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Cader Sayed-Hossen : «L’on devrait arriver à un prix au baril tournant autour de 95 dollars»

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CADER SAYED-HOSSEN

Ancien Ministre du Commerce, Cader Sayed-Hossen revient sur les facteurs géopolitiques à l’origine de la flambée des prix pétroliers et l’impact qui en résulte sur l’économie mauricienne.

Le prix du baril de pétrole vient de dépasser les $ 90 pour atteindre son plus haut niveau depuis 2014 et risque de franchir la barre des $ 100 au cours de cette année. Comment expliquez-vous cela ?

Avec l’apparition du variant Omicron, tout le monde pensait que l’on aurait affaire à une contraction substantielle au niveau de la demande de pétrole. Cependant, cette contraction n’a pas eu lieu et l’on a assisté à une baisse dans la production de pétrole de la part de certains pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ainsi qu’un arrêt provisoire entre l’Irak et la Turquie après un attentat sur leur pipeline. Concernant les prochains mois, le prix du baril de pétrole pourrait continuer à grimper en flèche d’après les analyses de plusieurs observateurs. Toutefois, s’il y a une augmentation à la pompe aux États-Unis, je vois mal le président Joe Biden faire avaler cette pilule au peuple américain dans ce contexte de crise économique et sociale liée à la pandémie de la Covid-19. Mis à part l’impact sur le reste du monde, le franchissement de la barre des $ 100 le baril risque de créer des tensions diplomatiques entre Riyad et Washington. Selon moi, les États-Unis vont mettre une partie de leurs réserves sur le marché pour contrer cela et l’on devrait arriver à un prix au baril tournant autour des $ 95.

Après la dernière augmentation qui a eu lieu en décembre 2021, les consommateurs mauriciens doivent-ils s’attendre à une nouvelle hausse sur le prix à la pompe ?

D’emblée, il faut savoir que le document officiel de la State Trading Corporation ne donne plus le prix de référence du baril de Brent. Entre le 29 décembre et aujourd’hui, le baril de Brent est passé de $ 79 à plus de $ 90, ce qui représente une hausse d’environ 11 %. Sous mon mandat, la STC était opérationnellement indépendante dans le sens où elle gérait elle-même sa politique de prix. En cas de baisse dans le prix du dollar ou le prix du pétrole, elle utilisait le surplus pour constituer des réserves qui agissaient alors comme buffer dans l’éventualité d’une hausse des prix. C’est de cette manière que l’on a pu maintenir les prix pendant deux ans alors que le prix du pétrole prenait l’ascenseur. Néanmoins, aujourd’hui, la STC verse tout surplus, un montant qui peut atteindre Rs 5 milliards ou 6 milliards, dans la caisse centrale du gouvernement via le Consolidated Fund. Cette manœuvre comporte deux implications lourdes pour les Mauriciens ; premièrement, l’on ne peut plus compenser une hausse éventuelle dans le prix du pétrole et dans un second temps, ce surplus permet au gouvernement actuel d’effectuer du cosmetic budgeting en réduisant artificiellement le déficit. Selon la formule de calcul de la STC, toute hausse de plus de 10 % justifie une éventuelle augmentation à la pompe, même si les autorités ne sont pas dans l’obligation de le faire. Dans l’état actuel des choses, même en prenant en compte les différentes taxes, cette hausse ne devrait pas se faire. Je tiens cependant à préciser que l’on reste à la merci du ministère des Finances étant donné l’absence de surplus et une estimation en hausse concernant le prix du baril de pétrole.

Quelle doit-être la stratégie d’approvisionnement selon vous ?

Le hedging est toujours une option risquée, mais je ne m’aventurais pas à proposer une stratégie d’achat pour le gouvernement. Pour cause, celui-ci a les mains libres en ayant accès à des fournisseurs directs et des marchés préférentiels. J’estime que c’est sa responsabilité de hunt around pour trouver les meilleurs taux pour le bénéfice de tous les Mauriciens. Je profite aussi de l’occasion pour souligner que l’Excise duty sur l’essence représente plus de 48 % du Cost, Insurance and Freight (CIF), ce qui fait de lui le produit le plus violemment taxé à Maurice !

«L’essence est le produit le plus violemment taxé à Maurice»

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