Chef Fabio de Poli – Un entrepreneur aux mets raffinés

Un fumet titille les narines dès que nous pénétrons le restaurant, La Table du Château. À l’heure où nous nous apprêtons à interroger Fabio de Poli, le chef italien connu pour ses mets raffinés agrémentés aux épices et aux ingrédients mauriciens, il n’y a point de clients. Il attend l’arrivée des enfants. Une fête d’enfants est prévue au jardin. «J’aime quand c’est vivant ; quand il y a une joie de vivre. J’ai deux enfants. Je suis habitué à être entouré d’enfants», lance l’homme de 50 ans qui aime la bonne chère !

Le Mauricien de cœur passionné de fine cuisine gastronomique étaye avant tout qu’être chef, c’est une mission. D’ailleurs, au cours de sa carrière, il a ouvert quatre restaurants. «On ne peut pas exercer ce métier si on n’est pas passionné. On travaille à des heures qui sont complètement hors du commun», livre celui qui est naturalisé mauricien depuis un an. «Je suis arrivé à Maurice en 1998. Aujourd’hui, cela fait 22 ans. C’est une récompense pour moi d’être Mauricien», soutient-il.

C’est avec amour pour la découverte de nouveaux aliments, la création de nouveaux plats, le travail de qualité et de précision qu’il ouvre tous les jours son restaurant malgré cette période difficile. «C’est une question de partage. J’ai toujours voulu créer de nouvelles recettes, des tendances et exprimer mon savoir-faire», relate l’ancien numéro deux de Beachcomber. Le partage, c’est aussi faire grandir d’autres personnes. «Je pense que cela a toujours été la base de mon métier. Plusieurs qui ont travaillé avec moi dans le passé sont aujourd’hui devenus de grands chefs. C’est une réussite de les avoir formés», dit-il.

Apporter sa pierre à l’édifice

Dans sa cuisine, il mêle différentes saveurs et différentes couleurs pour ravir les papilles des locaux. «C’est important de montrer qu’un Italien peut apporter sa contribution au pays. Le jour où nous avons ouvert cet établissement, je voulais que les clients le reconnaissent comme étant un restaurant mauricien», relate-t-il. Le Vénitien a travaillé pendant de nombreuses années à Beachcomber. «J’ai travaillé dans plusieurs projets surtout lors de l’ouverture de Victoria Beachcomber à Trou-aux-Biches et Sainte Anne aux Seychelles», lâche le chef qui a exercé dans quelques beaux établissements étoilés du Guide Michelin en Italie et en France. «Je suis passé par l’école hôtelière pour être le cuistot que je suis aujourd’hui. Aussi, je suis entrepreneur et non seulement chef», indique-t-il.

«Après dix ans de carrière à Beachcomber, j’ai démarré cette entreprise, la Table du château, il y a pratiquement dix ans», raconte le propriétaire de l’établissement culinaire qui ne rate pas une occasion pour faire une petite blague. «Je suis locataire du lieu mais propriétaire de mon restaurant !», précise-t-il en esquissant un sourire. Son inspiration, le cuistot la puise de son père qui était pâtissier. «C’est grâce à lui que j’ai suivi cette voie», targue Fabio de Poli, qui est issu de la famille qui a créé le vaporetto, un bateau-bus utilisé principalement à Venise.

Au cours de sa vie, l’entrepreneur a beaucoup voyagé et a fait dix pays : la Belgique, la France, l’Angleterre, les Bermudes, la Nouvelle-Zélande, la ville de Dubaï, les Seychelles, entre autres, pour s’installer définitivement à Maurice. «Depuis 2005, j’ai entièrement emménagé ici», dit-il. Pour essayer d’avoir un équilibre de vie, les de Poli essaient de voyager au moins une fois par an. «Cette année, ce n’est pas possible ! Nous ressentons un manque d’activité, de la famille et de nouveautés.» À quatre, ils ont parcouru les quatre coins du monde. «Nous avons fait de magnifiques voyages, que ce soit au Canada, aux États-Unis et ailleurs.»

En amour pour cette petite île, l’ex-Executive Assistant Manager de Beachcomber y vit depuis 15 ans. Vivre sur cette terre n’a jamais été un souci. Fabio de Poli s’est acclimaté à la chaleur et au style de vie mauricien. «Cela n’a pas été difficile de vivre à Maurice parce que j’ai beaucoup voyagé. Je parle anglais, français, italien et je me débrouille en créole. J’ai toujours pensé que c’est à moi de m’adapter au pays dans lequel j’ai choisi de vivre, et pas le contraire.»

«Ma femme, Feline, est d’origine française mais est née et a vécu à Nouvelle-Calédonie. C’est aussi un peu la raison pourquoi nous avons choisi de vivre sur une île. Puis, dès que nous avons fondé notre famille, elle m’a dit qu’il faut qu’elle vive là où il y a des cocotiers», confie le père d’Elysio, 16 ans, et d’Andelys, 14 ans. Il a rencontré sa femme aux Seychelles. «Nous nous sommes mariés aux Seychelles. Mon fils est né aux Seychelles et ma fille est née à Maurice. Nos enfants ont des prénoms originaux», dit-il joyeusement avant d’ajouter : «Vous êtes la première Mauricienne à me dire que le prénom de ma fille vient d’une région normande». En effet, Les Andelys sont une commune française située en France. «Nous nous sommes rendu compte après que c’est le nom d’un village. Mais pour notre fille, nous avons vu ce nom sur Internet.»

Sa famille de prime abord, le directeur arrive à tout concilier. «J’ai toujours beaucoup travaillé mais j’arrive à trouver un équilibre entre ma vie de famille et mon travail. J’ai une femme extraordinaire qui a su s’adapter à mes horaires… Chez moi, c’est la maison du bonheur.»

Fabio de Poli révèle que malgré la crise, il garde la tête haute. «Quand il y a des crises, il y a toujours des opportunités.» Pour le moment, il est sollicité par beaucoup de personnes. Il s’attelle à mener à bien son business

«J’ai toujours beaucoup travaillé mais j’arrive à trouver un équilibre entre ma vie de famille et mon travail. J’ai une femme extraordinaire qui a su s’adapter à mes horaires… Chez moi, c’est la maison du bonheur.»

En aparté

Activité sportive : «Je pratique le tennis avec mon fils.»

Plats mauriciens préférés : «J’aime le salmis de canard ; je trouve que c’est exceptionnel. J’aime aussi le rougail boucané.»

Activités préférées : «J’adore sortir en bateau pour m’échapper à l’île Plate ou au Coin de Mire. J’aime faire du snorkelling avec mes enfants. J’aime aussi la pêche.»