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Thierry goder : «Le secteur des TIC et les services financiers recrutent en abondance»

La pandémie a apporté de profonds changements au marché de l’emploi. Malgré tout, nombre d’entreprises sont allées de l’avant avec leurs campagnes de recrutement, observe Thierry Goder. En cette période de reprise, la dynamique est bonne dans plusieurs secteurs. Ainsi, les secteurs liés à l’alimentation, le commerce et la distribution, les services financiers, l’hôtellerie, les tic et l’immobilier recrutent beaucoup en ce moment. Toutefois, il y a des défis à relever. Ainsi, l’une des principales inquiétudes porte sur l’exode de la main-d’œuvre, notamment dans le secteur financier. Ce qui amène le CEO d’Alentaris à dire que maurice est victime de son succès. Il estime, par ailleurs, que dans la conjoncture actuelle, le taux de chômage ne doit pas être une obsession.

Longtemps sous cloche, l’économie mauricienne a enfin redémarré en 2022. Cela s’est ressenti sur le marché de l’emploi, avec le taux de chômage chutant à 7,6 % au troisième trimestre de 2022 contre 9,6 % à la même période en 2021. En tant que professionnel dans le domaine du recrutement, quelles sont vos observations ?

Je vous remercie de m’inviter dans vos colonnes pour vous partager humblement mes perspectives pour 2023. J’ai eu la chance de vous partager, il y a quelques mois, mon constat sur le sujet. L’on évoquait déjà une certaine ‘dynamique’ en comparant les années compliquées comme avec la pandémie de la Covid-19 et le contexte après le premier confinement post-Covid-19. Beaucoup d’entreprises, dont des PME, ont dû se séparer de leurs collaborateurs pour survivre et attendre que l’orage passe. Pendant le second confinement, nous avions constaté une résilience dans certains secteurs qui n’avait pas cessé de recruter. Par ailleurs, cela a semblé insuffisant pour réduire le taux de chômage.

Dès l’ouverture de nos frontières en octobre 2021, nous avions remarqué une certaine reprise des activités. Celle-ci a été soutenue en 2022. Je pense que la baisse du taux de chômage vient aussi du fait de la réouverture des frontières. Au-delà du redémarrage du secteur touristique, cela a contribué à amener un regain de confiance chez les investisseurs potentiels qui effectuent des placements dans des projets de développement de leurs activités et amènent des possibilités d’emploi. D’où l’impact positif. Nous devons avancer avec confiance et continuer nos efforts de redressement, car il existe une incertitude globale avec la conjoncture géopolitique actuelle. Les crises que subissent l’Europe et l’Amérique ou encore la guerre en Ukraine sont des aspects qui impacteront notre économie.

L’inflation demeure une préoccupation majeure. À fin décembre, son taux s’élevait à 12,2 %. Comment ce contexte inflationniste impactera-t-il le marché de l’emploi ?

L’inflation galopante amène un niveau d’incertitude supplémentaire, ce qui réduit la croissance potentielle du pays. En gros, plus l’inflation est élevée, plus la rentabilité des investissements est difficile à estimer et une baisse de leur volume est à craindre. Cette baisse d’activité peut entraîner une stagnation, voire une récession.

En gros, dans ce contexte exceptionnel, je pense que la communauté des affaires sera prudente dans ses campagnes de recrutement. Il ne serait pas étonnant dans cette incertitude que le taux de chômage reste entre 7 % et 8 %. Néanmoins, des postes continueront à être créés et seront appelés à trouver preneurs dans les secteurs où la croissance est constante. L’on peut citer en exemple le secteur du tourisme où l’on ne boudera pas le fait d’avoir frôlé la barre des 1 million de touristes en 2022.

Aussi, je pense que nous ne devons pas nous laisser hanter par la baisse du taux de chômage car il existe un «taux de chômage naturel».

Si tout se passe bien, 2023 pourrait bien être l’année du grand redémarrage. Quand on connaît la corrélation entre la croissance et le marché de l’emploi, peut-on se permettre d’être optimiste ?

Au niveau mondial, on s’attend à une croissance autour de 2,7 %. Dans un contexte purement local, je lisais l’article d’un économiste qui disait que les choses iront en s’améliorant dès juillet 2023. C’est une excellente nouvelle ! La croissance tournerait autour de 6 % à Maurice. Mais nous sommes déjà sur la bonne voie. L’on a d’ailleurs constaté que notre performance de croissance pour 2022 a été de 6,2 %, dopée par les activités liées au secteur touristique. Je pense donc que nous devons être optimistes et je suis heureux de constater le nombre d’emplois disponibles dans l’hôtellerie qui est juste incroyable. De ce fait, il ne nous reste plus qu’à nous retrousser les manches, car tout un écosystème en bénéficiera.

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