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Industrie pharmaceutique : En faire un futur pilier de l’économie

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Industrie pharmaceutique: Biolabex lance une unité de production | business-magazine.mu

Le développement de l’industrie pharmaceutique fait partie intégrante du programme économique du gouvernement visant à se diversifier dans de nouveaux secteurs d’activité en ciblant des produits à haute valeur ajoutée. À ce jour, de nombreuses entreprises ont manifesté leur intérêt à s’y lancer.

L’objectif du gouvernement est de développer la fabrication de produits pharmaceutiques et de vaccins pour en faire une industrie susceptible de devenir un pôle de croissance pour l’économie mauricienne. L’accent mis sur cette industrie a été souligné lors du Budget 2021-2022, avec un financement initial de Rs 1 milliard prévu pour les laboratoires pharmaceutiques et de vaccins de renommée internationale en vue d’établir des activités de fabrication à Maurice. La création du Mauritius Institute of Biotechnology (MIB) est également prévue dans le but de canaliser ce financement vers des projets qui répondent aux conditions fixées par le gouvernement.

L’Economic Development Board (EDB) a ainsi lancé en juin dernier une Expression of Interest (EoI) pour le développement d’une industrie pharmaceutique et biotechnologique à Maurice dans les domaines prioritaires des vaccins et des produits pharmaceutiques. Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, fait ressortir que 40 entreprises se sont manifestées pour l’EoI, qui comprenait non seulement la fabrication de vaccins, mais aussi de produits pharmaceutiques génériques et de dispositifs médicaux, entre autres. En ce qui concerne la fabrication de vaccins, neuf entreprises ont manifesté leur intérêt et cinq ont soumis des propositions commerciales. Les discussions sont toujours en cours avec une société biopharmaceutique basée en Afrique du Sud ; les promoteurs devraient lancer les procédures relatives à la mise en œuvre du projet d’ici au premier trimestre 2022.

Dans le cadre de l’exercice d’évaluation, l’EDB avait fait appel aux services du Dr Deoraj Caussy, un expert indépendant en épidémiologie et en virologie, pour évaluer les cinq propositions reçues. Celui-ci a soumis son rapport fin octobre, qui comprend des recommandations sur les propositions susceptibles d’être prises en considération par les autorités concernées. Parallèlement à cet exercice, des discussions sont menées avec des entreprises produisant des vaccins de la Covid-19 approuvés par l’OMS, en Inde et aux États-Unis. Le MIB, qui a été récemment créé, supervisera la mise en œuvre de cette mesure budgétaire.

Le secteur de l’industrie pharmaceutique et biotechnologique est en pleine expansion sur le marché global, et il est important que Maurice se positionne sur ce marché. Et cela apparaît comme une continuité logique dans le développement de ce secteur à Maurice. Nous avons déjà plusieurs étapes de la chaîne de valeur, telles que la recherche, le préclinique et les essais cliniques. Donc, il paraît évident de mettre maintenant l’accent sur la production et la fabrication de produits pharmaceutiques. De plus, afin de limiter les risques pour les promoteurs, le gouvernement a mis en place des plans d’encouragement au niveau des taxes issues du revenu sur ces types d’activités. Cela est nécessaire afin d’encourager les acteurs locaux à se lancer dans ce créneau, et surtout de pouvoir attirer des investisseurs étrangers pour nous aider à développer cette industrie à Maurice», souligne le Dr Fabien Boullé, neuropharmacologue, fondateur et CEO d’Axonova.

De son côté, Nirmala Jeetah, Director – Bio Industry & Project Development de l’EDB, fait ressortir que l’industrie pharmaceutique est considérée comme un secteur susceptible de devenir un moteur de croissance pour l’île Maurice. C’est pourquoi l’EDB travaille activement avec les autorités compétentes, dont le ministère de la Santé et du Bien-être et le Pharmacy Board, afin d’élaborer des directives pour la mise en place de futures installations de production pharmaceutique à Maurice. Elle précise que l’EDB s’efforce également de promouvoir Maurice comme une juridiction potentielle pour la fabrication de produits pharmaceutiques. À la suite des restrictions de voyage imposées par la Covid-19, l’EDB a utilisé les médias numériques pour toucher le public cible et s’est servi de ses bureaux à l’étranger pour présenter aux investisseurs potentiels les opportunités d’investissement dans le secteur.

GOOD MANUFACTURING PRACTICES

«Nous avons également conseillé le gouvernement sur un certain nombre de politiques qui pourraient permettre un développement accéléré de cette industrie à Maurice, en termes d’avantages fiscaux et non fiscaux qui pourraient être accordés aux entreprises qui s’y engagent. En outre, l’EDB collabore avec Landscope Mauritius pour commercialiser le futur Pharmaceutical and Life Sciences Park et obtenir un maximum de propositions de la part des entreprises réputées», explique Nirmala Jeetah.

Selon certains observateurs, la vision de faire de Maurice une plaque tournante pharmaceutique ne peut être réalisée qu’avec un partenariat significatif entre le privé et le secteur public. En mai 2019, Aspen Global Incorporated avait partagé avec le gouvernement un Livre blanc pour promouvoir l’industrie pharmaceutique à Maurice. Les principes qui avaient été partagés étaient simples, mais très profonds. La société avait suggéré un comité de travail public-privé pour évaluer la situation globale pour baliser les zones de développement. Ensuite, il s’agissait de définir des étapes d’action pratiques pour concilier l’état actuel et la vision future.

D’un autre côté, il faut s’assurer d’améliorer les Good Manufacturing Practices (GMP) et les Good Laboratory Practices (GLP) en s’associant à et en rejoignant certaines organisations mondiales comme le Pharmaceutical Inspection Cooperation Scheme. Il faut aussi mettre à niveau l’infrastructure dans la zone qui abritera la fabrication pharmaceutique. À titre d’exemple, il faut veiller à une bonne purification de l’eau, une bonne gestion des déchets et au recyclage, entre autres. Il serait aussi judicieux de mettre sur pied des incubateurs publics qui soutiendraient les start-up au-delà de la création de leurs entreprises. Finalement, il faut également améliorer les procédures d’importation et d’exportation pour tenir compte des besoins de l’industrie pharmaceutique.

Le secteur pharmaceutique requiert également des compétences qualifiées. Et le Dr Fabien Boullé reconnaît que ce type de compétences reste rare à Maurice. Pour assurer la croissance de ce secteur, il va être primordial de travailler en étroite collaboration avec le secteur académique afin de développer des cursus universitaires permettant de former les futurs scientifiques sur les métiers de l’industrie pharmaceutique, mais également d’attirer les talents mauriciens partis faire carrière dans l’industrie pharmaceutique en dehors du pays.

Nirmala Jeetah rappelle que l’Université de Maurice propose déjà des cours dans un certain nombre de domaines directement liés à l’industrie pharmaceutique. Cependant, en l’absence d’activités liées à la fabrication de produits pharmaceutiques dans le pays, les diplômés sont absorbés par d’autres industries. Dans un premier temps et afin d’accélérer la mise en place de cette industrie à Maurice, le pays devra dépendre de compétences étrangères pour exploiter les installations de fabrication. Cependant, en parallèle et en consultation avec les autorités compétentes, une stratégie de développement de la main-d’œuvre sera élaborée pour former et développer les talents locaux qui seront éventuellement qualifiés pour gérer ces installations.

Par ailleurs, la question est de savoir dans combien de temps peut-on s’attendre à ce que le secteur pharmaceutique devienne un pilier de l’économie mauricienne. À cela, Nirmala Jeetah répond que tout au long de ses étapes de développement, Maurice a réussi à transformer les défis en opportunités, à fournir un cadre législatif et commercial propice aux investissements du secteur privé mauricien et étranger, et à veiller à ce que les exigences en matière de renforcement des capacités et de formation soient satisfaites pour créer des secteurs clés qui sont aujourd’hui devenus de véritables moteurs de croissance pour notre économie. Cela a également permis à Maurice d’émerger en tant qu’économie diversifiée, large et résiliente face aux chocs exogènes. La pandémie de la Covid-19 et le changement climatique nous ont obligés, plus que jamais, à voir une nouvelle normalité façonner notre monde caractérisé également par l’utilisation de la technologie et de l’innovation.

«L’industrie pharmaceutique, dans de telles situations de crise, a connu une véritable transformation avec une course pour les nations à s’impliquer dans la chaîne de valeur pour l’approvisionnement et la fourniture de médicaments clés ainsi que des services de santé connexes pour protéger les vies et les moyens de subsistance. Maurice a mis en place un écosystème florissant pour attirer la recherche et les essais cliniques, la fabrication de produits pharmaceutiques génériques pour les marchés de la région et au-delà, et s’est engagé dans des essais précliniques avec des organisations mondiales de recherche sous contrat. La production de vaccins est aujourd’hui une étape logique pour nous et elle est censée faire partie de cette nouvelle stratégie des sciences de la vie que nous développons. Le cadre législatif adéquat, le partenariat mondial, le soutien technique et l’accès au marché restent des aspects essentiels pour garantir que l’industrie est fermement ancrée dans le développement et la croissance. Le développement de l’industrie pharmaceutique à Maurice est une entreprise de longue haleine, mais nous sommes convaincus que l’île atteindra ses objectifs à court et à long termes», souligne Nirmala Jeetah.

Forte dépendance de l’importation pour les produits pharmaceutiques

Il faut savoir que Maurice est fortement dépendant de l’importation de produits pharmaceutiques pour l’approvisionnement des établissements de santé publics et privés. En 2019, la valeur marchande des produits pharmaceutiques importés et distribués dans le pays a été estimée à plus de Rs 5 milliards, soit 20 % des dépenses totales de santé. Les dépenses publiques en produits pharmaceutiques s’élevaient à environ Rs 1 milliard, soit environ 74 % de ses approvisionnements auprès des pharmacies de gros locales. Les importations directes représentaient les 19 % restants et les 7 % résiduels provenaient de fournisseurs internationaux. Par ailleurs, environ Rs 4 milliards, soit 80 % des dépenses pharmaceutiques totales, étaient privées, financées principalement par les out-of-pocket. Les pharmacies de gros sont les plus grands importateurs de produits pharmaceutiques à Maurice avec une part de 94 % en 2019. Les autres importateurs sont le gouvernement, principalement par le biais du ministère de la Santé, les pharmacies de détail, les cliniques privées et les sociétés de recherche. Il a également été observé que la valeur cost, insurance and freight (CIF) des produits pharmaceutiques importés pour être distribués localement a augmenté en fonction de la demande croissante des services de santé. Par exemple, entre 2017 et 2019, cette valeur est passée de Rs 3,3 milliards à Rs 4,1 milliards. En ce qui concerne le volume, environ 5 745 tonnes ont été importées en 2019, contre environ 5 000 tonnes en 2017. Sur la période 2017-2019, cela représente une augmentation de 24 % et 15 % en termes de valeur et de volume, respectivement.

 

40 pharmacies de gros et 354 pharmacies de détail

LA MAJEURE partie des produits pharmaceutiques disponibles dans les canaux de distribution publics et privés sont importés et fournis par des pharmacies de gros enregistrées. En juillet 2020, on comptait 40 pharmacies de gros enregistrées. Parmi elles, quatre sont les plus importantes, avec une part combinée de l’approvisionnement supérieure à 60 %, et sont des représentants et/ ou des distributeurs désignés de 14 grandes sociétés pharmaceutiques internationales. Si une évaluation du marché pharmaceutique de gros au sens large n’indique pas un tel degré de concentration, une analyse plus approfondie du marché révélerait inévitablement plusieurs sous-marchés ou marchés pertinents concentrés. Cela s’explique par le fait que, contrairement à d’autres produits de base, la substitution entre produits pharmaceutiques est limitée, même pour des molécules ayant une valeur thérapeutique équivalente. Cela peut être attribué, entre autres facteurs, aux habitudes de prescription des médecins et à leur inertie à changer de produit en raison des risques de provoquer des effets secondaires ou de l’intolérance des patients. Selon l’étude sur le marché pharmaceutique publiée par la Competition Commission, dans les établissements de santé publics, les produits pharmaceutiques sont distribués dans les différents points de prestation de soins. Dans le circuit de distribution privé, il existe actuellement environ 354 pharmacies de détail sur l’île. 43 de ces pharmacies de détail sont la propriété de 8 pharmacies de gros. À cet égard, il a été avancé que les liens verticaux entre les pharmacies de détail et de gros pourraient inciter fortement ces pharmacies de détail à promouvoir leurs propres produits au détriment d’autres pharmacies de gros non intégrées. Cette question ne semble toutefois pas susciter de préoccupations majeures en ce qui concerne les médicaments soumis à prescription. Il en est ainsi parce que ce sont les médecins qui décident du choix des médicaments plutôt que les utilisateurs ou les pharmacies. Les pharmacies de détail ne peuvent promouvoir leurs propres produits que si les médecins sont incités à le faire. Il convient toutefois de noter que la publicité pour les produits pharmaceutiques n’est pas autorisée

 

 

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