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Paolo di Giovanni (CEO de Victoria Capital Management) – «Le taux d’imposition fiscal de Maurice reste toujours attractif pour les grosses fortunes»

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Paolo di Giovanni (CEO de Victoria Capital Management) - «Le taux d’imposition fiscal de Maurice reste toujours attractif pour les grosses fortunes» | business-magazine.mu

Les restrictions liées au coronavirus ont contraint les gestionnaires de patrimoine à utiliser davantage le téléphone pour maintenir une bonne communication avec leurs clients à un moment où beaucoup s’inquiétaient de leurs portefeuilles et de la sécurité des héritages familiaux. Comment cela s’est-il passé ?

Les sociétés financières sont tenues légalement d’élaborer des plans de continuation d’activité (PCA) et d’en tester l’efficacité chaque année. C’est comme une répétition générale de ce qui est malheureusement arrivé.

Le cas de pandémie est d’ailleurs prévu dans les ‘motifs’ de déclenchement de ces procédures exceptionnelles. Aussi, nous étions préparés à cette situation bien avant qu’elle ne survienne. Le contact téléphonique avec nos clients est primordial dans notre activité. La Covid-19 a simplement renforcé les liens que nous entretenions déjà avec nos clients. C’est dans ces périodes de fort stress, tant psychologique que financier, que le rôle du gestionnaire de patrimoine est primordial : analyser, agir, mais surtout savoir écouter et rassurer. On peut se féliciter que tout se soit déroulé sans encombre.


Quelle est votre philosophie en matière d’investissement et de gestion ?

On ne peut pas vraiment parler de philosophie, mais plutôt d’une approche globale. L’essentiel dans notre métier est l’écoute. Comprendre les besoins de nos clients est fondamental pour mieux appréhender la façon d’interagir avec eux pour obtenir des résultats.

Aujourd’hui, et grâce aux canaux numériques, les clients sont souvent bien plus informés ou éduqués qu’ils ne l’étaient autrefois. Ils connaissent les marchés et les différentes méthodes de les investir. Mais souvent, ils en oublient l’essentiel : combien, pourquoi, comment ?

Une approche simple, comprendre les besoins, et gérer en bon père de famille. Voilà notre philosophie.


Comment le secteur fait-il face aux retombées économiques de cette pandémie sans précédent ? Y a-t-il eu un énorme changement en ce qui concerne la gestion de patrimoine ?

La crise de la Covid-19 a eu plusieurs effets immédiats sur les activités financières. Tout d’abord, les marchés internationaux ont subi d’énormes pertes face au blocage des échanges dus aux confinements. La perspective d’un ralentissement économique était bien dépassée ! On assistait à l’arrêt quasi total de l’économie mondiale ; la réponse a été immédiate. Face à ces craintes, les banques mondiales ont su rassurer en utilisant les leviers à leur disposition (taux, helicopter money). Les marchés ont ainsi su rebondir.

Par ailleurs, sur le moyen-long terme, l’énorme inconnu restera de savoir quel degré de contraction réel de croissance nous allons devoir affronter ; la récession. Il est encore trop tôt pour se prononcer mais les estimations laissent entendre des chiffres jamais connus. Et si nous devions faire face à une deuxième vague d’infections ? Tout ceci a, en effet, changé radicalement notre façon de travailler. Nous tentons aujourd’hui, en accord avec nos clients, de protéger leur patrimoine, tout en étant opportunistes, mais à très court terme. En d’autres termes, profiter de la sensibilité des marchés, mais surtout encaisser les profits de manière répétée.


Quel est le marché des actifs sous gestion de Victoria Capital Management ?

Le groupe VCM est un groupe international. Outre Maurice, nous avons des antennes en Europe (Monaco, Luxembourg) mais aussi au Moyen-Orient (UAE). Nos activités vont de la gestion privée (wealth management) à la gestion d’organismes de placement collectif (fonds d’investissement). Le groupe gère à aujourd’hui un peu moins d’un milliard d’euros d’assets au travers de ses activités sous licence.


L’impôt sur la fortune a suscité des inquiétudes, notamment chez les fortunés dont les actifs sont domiciliés à Maurice. Quelle a été votre approche pour rassurer les clients ?

Toutes les mesures immédiates de soutien à l’économie (WAS, etc.) ont eu un coût gigantesque pour l’État. Il n’y a pas de multiples façons de pouvoir faire face à une dette qui s’accroît. Il faut augmenter les rentrées fiscales. L’augmentation des impôts pour les plus fortunés a souvent renvoyé certains au spectre du socialisme en Europe, et ils s’en sont parfois inquiétés auprès de nous. Mais il ne faut pas occulter que malgré ces augmentations, limitées à 25 % (au lieu de 40 % comme initialement prévu), le taux d’imposition de Maurice reste toujours attractif pour les grosses fortunes dans le monde qui font face à des taux supérieurs (souvent le double) dans leur pays d’origine. Face à une situation de crise, l’on se doit de participer chacun à l’effort collectif et selon ses moyens.


Dans quelle mesure, l’inclusion de Maurice sur la liste noire de l’Union européenne impactera-t-elle le marché de la gestion de patrimoine ?

Le Premier ministre a très bien su porter réclamation auprès des instances concernées. Toutefois, les conséquences de cette inclusion n’ont pas tardé à se faire sentir. Les rapports avec les contreparties internationales se sont tendus. Des compléments d’informations, une diligence accrue, et même pour certains, des blocages purs et simples de flux financiers ont été actés. Il est clair que d’apparaître sur la même liste que certains pays ne donne pas une bonne image de Maurice.

Mais je me répète souvent à dire à nos clients et contreparties qu’il ne s’agit en aucune façon d’une République bananière ! Maurice a cette grande qualité et surtout la capacité de réagir avec vigueur et professionnalisme à toutes les situations. Pour gage, la réponse à la Covid-19 en a fait un exemple au niveau international ! Nous pouvons être sûrs que les mesures adoptées, et celles qui le seront sous peu, ramèneront la confiance auprès de tous les acteurs internationaux.


Comment devrait évoluer le marché de la gestion de patrimoine dans l’ère post-Covid-19 ?

Je ne pense pas qu’il y ait vraiment un pré/post-Covid dans notre métier ; en tout cas dans son approche fondamentale. Ce qui va changer, ce sont les moyens mis en œuvre pour mener à bien notre mission. Le confinement a conduit au travail à distance, et ce, avec succès. Cela nous a permis de mieux analyser les process et les infrastructures, et ainsi d’améliorer notre efficacité. Je pense que le métier va s’améliorer en qualité, et surtout en professionnalisme. Toutes les expériences sont bonnes à vivre ; il suffit d’en tirer les bons enseignements.




Paolo

Face à une situation de crise, l’on se doit de participer chacun à l’effort collectif et selon ses moyens.

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