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Pooja Luchmun Maulloo: une voix qui porte

Avocate d’affaires, Pooja Luchmun Maulloo apporte un accompagnement légal aux entrepreneurs. À force de persévérance, celle qui ne refuse jamais d’aider a fini par ouvrir son propre cabinet.

SON cheminement a été parsemé d’obstacles mais Pooja Luchmun Maulloo est arrivée à réaliser un de ses rêves : avoir son cabinet. Cette avocate à la cour s’est lancée dans l’entrepreneuriat légal pour aider ceux et celles qui ont besoin d’une main pour s’en sortir. Gentille mais aussi ferme et directe quand il le faut, elle est celle qui ne refuse jamais d’aider. Souriante et pétillante, elle incarne la positivité, la ténacité et la justice.

Pooja Luchmun Maulloo, qui a toujours aimé la justice, a commencé ses études de droit en pensant faire du corporate. Sauf qu’après ses études, elle est appelée à trancher un litige. «J’ai commencé et je n’ai pas arrêté. Plaider un cas afin de remédier à une faute commise contre quelqu’un, afin que la vérité soit entendue et que justice soit rendue est ce pour quoi je suis encore dans cette profession. Nous avons la capacité d’aider.». En même temps, elle a à cœur d’aider et de défendre les femmes victimes de violence, d’abus, de harcèlement ou de discrimination.

Son caractère, sa force et son parcours se forgent grâce à son vécu. Elle a perdu son père, qui était peace keeper pour les Nations unies, dans un tremblement de terre à Haïti en 2010. «J’avais 17 ans et cette perte m’a poussée à voir la vie différemment et à prendre des décisions plus sérieuses concernant ma vie personnelle et professionnelle. Après le décès de mon père, j’ai vu ma mère travailler avec fureur pour pouvoir m’élever et j’ai été témoin de beaucoup d’injustice à laquelle elle a dû faire face parce qu’elle est une femme. Elle n’avait personne à qui parler ou vers qui se tourner. Donc je fais en sorte que d’autres femmes vivant de telles situations condamnables par la loi sachent qu’elles peuvent se tourner vers moi ; c’est ma contribution à la société».

Autre moment fort, c’est la mort de Kaya qui lui a, des années après, ouvert les yeux sur certaines réalités à Maurice. Cela l’a motivé à défendre les plus faibles et les plus démunis. Alors que la Covid-19 a drastiquement changé sa perception du travail, de la famille et la notion de temps, «cela m’a poussée à me mettre à mon propre compte, à aider davantage les autres, à donner priorité à ma famille. Plus particulièrement, la Covid m’a appris que le travail pouvait être épanouissant et pouvait amener de la valeur autre que monétaire. Je privilégie également les entrepreneurs, sachant qu’ils doivent faire face à des temps difficiles. Monter une entreprise n’est pas chose facile. J’offre de ce fait aux entrepreneurs un accompagnement légal en me chargeant de la structure légale pour qu’ils puissent se focaliser sur la croissance de leur entreprise.»

La jeune femme fait également du volontariat, notamment dans le combat contre la violence faite aux femmes et aux enfants. Avec tout ce bagage, elle décide de prendre son propre envol en lançant son propre cabinet : SPL Chambers

Cependant, lancer SPL Chambers après la pandémie de Covid-19 n’a pas été chose facile. L’avocate raconte que comme tout autre entrepreneur, elle a dû faire face à des difficultés sur le plan financier, trouver les fonds nécessaires pour rendre la pratique viable, et pour rencontrer les clients tout en respectant les restrictions sanitaires. «Puisque nous œuvrons dans l’accompagnement légal et nous organisons aussi des ateliers de travail pour les entreprises, cela n’a pas toujours été pratique de planifier des rencontres ou des sessions de travail en présentiel. Heureusement, avec la technologie, je me suis s’adaptée», raconte-t-elle.

 Garder le sourire et faire ce qui est juste

Dans sa vie professionnelle, elle se rappelle quelques anecdotes qui lui ont permis de s’affirmer. «Quand j’étais avocate dans le corporate, je venais d’intégrer la société et donc, on ne me connaissait pas encore. Ayant passé de longues heures au tribunal à plaider, j’ai développé une voix et un ton qui portent. Malgré ma taille moyenne, je m’exprime avec fermeté. Je me souviens que le premier jour, un des chefs de département de cette entreprise m’a appelée au téléphone pour un avis. Il a été pris au dépourvu et même intimidé par ma voix si bien qu’il ne savait plus la raison de son appel. J’en rigole encore. Similairement, une fois au tribunal, quand je venais de débuter, je prenais la parole dans une affaire pénale. La cour était assez bruyante mais au moment où j’ai pris la parole, elle s’est tout de suite tue et tout le monde m’a écoutée religieusement. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas à la maison

Elle se rappelle un souvenir d’enfance qui l’a marquée à vie. «Je devais avoir 7 ou 8 ans. J’étais à la maison avec mon père, et il me lisait un magazine. Arrivé à un article sur une célébrité, il me regarda et me dit : «Pooja, remember: you always get what you deserve in life. Stay humble». Je ne sais pour quelle raison c’est resté gravé dans ma mémoire et encore aujourd’hui, ces mots m’accompagnent toujours dans tout ce que j’entreprends», confie-t-elle. Elle ajoute que son père a fait carrière dans les forces de l’ordre. Il a rejoint la Special Mobile Force, ensuite la force policière où il a constitué l’équipe se spécialisant dans e maniement des bombes. Il a finalement été engagé par les Nations unies pour des missions à l’étranger. Sa mère, pour sa part, a toujours travaillé dans le domaine de l’administration et des ressources humaines.

«Je veux qu’on se souvienne de moi comme celle qui était tout le temps prête à aider les autres»

«Je veux qu’on se souvienne de moi comme celle qui avait toujours le sourire et qui était tout le temps prête à aider les autres, peu importe les obstacles, les peines ou les difficultés auxquels qu’elle devait faire face. Mon père disait toujours de garder le sourire et de faire ce qui est juste. Mon héritage serait la réalisation du devoir d’aider ceux qui en ont besoin et de s’aider soimême. L’important est de s’élever personnellement, de s’améliorer toujours en tant qu’être humain et de redonner à la communauté», raconte-t-elle.

En se projetant dans l’avenir, elle se voit toujours avocate et chef d’une entreprise qui grandira, et toujours activiste pour les droits de la femme. «J’ai l’ambition d’étendre ma société et de recruter plus de personnes. Je ne cesserai pas d’accroître mes connaissances et compétences. Qui sait, j’aurais peut-être aussi mon studio de yoga», laisse-t-elle échapper en guise de conclusion.

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