Vols de panneaux publicitaires : un manque à gagner de Rs 10 millions

La scène fait désormais partie du quotidien. Entre Mapou et Montagne Ory, une grande partie des panneaux d’affichage qui longent l’autoroute semblent à l’abandon. Tels des stigmates qui frappent depuis plusieurs mois déjà le secteur, des lambeaux de ‘flex’, découpés à la hâte, flottent au vent. Une situation que dénoncent les opérateurs, victimes, depuis le début de l’année, de vols à répétition de ces supports publicitaires. Malgré les nombreuses plaintes, la police semble pour l’heure impuissante à y mettre un terme.

Rien qu’entre janvier et juillet, les opérateurs évaluent les pertes encourues par ces vols récurrents à Rs 5 millions. Il faut ajouter à cela quelque Rs 10 millions de manque à gagner, puisque de plus en plus d’annonceurs préfèrent renoncer à communiquer par l’intermédiaire des panneaux. Si certains opérateurs affirment avoir été victimes de quelques vols à la fin de l’année dernière, la grande majorité explique que leur fréquence s’est accélérée depuis janvier. «La portion de route entre Riche-Terre et Grand-Baie est devenue le terrain de jeu de ces individus qui semblent agir en toute impunité», explique Prosper Manyeruke, directeur d’Alliance Media. À l’instar d’autres opérateurs, il explique avoir rapporté les vols à la police à maintes reprises, mais sans aucun résultat. «J’en suis arrivé au stade où je ne prends même plus la peine de rapporter les nouveaux vols», lâche-t-il, un brin fataliste. À ce jour, ces vols ont coûté à son entreprise Rs 1,5 million.

Des employés d’une autre entreprise engagée dans ce secteur d’activité, Rent A Sign, ont même croisé la route des voleurs il y a quelques mois. «Nos employés nous ont rapporté être tombés sur des individus en train de découper des flex sur la structure de l’un de nos concurrents. Ils ont même relevé le numéro du véhicule. Nous avons rapporté le cas à la police, mais rien n’a été fait», souligne Thierry Serret, patron de Rent A Sign, visiblement remonté par le manque d’entrain de la police à mettre la main sur les coupables. «Au lieu d’identifier les auteurs, certains policiers ont sous-entendu que ce pourrait être des opérateurs eux-mêmes qui seraient derrière ces vols, car ils aspireraient à toucher l’argent de l’assurance. On croirait rêver», s’emporte l’un de ceux concernés.

Cette situation, si elle persiste, pourrait, préviennent les opérateurs, avoir des effets néfastes sur tout le secteur. À commencer par la qualité des structures proposées. En effet, si les entreprises ont lourdement investi pour améliorer la qualité et la présentation des supports, la recrudescence des vols a forcé certains à mettre autour de leurs installations des centaines de mètres de fils barbelés. «Cela génère une image anxiogène qui n’est bon ni pour les affaires ni pour le pays», déplore l’un des opérateurs. En attendant que les responsables de ces vols soient arrêtés, le mystère continue de planer sur l’utilisation qui est faite des flex volés.