne la conformité. Toutefois, cette prise de conscience et de réaction ne devrait pas être une finalité en soi, car la conformité doit faire partie intégrant de toutes les opérations.

Le coût de la conformité est, en effet, bien moindre que les frais et pénalités de non-conformité. La conformité ne devrait pas être perçue comme une entrave par les entreprises, et ce pour la simple raison qu’elle est un formidable moteur de croissance.

Nous serons d’ailleurs en mesure d’améliorer la croissance nationale cette année en nous concentrant sur plusieurs points essentiels. Les nouvelles technologies, dont l’informatique quantique ou les applications de blockchain, seraient en mesure de contribuer à résoudre de nombreux problèmes actuels. Dans le même temps, il en résulterait une transformation en profondeur du secteur financier et une remise en question des modèles commerciaux traditionnels.

La vaccination touchant un plus grand nombre de personnes, le retour progressif de millions d’employés vers les bureaux, l’élargissement des activités professionnelles et de loisirs à de plus grands groupes, sont autant de facteurs qui dynamiseront l’activité économique en 2022. Surtout, ces activités peuvent booster les dépenses liées à la consommation.

De façon générale, il y a tout lieu d’être quand même assez optimiste du point de vue économique. La demande solide des consommateurs, sur laquelle s’est appuyée la reprise, demeure un soutien de taille à notre économie.