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Ministre Mentor: le gouvernement veut émuler Lee Kuan Yew

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Ministre Mentor: le gouvernement veut émuler Lee Kuan Yew | business-magazine.mu

Le gouvernement s’est inspiré du modèle singapourien en créant le poste de ministre mentor pour sir Anerood Jugnauth, numéro 3 au sein du nouveau Cabinet.

Depuis septembre dernier, la population était au courant que sir Anerood Jugnauth allait se retirer pour confier les rênes du pays à son fils Pravind. Mais sa nomination comme ministre mentor est une surprise. Celui qui a dirigé le pays comme Premier ministre à cinq reprises et a occupé le poste de président de la République est désormais le numéro 3 du nouveau Cabinet ministériel.

Se prononçant sur cette nomination, le leader de l’Opposition, Xavier-Luc Duval, ne mâche pas ses mots, soutenant que «Jugnauth père reste au Parlement comme un baby-sitter». Outre les fonctions de ministre mentor, SAJ cumule les portefeuilles de la Défense et de Rodrigues. Dans une déclaration à la presse lundi, il a soutenu qu’avec ses nouvelles responsabilités, son «fardeau est allégé» car il est «très fatigué». Avant d’ajouter qu’il sera plus à l’aise comme conseiller du gouvernement.

Le poste de ministre mentor trouve ses origines à Singapour. Il a été créé en 2004 lorsque le Premier ministre, Lee Hsien Loong, décide de nommer son père Lee Kuan Yew, lui-même ancien Premier ministre de la cité-État de 1959 à 1990 à ce maroquin ministériel. Un poste qu’il occupera de 2004 à 2011.

Le gouvernement a-t-il eu raison de s’engager dans la même voie que Singapour en nommant un ministre mentor ? L’observateur politique Amédée Darga avoue ne pas vraiment voir l’intérêt d’un ministre mentor pour Maurice, bien qu’un Premier ministre puisse nommer n’importe quel ministre sous n’importe quel titre. «Il nous faut voir l’intérêt pour le pays. Une chose est claire : il n’y a pas de Lee Kuan Yew à Maurice. Il n’y a même personne qui arrive aux genoux de Lee Kuan Yew», observe Amédée Darga.

D’un point de vue constitutionnel, rien n’empêche la création du poste de ministre mentor, explique une avocate au barreau. Mais là où le bât blesse, c’est que la Constitution prévoit que le poste de Premier ministre devient vacant quand celui-ci n’est plus un membre de l’Assemblée nationale. L’article 60 (3) se lit comme suit : «The office of Prime Minister or any other Minister shall become vacant – (a) where he ceases to be a member of the Assembly otherwise than by reason of a dissolution of Parliament; or (b) where, at the first sitting of the Assembly after any general election, he is not a member of the Assembly».

 

Situation  controversable

Or, dans le cas de la nomination de Pravind Jugnauth comme Premier ministre,  la question de poste vacant se pose dans la mesure où sir Anerood siégera toujours à l’Assemblée nationale. «Cette situation est controversable. Car cette manœuvre pourrait être anticonstitutionnelle», explique notre source. 

Une lecture de l’article 59 (3) de la Constitution est également édifiante. Celui-ci stipule que : «The President, acting in his own deliberate judgment, shall appoint as Prime Minister the member of the Assembly who appears to him best able to command the support of the majority of the members of the Assembly, and shall, acting in accordance with the advice of the Prime Minister, appoint the Deputy Prime Minister, the Attorney-General and the other Ministers from among the members of the Assembly: Provided that – (a) where occasion arises for making an appointment while Parliament is dissolved, a person who was a member of the Assembly immediately before the dissolution may be appointed».

Pour l’heure, la première tâche qui attend SAJ est le dossier de souveraineté de Maurice sur les Chagos, qui lui tient particulièrement à cœur. Une réunion est prévue le 2 février à cet égard.