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Permanence de l’État – Fonction publique : un pouvoir invisible

Notre économie insulaire arbore un riche passé, une construction de la nation et l’instauration de l’État à travers un système juridique, dans un système de négoce international, et de peuplements venus d’ailleurs. Dans ce contexte, la construction de l’État-nation est cumulative dans l’échelle historique de la nation. Notre Histoire même est basée sur la continuité.

La structure des relations internationales et des traités commerciaux de Mahé de La Bourdonnais jusqu’au gouverneur John Shaw Rennie à l’époque de l’indépendance a posé les jalons de notre approche de diplomatie politique et commerciale en prônant l’élément de continuité.

En 300 années, pas de fracture. En trois siècles d’Histoire sociale, économique et politique de notre nation, le souci d’harmoniser le tissu social, encadré par un système juridique et législatif ainsi que des protocoles économiques et des traités commerciaux, renforce la philosophie qui exclut toute rupture ou toute fracture irréfléchie. Les 50 ans d’Histoire post-1968 de Maurice furent un épisode de recherche d’identité nationale, d’émancipation économique et d’ouverture vers d’autres pôles de développement durable.

Les développements globaux et internationaux nous forcent-ils à sortir de ce statu quo ? Les mouvances politiques, financières, économiques et sociales au niveau mondial nous mettent-elles la pression ? Ces grands axes d’évolution nous poussent-ils hors de notre zone de confort en nous imposant un sursaut vers l’avenir [malgré notre conservatisme insulaire] ?

L’État insulaire implique une ouverture vers l’économie globale et cela implique une vulnérabilité. Est-ce que les courants idéologiques des différents partis politiques de Maurice permettent de concevoir différemment (droite, gauche, alternatifs, alliances) ? On ne peut concevoir une continuité dans une fracture idéologique.

An ideological gap réside entre les partis politiques sur de grands axes de base économiques et du développement durable. En l’absence d’accords, c’est cela la plus grande cause de fracture et de statu quo dans lequel on peut s’enliser concernant certaines priorités et certains projets.

Dans les relations internationales et les grands axes des accords bilatéraux avec nos partenaires stratégiques, tels les USA, la Grande-Bretagne, l’Union européenne, les pays du Golfe, la Grande Péninsule indienne, la Chine, le Japon, l’Union africaine, la SADC, le COMESA, la COI, il y a un devoir de réserve ainsi qu’un souci de souplesse diplomatique qui guident nos décisions de politiques économiques et commerciales.

Le statut privilégié de Maurice relatif aux aides extérieures tels le FMI, l’UE, le Commonwealth, l’Inde, le Japon, la Chine et les Pays du Golfe, a des implications dans l’implémentation de projets d’envergure au niveau national.

L’aspiration de promouvoir l’île Maurice d’un statut économique de middle- income economy à un statut de high-income economy a des implications quant à la panoplie de stratégies économiques dans un laps de temps défini.

Quand on parle de continuité, de quel espace- temps parle-t-on ? À Maurice, nous avons deux grands problèmes : l’infrastructure et le capital humain. Un est à long terme, l’autre est ponctuel [Métro]. Un autre perdure dans le temps [l’éducation et la formation continue vers les technologies avancées] avec des implications importantes au niveau du capital humain. Ne pas consolider le capital humain dans le pays impliquera un transfert significatif des compétences à haute valeur ajoutée qui transforme la texture de la société elle-même.

Les secteurs économiques changent de visage. Mutation vitale vers une croissance soutenue ? La formation et le développement du capital humain demeurent une approche systémique et cumulative dans le moyen terme. On doit mettre à jour à travers un nivellement à l’échelle mondiale dans les domaines pointus tels que l’informatique, la biotechnologie, la robotique, l’intelligence artificielle, le génie médical, la haute technologie appliquée.

Dans une économie insulaire de 720 km2, des contraintes liées aux infrastructures dépassées sont une hantise permanente. Les ressources énergétiques comme l’eau, et les effets climatiques sur l’agriculture et les zones côtières ainsi que la santé publique exercent une pression permanente qui sollicite une politique d’adaptation et d’évolution.

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L’HARMONISATION DU TISSU SOCIAL ESSENTIELLE À LA STABILITÉ DE L’ÉTAT

Au sujet des projets d’harmonisation du tissu social, c’est une politique de continuation et de conscientisation publique. C’est une politique culturelle en profondeur et un projet essentiel pour la stabilité de l’État. Dans une logique d’adaptation et d’innovation dans de nouveaux pôles de développement, il faut aborder le nerf de la guerre : la fiscalité. Car tous les projets ne peuvent être réalisés. La fiscalité et la gestion de la dette publique freinent les ardeurs de projets de haute facture.

La continuité de projets ou le lancement de projets novateurs est dépendant de l’efficience du service civil, donc de l’État. Arrivés à l’âge de la retraite après avoir grimpé les échelons, l’envie de servir ne s’amenuise-t-elle pas ? Le service civil ne devient- il pas un pouvoir invisible au sein même de l’État ? Est-ce qu’il faut réformer le service civil afin de mieux gérer les grands projets d’ordre stratégique que le gouvernement préconise comme prioritaires dans son manifeste électoral. Les strates hiérarchiques ne créent-elles pas des blocages et des refus basés sur des appréciations purement subjectives?

Nous avons un système quinquennal. Cela arbore un paradoxe au niveau des projets de grande envergure qui nécessitent de grandes œuvres, qui outrepassent ces quinquennats. Appels d’offres, financements, etc. Sommes-nous dans une bulle du quinquennat qui freine ces développements ?

En économie, le concept du stop-go cycle, qui prévalait au 20e siècle, n’est plus d’actualité. Ce fonctionnement est dépassé, désuet. Dépendre de chaque quinquennat pour les projets majeurs et traverser des moments de doute et de confusion, cela n’est plus envisageable. Dans un quinquennat, on serait réduit à ne gérer ces grands projets que pendant trois années du milieu de mandat. La première année, on est dans l’ajustement ; la cinquième année, on prépare les futures législatives et on se met en attente du résultat.

Dans la gestion de projets publics, de projets stratégiques, d’ordre de sécurité nationale, il est impératif que les gestionnaires soient apolitiques afin de ne pas apporter une perception biaisée de l’équipe. On ne peut pas virer les gens tous les quatre ans quand il s’agit de projets stratégiques et sensibles, dont ceux concernant Air Mauritius, Mauritius Telecom, Airports of Mauritius, la Mauritius Ports Authority, la Financial Services Commission, la Mauritius Revenue Authority, Bank of Mauritius, le CEB ou encore la CWA…

La gestion des projets de l’État ne doit pas être fissurée politiquement. C’est cette fissure politique qui est la source de la volatilité et de l’instabilité. For a mega project with national security conditions,

il y a des hommes et femmes mauriciens de tous âges qui sont talentueux et taillés sur mesure. Ces personnes sont des trésors d’État, des trésors nationaux. Il doit y avoir qu’une cinquantaine de professionnels de calibre international à Maurice. Don’t make waste.

En général, en matière de politique de rupture, une seule chose la valide : c’est la dynamique de l’évolution et de l’innovation mondiale. Nous sommes un petit pays sans ressources. Nous sommes condamnés à être au rythme de l’évolution mondiale. Il ne s’agit pas seulement de l’évolution technologique, mais aussi des grandes idéologies mondiales et les grandes philosophies et idées.

Grandes idées et technologie doivent évoluer en tandem, sans fracture. On peut parler de continuité sous une autre forme : celle de l’accélération. The process of catching up with a reengineering of the mindset. If the mindset doesn’t follow, then nothing goes.

Le plus grand projet, si rupture il y a, c’est de créer un ‘discomfort’ pour sortir de la zone de confort. Il faut une situation inconfortable pour créer une nouvelle situation d’équilibre. C’est de cela dont on a besoin à Maurice. On ne doit pas craindre ce qui nous rend inconfortable. Or, dans un contexte insulaire, on aura tendance à décrier l’évolution comme étant du désordre.

Une mutation dans une direction évolutive vers de grands axes de pensées internationales et de grands axes d’innovation technologique, c’est tout. Qu’importe le domaine, pourvu qu’il y ait la mouvance, c’est ça. Les grands axes de la pensée internationale peuvent être philosophiques, économiques, et artistiques. L’Art fait aussi prendre conscience de l’identité dans une société qui est également son catalyseur. S’il n’y a pas de prise de conscience, c’est une société gâchée. C’est une structure politique, économique et sociale figée ; tout ce qui est figé, est mort – dans le cosmos comme dans la nature.

On ne peut plus avoir un idéal politique et culturel figé. On doit faire, si fracture il y a, entre le statu quo et le survival mode du statu quo. Il faut aller de l’avant, be in tune with the time. Et il ne faut pas oublier l’humain dans tout cela. Je suis un grand humaniste et je souhaite un développement pour l’humain, au service de l’humain. Et c’est cela la grande fracture. Les grands projets comme

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