Gestion patrimoniale : Les riches étrangers dynamisent le marché

Tout les millionnaires le savent : il faut gérer avec prudence son patrimoine. Rester près de son argent est une règle d’or sous peine de voir sa fortune s’effriter avec le temps. Et aujourd’hui, il n’est nul besoin de se tourner vers des banquiers helvétiques pour administrer ses fonds. Car Maurice, bien que ne possédant pas le savoir-faire de la Suisse et de Londres, demeure une force de proposition dans la gestion patrimoniale.

Tout a commencé au début des années 90 avec la création de l’offshore. L’absence de contrôle des changes, qui constitue la substance même du centre financier mauricien, permet le transfert des capitaux. Bien vite, le pays établira un réseau d’accords de nondouble imposition, notamment avec l’Inde. Les investisseurs étrangers affluent. Le géant suisse Edmond de Rothschild voit une opportunité et implante l’une de ses branches à Maurice. Mais l’aventure est de courte durée. Malgré son potentiel, le pays n’est pas encore mature pour offrir un service de gestion de fortune digne de ce nom. 

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Des professionnels aguerris

Sans tambour, ni trompette, Maurice se dote d’un bassin de professionnels aguerris dans la gestion de fortune. Avec l’arrivée du nouveau millénaire, les institutions bancaires se mettent de la partie, offrant des prestations de banque privée (Private banking), que ce soit aux Mauriciens et étrangers. Mais c’était surtout un service bancaire personnalisé auquel est venue se greffer la gestion de fortune. Celle-ci englobe aussi bien des solutions de placement sur les marchés des capitaux à Maurice et à l’étranger que des solutions plus pointues comme la structuration de sociétés fiduciaires pour assurer, notamment, la transmission du patrimoine à la prochaine génération.

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Avec l’enrichissement de la population mauricienne, d’une part, et la politique d’ouverture aux étrangers suivant l’avènement de l’Integrated Resort Scheme, d’autre part, le nombre de millionnaires sur le sol mauricien a rapidement décuplé. Ce qui a créé une plus forte demande pour les services de gestion patrimoniale. D’ailleurs, le dernier Global Wealth Migration Review d’AfrAsia place Maurice en troisième position des marchés de la gestion du patrimoine avec une croissance de 195 % entre 2007 et 2017. Nous nous classons derrière le Vietnam et la Chine.

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L’attrait que représente Maurice pour la structuration patrimoniale a poussé le groupe suisse Pleion, qui possède des filiales au Luxembourg et à Hong Kong, à s’implanter à Maurice. Il propose à une clientèle essentiellement composée d’hommes d’affaires étrangers utilisant le global business mauricien pour leurs transactions frontalières une panoplie de services spécialisés comme la relocalisation et le family office.

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S’il est un fait que le marché est en pleine croissance, les institutions financières ont toutefois la quasi-obligation d’offrir à une clientèle avisée un service proche de l’excellence. Et nous en sommes capables. De l’avis de Guillaume Passebecq, Head of Private Banking and Wealth Management à Bank One, Maurice n’a rien à envier à la Suisse ou à la France en matière de gestion de fortune. «On ne peut pas servir une clientèle si l’on n’arrive pas à ce standard. À Bank One, nous mettons tous les moyens en œuvre pour aider nos banquiers privés à se perfectionner», soutientil. Il est rejoint par le General Manager d’AfrAsia, Thierry Vallet, qui fait remarquer que «nous pouvons compter sur une expertise de plus en plus pointue. Généralement, les banquiers privés ont une expérience internationale. Ainsi, l’on arrive à des niveaux de compétences similaires à ce qu’on retrouve ailleurs».

De son côté, Patrick Héritier, CEO de Pleion, est d’avis que «Maurice doit s’améliorer pour être encore plus compétitif et développer ses compétences dans la gestion de fortune sur les plans local et global. Au niveau de Pleion, nous nous engageons à transposer le savoir-faire suisse ici». 

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 Un régime fiscal attrayant

La croissance à venir du marché de gestion de fortune devrait s’inscrire dans le cadre de la politique d’ouverture du pays vis-à-vis des étrangers et de la diaspora mauricienne. Du reste, selon le Global Wealth Migration Review, Maurice devrait enregistrer une hausse de 150 % du nombre de millionnaires en termes de dollars d’ici à 2027 grâce à la solide croissance du secteur financier. «Maurice est un pays sûr et propice aux affaires. Son régime fiscal est faible par rapport au reste de l’Afrique. Des atouts qui font qu’il est une destination de choix pour la migration des grosses fortunes», souligne le rapport.

Et Virginie Constant, directrice de la Gestion Privée de la Banque des Mascareignes de renchérir :  «Cette politique d’ouverture accrue va sans nul doute continuer de doper l’arrivée des flux de capitaux/d’investisseurs haut de gamme dans le pays. Ce faisant, pour capter de nouvelles parts de marché, il faudra être novateur et se démarquer. Le régime fiscal attrayant de Maurice continue d’attirer les étrangers et ce phénomène devrait se poursuivre aussi longtemps que nous maintenons notre politique d’ouverture». 

Le marché patrimonial reste très dynamique et concurrentiel. Outre les acteurs traditionnels, il est lorgné par les sociétés d’assurances.