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Dr Avinaash Munohur (Managing Partner d’Arthésias Conseil) Un fin stratège

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Dr Avinaash Munohur  (Managing Partner d’Arthésias Conseil) Un fin stratège | business-magazine.mu

Personnage subtil et d’une démarche affirmée, Avinaash Munohur a presque tout d’un philosophe. Son élégance n’a d’égale que sa sobriété. Il est celui qui parle autrement un langage mais qui pourtant fait sens. Peut-on pour autant le décrire comme quelqu’un qui cherche la vérité et cultive la sagesse ? «J’ai toujours voulu passer de la théorie à la pratique», avoue l’ancien candidat mauve aux dernières élections. Son engagement sur le terrain électoral a été un pas dans ce qu’il fait maintenant.

De la philosophie à la politique, le dialecticien change quelque peu de trajectoire en se lançant comme Managing Partner dans un cabinet de conseil : Arthésias Conseil. «Je ne suis pas certain d’avoir changé de secteur ! Mais j’approfondis un domaine qui m’a le plus interpellé», admet l’homme de 37 ans. Son parcours académique est passé par la philosophie politique et les sciences politiques.

Responsable du cabinet de conseil installé à la rue St Georges, Port-Louis, il fait de la négociation pour les marchés publics, du conseil pour les stratégies de lobby et la mise en place de politiques publiques. «Certains de nos collaborateurs sont des élus et d’autres sont des personnes qui ont travaillé dans des cabinets ministériels», lâche-t-il d’une voix assurée. Les fondateurs ont dans le passé travaillé à divers ministères, dont celui de l’ancien Premier ministre français, Édouard Philippe, et sont des patrons de grosses entreprises de l’agroalimentaire, de la sécurité et de l’énergie, entre autres.

Sa tasse à la main, le volubile fait ressortir que la société est aussi connue en Afrique et sur le golfe Arabique. «La stratégie que la compagnie a adoptée depuis quelque temps, c’est d’ouvrir une branche à Maurice. J’ai été mandaté pour le faire. La branche mauricienne a pour objectif d’élargir le portefeuille de ses clients sur le continent africain et dans la région», explique l’ancien élève de l’École du Nord et du Lycée La Bourdonnais.

Appréhendant l’avenir autrement, Avinaash Munohur a préféré faire une pause politique. «Peut-être que j’y retournerai un jour. On m’a dit que quand on attrape le virus, c’est difficile de ne pas y retourner», avoue-t-il, le sourire aux lèvres. Il se dit cependant ravi d’avoir eu une telle expérience. «Ce que j’ai toujours voulu faire, je suis en train de le faire maintenant», épanche celui qui s’est lancé dans la politique active quelques semaines avant les élections de novembre 2019. «Un jour, quelqu’un m’a fait la réflexion suivante : Tu ne connais pas Maurice si tu ne fais pas de la politique», ajoute l’habitant du Nord.

Selon ses dires, Maurice est un petit pays par la taille mais grand par les enjeux, la complexité sociale et anthropologique, et institutionnelle. D’une certaine manière, l’île est une segmentarisation du petit monde. «Je crois que la politique de terrain est vraiment ce qui nous permet de voir les différents aspects qui existent ici», concède celui qui a écrit sa thèse de doctorat sur le système politique mauricien.

La musique comme 

fil conducteur

Parlant d’études et de tout ce qui l’entoure, le philosophe raconte qu’il s’est beaucoup cherché. «J’ai fait un petit peu de droit, de la finance mais sans vraiment aimer», dit-il. Le hasard fait bien les choses : l’enfant du Nord se met en tête de poursuivre des études en musique à Toronto, au Canada, en 2006. «Je fais de la guitare depuis que j’ai 15 ans et j’ai toujours voulu faire une école de jazz», dit le détenteur d’une double licence en philosophie et en musique. «La musique est ma passion, mais je n’ai jamais voulu vivre d’elle n’ayant pas le talent qui me le permettrait», confie le guitariste en herbe.

Quelque temps plus tard, le cadre met le cap sur Paris pour faire son master en philosophies et critiques contemporaines de la culture auprès de l’université de Vincennes. Le moins que l’on puisse dire, la philosophie l’a pris aux tripes. «C’est quelque chose qui m’a accroché. Cela vient de mon enfance. Mon père Inderjeet est entrepreneur et économiste à la fois. Il a un parcours en économie politique», relate-t-il. Au sortir de son master, il pense mettre fin à ses études mais décide tout de même de poursuivre son doctorat en science politique à l’université Paris VII. «J’ai senti que je n’avais pas assez approfondi. C’est là que j’ai décidé de faire mon doctorat. Puis j’ai eu la chance d’être recommandé dans un centre de recherche : le Laboratoire de Changement Social et Politique.»

L’amateur de natation, de football et de tennis s’installe durant sept ans à Paris avant de retourner à Maurice. «Je voulais rentrer car j’avais envie de passer un peu de temps avec mes parents», lance celui qui est fasciné par les phénomènes. «Nous vivons une situation de résilience extraordinaire, que ce soit avec la Covid-19 et toute cette mobilisation autour du naufrage du Wakashio. Je crois que quand je prendrai ma retraite, je serai un observateur et j’écrirai dessus», laisse échapper le féru de musique qui, lorsqu’il vivait en France, a joué avec un groupe mauricien. «J’adore le séga typique. À Paris, j’ai fait des reprises avec ma guitare électrique.»

Passionné de musique, ce qui l’intéresse, c’est l’art de la guitare. «J’ai passé presque quatre mois à Séville, en Espagne, en 2010. Je me suis instruit à la guitare flamenca grâce à un gitan», se souvient le fan de Spinoza, de Platon, d’Immanuel Kant, de Michel Foucault et de Bernard Stiegler, qui nous a quittés récemment. «La liste est longue», s’esclaffe-t-il. Néanmoins, il évite d’évoquer les auteurs mauriciens et estime qu’il n’y en a pas beaucoup dans les domaines qui l’intéressent. «C’est dommage», lâche-t-il. Il trouve toutefois qu’il y a une riche contribution qui commence à naître. «Forcément, il y a de très bons écrivains et poètes mauriciens», lance celui qui se dit être un profane en littérature. «Ma camarade Daniella Bastien me dit toujours qu’il faut revenir à l’écriture», rit-il.

Dans l’immédiat, Avinaash Munohur espère aller le plus loin possible dans son métier. «J’apprends comme tout le monde. Personne ne peut se vanter d’avoir la science totale», conclut-il avant de se prêter à la séance photo.


Dr

«La musique est ma passion, mais je n’ai jamais voulu vivre d’elle»


«Maurice n’a pas cette image qu’on essaie de nous vendre»

L’inclusion de Maurice dans la liste noire de l’Union européenne (UE) peut être un réel danger. Elle aura des conséquences sur les aspects réputationnels et opérationnels du pays. «C’est effectivement un souci pour l’île, pour les entreprises et pour les industries mauriciennes. À ce que j’ai compris, le gouvernement a une stratégie. Maintenant, attendons de voir ce que cela va donner. Est-ce que c’est un problème pour nous, à Arthésias ? Pas vraiment. Mais, mine de rien en regardant les détails, le gouvernement mauricien n’a pas totalement tort en disant que c’est un peu exagéré. Nous avons cette image de paradis fiscal où tout est facile alors que ce n’est pas le cas… Le patriote que je suis espère que nous sortirons de cette liste», étaye-t-il. Avinaash Munohur explique qu’il y a un encadrement légal qui est extrêmement rigoureux en ce qui concerne le secteur financier à Maurice. «Pour les personnes qui s’y connaissent, elles vont voir que Maurice n’a pas cette image qu’on essaie de nous vendre.»


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