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Portrait Rencontre

Intrapreneur dans l’âme

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Ricardo Anamunthoo

Enfant, il rêvait de voyager à travers le monde et se prédestinait à une carrière dans le secteur de l’hôtellerie. Cependant, son sens de la proactivité et sa soif d’apprendre ont mené Ricardo Anamunthoo, Business Development Specialist, vers d’autres cieux.

CHEMISE blanche classique, pantalon bleu marine, chaussures marron, montre en argent au poignet et coupe de cheveux soignée… Ricardo Anamunthoo semble maîtriser le look de l’homme d’affaires moderne. Ayant grandi sous l’aile d’un père enseignant, qui s’est plus tard reconverti dans la vente de marchandises en faisant du porte-à-porte, l’on pourrait croire que le chemin qui l’a conduit à son poste actuel à Helium Business Solutions était tout tracé. Or, ce n’était pas gagné d’avance, car le père de famille, âgé de 42 ans, explique d’emblée qu’il venait d’une famille très modeste. Reconnaissant fort volontiers qu’il a eu une enfance qui n’était pas stricte, où il était «libre de ses pensées et soutenu dans ses choix», Ricardo Anamunthoo confie que durant son adolescence il préparait des crêpes avec son frère pour les vendre avant de se rendre au collège La Confiance.

Après l’ouverture par ses parents d’un premier magasin de textile à Rose-Hill, il avoue qu’il passait la plupart de ses samedis et jours de congé dans la boutique, à s’occuper de la caisse ou à servir les clients. Ayant reçu la culture de l’entrepreneuriat de sa famille, cet homme originaire de Beau-Bassin aurait pu suivre les traces de son grand frère, également entrepreneur. Toutefois, sa passion pour l’hôtellerie le pousse à s’inscrire à la toute première promotion de l’École Hôtelière à Ébène, en 1996, après la fin de sa scolarité dans le secondaire. La même année, il décroche son premier emploi comme steward sur le ferry Ahinora, qui effectuait le trajet Maurice – Réunion. Trois ans plus tard, il s’envole pour le lycée hôtelier Nicolas Appert, à Nantes, où il entame un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) en Art Culinaire et Service de la Table. C’est à cette époque que survient l’événement qui l’a freiné le plus dans sa vie jusqu’ici.

Désir d’apprendre

Pour cause : seul en France, dans un pays aux réalités différentes de Maurice, Ricardo Anamunthoo a ses premières crises d’épilepsie. Marquant une pause d’hésitation, le père de Jaedon et de Kyron, ses deux fils de 11 ans et 3 ans respectivement, avoue que c’était «un moment difficile» de sa vie. Ne connaissant pas grand-chose de la maladie et le fait de devoir «se réveiller avec la langue percée et l’oreiller taché de sang» a été un frein à son parcours dans un pays étranger. Mais il n’a jamais baissé les bras. Après des recherches sur la maladie et un soutien indéfectible de son épouse Mélanie, il est parvenu à gagner ce long combat avec brio ; cela fait plus de dix ans qu’il n’a pas vécu de crise. Parallèlement à son BTS, Ricardo Anamunthoo effectue un apprentissage dans un hôtel troisétoiles avant d’être recruté aux États-Unis, plus précisément au Sun Valley Resort en tant que Restaurant Manager en 2002.

Une fois sur le territoire américain, son désir d’apprendre le pousse à s’inscrire aux cours en ligne de l’université de Penn Foster en vue d’obtenir un Higher Diploma. En 2005, il effectue un top-up program en Suisse pour une Maîtrise à l’International Management Institute. Après d’autres périodes d’apprentissage dans différents palaces à Genève, Ricardo Anamunthoo retourne à Maurice en 2008, en pleine crise économique. Il intègre le Sofitel en tant que Trainee Manager et sa période d’apprentissage coïncide avec l’ouverture de Bel-Ombre. Il n’y fera néanmoins pas long feu, puisqu’il intègre l’Hotel Institute of Management de Pamplemousses comme chargé de cours après un an. Trois mois plus tard, le fonceur reçoit une promotion et est nommé Directeur. Décrivant son sens de la proactivité comme étant sa principale faiblesse, il lâche : «Dès que j’ai une idée, je dois la mettre en place».

Ses valeurs entrepreneuriales reprennent le dessus au bout de deux ans. Ricardo Anamunthoo décide d’investir ses économies dans un magasin spécialisé dans la revente de vêtements masculins à Rose-Hill. Avec un business model axé sur l’importation de vêtements d’Asie, il réalise très vite que la demande ne correspon dait pas à l’offre. Avec l’arrivée des réseaux sociaux, les gens étaient mieux informés et il fallait se réinventer. Décidant de faire le chemin inverse, de passer d’homme d’affaires à entrepreneur, il réalise qu’il n’avait pas nécessairement l’expertise requise. C’est à ce moment, en 2012, que Ricardo Anamunthoo se tourne vers un Master Création et Reprise d’Entreprise de l’Université de Bordeaux grâce à une bourse obtenue à l’Institut de la Francophonie pour l’Entrepreneuriat. Après la fin de ses études, il a le déclic en constatant que le segment masculin jeune porte une attention aux sous-vêtements autant qu’aux vêtements. N’ayant pas d’entreprise se spécialisant dans la confection de boxer shorts à Maurice et conscient que «ce produit n’a pas de barrières ethniques ni saisonnières», il lance son entreprise, Ric Actuel, en 2014 pour fabriquer des sous-vêtements de la marque Sense

Ricardo Anamunthoo«Dès que j’ai une idée, je dois la mettre en place»

D’ENTREPRENEUR À INTRAPRENEUR

Fort de ses nouvelles compétences dans le côté opérationnel de la création d’entreprise, sa passion pour l’enseignement le rattrape lorsqu’il décide d’accepter un poste de chargé de cours pour le cursus Entrepreneurship à l’Université de Greenwich. Également membre du Comité National de Soutien et de Sports, où il forme 300 à 400 porteurs de projets, Ricardo Anamunthoo occupe aussi le poste de Business Mentor au sein de SME Mauritius. Il explique avoir fait ce choix, parce qu’il est conscient d’avoir eu «la chance de pouvoir être formé» alors que beaucoup de jeunes sont privés de cette opportunité. Qui plus est, lorsqu’il était étudiant, il n’a pas eu de mentor, car «on me vendait souvent du rêve, et non les obstacles et les moments difficiles». En 2018, le succès frappe à sa porte lorsqu’Enterprise Mauritius l’approche pour racheter Ric Actuel. C’est également à ce moment que l’entrepreneur réalise qu’il a désormais les atouts nécessaires pour devenir un intrapreneur et se lancer dans le secteur du Business Consulting.

Se disant pleinement épanoui à Helium Business Solutions, il s’occupe, notamment, du développement stratégique des entreprises en interne grâce à la création de valeur, de richesse et d’emplois. Avec un portfolio de clients incluant The Flower Shop, Jack N Razor, des petites et moyennes entreprises ainsi que Moura Trading Investment, Ricardo Anamunthoo se fait toutefois le devoir de trouver un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie familiale. Étant un père ravi et conquis ainsi qu’un époux aimant, il essaie au mieux de «se déconnecter une fois à la maison pour passer du quality time avec sa famille». D’ailleurs, il considère que sa plus grande réussite a été de «pouvoir fonder une famille très stable dans la société d’aujourd’hui». Et quid de son plus grand échec ? «Je n’ai pas pu évoluer en tant que directeur d’hôtel, mais qui sait, je serai peut-être un actionnaire un jour !», lance-t-il, suivi d’un éclat de rire contagieux.

EN APARTÉ

Livre de chevet : 90 jours pour revoir sa prise de poste, de Michael Watkins Un sport à pratiquer : Le football Plat favori : Mine frit local Album à écouter : celui de Kaya Réseau social privilégié : Facebook Émission préférée : Patron Incognito Boisson adoptée : Ice Tea Le pays qui l’a le plus marqué : la France

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