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La volatilité des cours pétroliers met la pression sur le prix du carburant

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Carburants

Après un apaisement suivant l’accord trouvé par Emmanuel Macron pour un sommet Joe Biden et Vladimir Poutine, de nouvelles tensions ont surgi lundi donnant lieu à une remontée des cours pétroliers. À Maurice, une nouvelle hausse des prix du carburant est imminente. 

L’annonce de Moscou que cinq «saboteurs» ukrainiens auraient été abattus en essayant de traverser la frontière est venue une nouvelle fois jeter de l’huile sur le feu. Du coup, le prix du baril de Brent a grimpé à environ 95,28 dollars tandis que celui du West Texas Intermediate (WTI) montait à 92,46 dollars. Une nouvelle escalade après l’accord trouvé par Emmanuel Macron pour une rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine. Toutefois, un autre facteur est venu apaiser ce marché extrêmement tendu, à savoir le retour de l’Iran à la table des négociations. Pour cause, il semblerait que l’accord nucléaire de 2015 des Iraniens soit en passe de se concrétiser.

Interrogé sur la possibilité du retour de l’Iran à la table des négociations, Amit Bakhirta, CEO d’Anneau, souligne d’emblée que le négociateur nucléaire en chef, Ali Bagheri Kani, a déclaré qu’on serait très proche d’un accord sur le développement d’armes nucléaires, ce qui permettrait à l’Iran d’augmenter les ventes mondiales de pétrole. Toutefois, il révèle que les inventaires de l’agence américaine Energy Information Administration (EIA) ont également reflété «des pannes de courant au Texas la semaine dernière, ce qui a eu un impact sur plus d’un million de barils par jour de capacité».

De son côté, l’économiste Kevin Teeroovengadum fait ressortir que l’Iran figure parmi le Top 5 des producteurs mondiaux de pétrole. Alors que ce pays est en train de négocier par rapport à son statut nucléaire aux yeux de l’Occident, l’économiste révèle que «les Iraniens sont également en train de négocier en faveur d’une hausse dans sa fourniture de pétrole». Étant donné les différents soucis géopolitiques à travers le monde, il estime que cela ne sera pas suffisant pour faire baisser le cours pétrolier, de manière à ce que «le prix d’un baril retourne en dessous de $ 75 dollars». Dans cette optique, il prévoit une certaine volatilité tout au long de 2022, avec une fourchette de prix entre $ 90 et 100 dollars le baril.

Vulnérabilité des marchés

Les plus gros risques liés à l’approvisionnement du pétrole demeurent les conflits géopolitiques, le terrorisme et la chaîne d’approvisionnement. Avec l’arrivée prochaine de l’été dans l’hémisphère nord, la demande pour la plupart des pays développés concernant le pétrole et le gaz risque de prendre une tendance baissière. Si cela devrait apaiser toute hausse potentielle dans le prix du baril, Kevin Teeroovengadum fait aussi remarquer que «certains pays vont négocier des alliances stratégiques avec les pays clés en matière de production pétrolière». C’est actuellement le cas de la Chine qui vient de renforcer ses relations avec la Russie dans le but d’assurer une fourniture fiable en cas d’éventuels conflits géopolitiques.

Intervenant sur la problématique de vulnérabilité des marchés pétroliers, Amit Bakhirta soutient que «nous restons d’avis que ces niveaux de prix du pétrole sont hautement insoutenables et plutôt que longs, nous augmentons maintenant nos positions courtes sur la matière première». S’appuyant sur l’avènement d’énergies alternatives propres dans le monde d’aujourd’hui et de demain, ainsi qu’une demande «globalement nettement plus faible à moyen et long-terme», l’analyste considère que cela devrait faire pression sur les «prix mondiaux du pétrole pour revenir à des niveaux médians». Quant au plus long terme, il révèle que les prix devraient «se normaliser sensiblement, très sensiblement».

Ramenant le débat dans le contexte local, la pression sur les cours pétroliers devrait donner lieu à une nouvelle hausse du prix à la pompe – fort probablement elle sera de 10 % – après celle survenue le 31 décembre dernier. Partageant son expertise sur la question, Amit Bakhirta indique que toute hausse ne sera pas justifiée «à moins que les hausses de prix ne se maintiennent et/ou que notre monnaie ne continue d’être dévaluée», ou encore si le prix du fret international prend l’ascenseur une nouvelle fois. Ainsi pour chaque hausse de $ 5 dollars des prix mondiaux au comptant du pétrole brut WTI, «une telle augmentation progressive peut être justifiée localement sur le très court terme, pas plus», analyse le CEO d’Anneau.

Soulignant les mêmes problématiques (dépréciation, coût du fret et augmentation des prix), Kevin Teeroovengadum précise cependant que le véritable danger se situe au niveau de la roupie qui est sous pression et pourrait perdre encore un peu plus sa valeur. Après avoir analysé la période entre 2015 et 2022, l’économiste déclare que «la roupie a perdu près de la moitié de sa valeur contre le dollar américain». Ainsi, depuis le début de la Covid-19 en janvier 2020, la monnaie locale a perdu 25 % de sa valeur contre le dollar américain. Couplée à la hausse du fret et le cours du baril de pétrole, cette dépréciation continue ne peut que justifier une augmentation inévitable dans le prix à la pompe.

À La Réunion, certaines stations-service ont décidé de réduire leur marge de profit pour un prix à la baisse alors que le prix maximum est fixé par le préfet. Questionné sur la possibilité d’une telle manœuvre à Maurice, Kevin Teeroovengadum répond que le gouvernement et le secteur privé doivent adopter une approche innovante durant ces temps difficiles. Étant donné la dure réalité économique à laquelle les Mauriciens font face depuis le début de la pandémie, il estime que «ce n’est pas normal de répercuter toute hausse sur les consommateurs». De ce fait, l’expert financier croit fermement qu’il est crucial de venir de l’avant avec une politique de «burden sharing» en s’appuyant sur la réduction des taxes ou une formule obligeant tous les acteurs du secteur de la distribution de pétrole à diminuer leur marge de profit pendant la prochaine année.

Des taxes excessives dans la structure du prix du carburant

L’essence étant l’un des produits les plus taxés à Maurice, certains observateurs estiment qu’il est temps d’éliminer certaines de ces taxes excessives. C’est notamment le cas de Kevin Teeroovengadum qui indique que «la taxe de Rs 2/litre peut être éliminée, car la majorité des vaccins ont été reçus gratuitement et la plupart des Mauriciens sont déjà vaccinés». Si les taxes actuelles doublent le prix de base (voir le tableau), cela signifie que le gouvernement a suffisamment de marge de manœuvre pour éviter toute nouvelle hausse. Son avis est partagé par Amit Bakhirta qui considère que «des régimes fiscaux beaucoup plus intelligents peuvent être mis en place pour normaliser ces pics des prix mondiaux sur les consommateurs». Si les autorités réduisent les dépenses ou créent un fonds de réserve pétrolier, les consommateurs pourront alors éviter une nouvelle hausse dans le prix à la pompe.

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