Type to search

Maurice doit se positionner dans le Nouveau monde

Share
Maurice doit se positionner dans le Nouveau monde | business-magazine.mu

Pleion ambitionne de faire de Maurice une plateforme pour la gestion de fortune. Comment s’articule votre stratégie ?

Pleion est présente à Maurice depuis 2006. Son activité principale réside dans la gestion de fortune. Elle est également engagée dans la distribution de produits financiers, le Family office, l’accompagnement des clients privés pour leurs besoins de recherche immobilière ou de délocalisation, le global business et l’administration des fonds. Nous développons aussi des solutions informatiques adaptées aux besoins de notre métier. À ce jour, nous comptons 106 collaborateurs répartis dans trois bureaux à Ebène et GrandBaie. Notre approche consiste à utiliser l’expertise du savoirfaire suisse et international de Pleion dans la gestion de fortune en y greffant les compétences acquises à Maurice sur les marchés africains. Nous avons la volonté de développer des compétences en finance d’entreprise et d’offrir via la plateforme mauricienne des solutions à ceux qui investissent et font du commerce en Afrique. Nos clients sont d’Asie, d’Afrique et d’Europe et leurs besoins sont, bien évidemment, internationaux. Ce côté international, nous l’amenons avec notre présence dans une quarantaine de banques réparties dans huit juridictions. À cette clientèle internationale, Pleion offre un service conseil. De même, elle vient répondre à ses besoins en gestion de fortune et en investissement. Maurice est une plateforme entre l’Afrique et le reste du monde. Notre stratégie est de pouvoir offrir à nos clients les outils et les solutions pour exercer au mieux leurs activités. Nous développons nos services en fonction des aspects réglementaires et de la ligne directrice du gouvernement et de la Financial Services Commission (FSC). Je dois dire que Maurice bouge vers plus de transparence et de conformité notamment en ce qui concerne la fiscalité.

}

Le centre financier mauricien s’est engagé dans une série de réformes d’ordre réglementaire et fiscal pour se conformer aux exigences de l’OCDE. Cela dit, comment est-ce que vous vous réorganisez pour accompagner votre clientèle internationale ?

Le succès de Maurice passe par l’exemplarité de la place. Concernant les réformes, on ne peut que saluer la volonté du gouvernement et de la FSC car elles permettront aux sociétés de global business de faire montre de substance. Au même titre que le Luxembourg, de la Suisse et de Singapour, Maurice est un petit pays qui doit se montrer exemplaire ; c’est la seule voie du succès. Au niveau de Pleion, on accompagne les clients tout au long de l’année pour s’assurer qu’ils se positionnent au bon endroit et qu’ils prennent les bonnes décisions. Dans cette optique, on fait appel aux meilleurs cabinets d’audit. Comme je l’ai dit, la différence se fera dans l’excellence. Une valeur qui, je dois dire, est dans notre ADN. Vous n’êtes pas sans savoir que ‘Pleion’ est un mot grec qui signifie ‘excellence’.

}

Est-ce que Maurice peut s’imposer comme un hub pour structurer les investissements à destination de l’Afrique ?

Sur le plan réglementaire, la volonté est là. Maurice a un rôle à jouer dans le financement et les transactions liées à l’Afrique. Il y a un ensemble de facteurs qui plaident en sa faveur. Vous avez une population plurilingue. Et le pays dispose d’un système juridique robuste et hybride alliant le Common law et le Code civil français. Vous pouvez vraiment vous positionner comme une plateforme financière pour tout ce qui touche à l’Afrique. Et là, il ne faut pas se limiter aux investissements transfrontaliers. Aux investisseurs internationaux, on peut proposer d’autres véhicules comme le capital-investissement. Une fois que ces instruments seront maîtrisés, la phase suivante consistera à être un facilitateur pour les opérations de fusion-acquisition. Une réglementation reconnue pour sa transparence donnera confiance aux investisseurs et permettra d’attirer les opérations de financement. Je pense qu’à terme, le pays peut se développer comme un marché de titres de créances. Mais, au préalable, il faut qu’il dispose d’une place financière transparente. Certainement, Maurice ne s’érigera pas du jour au lendemain dans les mêmes créneaux que la Suisse, Singapour et le Luxembourg. En revanche, Maurice peut devenir le leader pour les transactions et le financement des activités en lien avec l’Afrique.

}

Y a-t-il un intérêt de la part des investisseurs de s’engager dans des opérations de capital-investissement ?

À Pleion, nous nous positionnons dans le créneau de capital-investissement. La demande est en hausse. Elle vient aussi bien de l’Occident que de l’Orient.


Depuis la révision de la convention fiscale avec l’Inde, le secteur du global business se repositionne sur l’Afrique. Actuellement, près de 50 % des nouvelles structures offshore font du business sur le continent. Dans ce contexte, comment Pleion se réorganise-t-elle pour accompagner les investisseurs internationaux ?

Pleion a démarré ses activités de structuration d’opérations de global business trois ans de cela. Elle se positionne sur l’Afrique, mais également sur l’Europe. C’est vous dire que nous n’avons pas connu la période d’avant 2015. Nous nous positionnons dans le Nouveau monde. Nos activités sur l’Afrique sont en pleine croissance. Conformément à notre ADN, nous sommes dans une démarche de qualité et non de volume. Nous sommes dans du sur-mesure et ne nous cantonnons pas à un type de client. Dans le cadre de notre stratégie d’utiliser Maurice comme une plateforme pour aller en Afrique, nous allons, par ailleurs, ouvrir un bureau à Monaco.

}

Alors que Maurice se repositionne sur l’Afrique, qui seront ses concurrents ?

Dubaï et le Maroc avec Casablanca vont tenter de nous concurrencer, mais Maurice a les meilleures cartes en main pour demeurer et se développer comme le leader pour les échanges commerciaux de l’Afrique avec le reste du monde.


Avec plus de deux siècles d’expertise dans la haute finance, la Suisse peut inspirer Maurice. Au niveau de Pleion, quels sont les moyens que vous mettez en œuvre pour transmettre le savoir-faire helvétique à vos équipes ?

Il y a de nombreux parallèles qu’on peut établir entre la Suisse et Maurice, que ce soit d’un point de vue linguistique, culturel ou politique. Chez Pleion, nous organisons régulièrement des programmes d’échanges. Nombre de collaborateurs mauriciens ont ainsi pu venir en Suisse. L’objectif est de leur permettre de s’approcher de l’excellence. Ce qui implique aussi toute une culture du travail. C’est dans cette optique que d’un point de vue opérationnel, l’on passe d’un système de leadership personnel à un modèle où l’on prône le travail en équipe. D’ailleurs, nous travaillons en ce moment sur une approche de méritocratie d’équipe. C’est notre façon de transférer le savoir-faire suisse. Je suis d’avis que ce modèle d’organisation peut rendre le secteur financier mauricien plus performant.