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Marché des commodités: Le cours de l’or sous l’influence du «tapering» américain

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La reprise de l’économie mondiale devrait tirer le prix de l’or vers le bas. D’autant plus que Réserve fédérale est décidée à aller de l’avant avec sa politique de «tapering». Selon les analystes, il faut garder un œil vigilant sur l’évolution du marché.

 

2022 démarre sur les chapeaux de roues pour le secteur de l’investissement. Alors que les marchés financiers surfent sur une bonne dynamique, celui de l’or pourrait être sujet à des pressions dans un proche avenir. À vendredi, la commodité s’échangeait autour de $ 1 606 l’once.
L’annonce du président de la Réserve fédérale (FED), Jerome Powell, selon laquelle l’institution ira de l’avant avec sa politique de tapering dès le mois de mars en mettant fin aux achats d’actifs pour soutenir l’économie américaine a mis une pression énorme sur les marchés. D’autant plus que la FED devrait procéder à cinq voire sept réajustements de ses taux directeurs en 2022. Ceux-ci sont actuellement dans la fourchette de 0 % à 0,25 %.
Selon Kugan Parapen, Managing Director d’AXYS Portfolio Management, il est clair que «d’un point de vue strictement macroéconomique, la hausse des taux anticipée de la Réserve fédérale américaine devrait faire remonter les taux réels, et cela devrait jouer contre l’attrait de l’or. Aussi, si la FED va-t-elle de l’avant avec son plan d’alléger son bilan, le dollar américain devrait en bénéficier. Il est de notoriété publique que les prix des commodités sont inversement liés à la valeur du dollar», analyse-t-il.
Cependant, Kugan Parapen prévient qu’on ne doit pas laisser l’émotionnel prendre le dessus et agir de manière compulsive par rapport à cet événement. D’autant plus que la situation géopolitique est instable et favorise actuellement une stabilisation de l’actif. «On ne peut négliger le risque géopolitique, surtout après les récents développements en Ukraine. On s’attend à beaucoup de volatilité cette année, et nous pensons que l’investisseur devrait traiter de manière opportuniste le métal jaune», argue-t-il.
Il est rejoint par Marc-Alexandre Masnin, le directeur des investissements d’AfrAsia Bank. «Le prix de l’or devrait être orienté à la baisse pour 2022 après que la Réserve fédérale a confirmé le resserrement de sa politique monétaire, relevant ses taux dès le mois de mars. Les professionnels institutionnels s’attendent actuellement à cinq hausses pour l’année et habituellement, comme en 2018, avec des taux d’intérêt plus élevés, les investisseurs ont tendance à vendre les valeurs stables (sans rendement) comme l’or vers des actifs à rendement plus élevé», observe-t-il. Et d’ajouter que la reprise économique mondiale influe aussi sur les performances de cette commodité. Celle-ci devrait ainsi quelque peu perdre son statut de valeur refuge.
«En outre, les récents résultats des entreprises et les données manufacturières indiquent déjà une atténuation des problèmes de la chaîne d’approvisionnement, ce qui réduirait progressivement l’inflation au cours de l’année, au bénéfice des actifs risqués. Reste à savoir si les tensions actuelles en Ukraine pourraient dégénérer», argue-t-il.

Continuer d’investir ou pas ?

Dans la conjoncture actuelle, la question est de savoir s’il est toujours intéressant d’investir dans l’or. Pour les spécialistes, il faut garder la tête froide et ne pas prendre de décisions hâtives. De l’avis de Marc-Alexandre Masnin, la situation est pour le moment plutôt stable. Mais, il n’écarte pas l’éventualité que certains investisseurs se tournent vers d’autres formes d’investissement.
«Le fait que le métal précieux ait évolué sur un volume terriblement faible n’indique pratiquement aucun changement dans l’intérêt des investisseurs. La dynamique est en train de changer, les investisseurs du millénaire étant moins tentés par l’or et, selon le rapport de la Banque mondiale d’octobre 2021, la prévision du prix de l’or pour 2022 est de $ 1 750 l’once avec une tendance baissière jusqu’à $ 1 650 en 2030. Alors que certains le considèrent toujours comme un élément de diversification d’un portefeuille, nous pensons que les intérêts bougeront vers d’autres alternatives», souligne-t-il.
A contrario, Kugan Parapen pense que conserver de l’or dans son portefeuille d’investissement reste un choix judicieux. Et cela en dépit d’une prévision à la baisse. «Pour un investisseur à long terme, l’or a sa place dans son portefeuille, même si sur le court terme, la commodité pourrait sous-performer», fait-il ressortir. Il nuance tout de même ses propos en indiquant que l’avenir est toujours incertain. «Chez AXYS Investment Partners, nous nous attendons à une reprise importante de la volatilité sur le marché de l’or en 2022 et sommes d’avis que d’ici à avril 2022, le cours du métal entamera une nouvelle tendance. Compte tenu des risques macroéconomiques et géopolitiques actuels, il est difficile de prédire si cette tendance sera haussière ou baissière dans le court terme. Nous avons d’ailleurs réduit notre allocation vers l’or en ce début d’année et préférons laisser le marché nous guider», , indique-t-il.
Tout semble indiquer que le marché de l’or sera sujet à une certaine forme de volatilité dans les mois à venir. Il faudra suivre la situation de près.

Hors-texte 1

Le marché de l’or en baisse en Europe

«L’Europe connaît une sous-performance par rapport au prix de l’or depuis le début de 2022», indique Kugan Parapen. Même constat pour Marc-Alexandre Masnin qui avance que cette tendance est due à la récente déclaration de la Banque centrale européenne par rapport à un relèvement des taux d’intérêt. «L’Europe a été soutenue par l’attitude accommodante de la Banque centrale européenne malgré l’accélération de l’inflation. Lors de son dernier discours, Christine Lagarde a confirmé que la Banque centrale agira comme amortisseur afin de ne pas freiner la croissance économique en relevant les taux d’intérêt trop tôt», analyse-t-il.

Hors-texte 2 (photo de bitcoins)

Les bitcoins loin d’être une valeur refuge

Une folle rumeur circule : les bitcoins seraient considérés comme une valeur refuge émergente. Cela serait faux à en croire, nos experts.
D’ailleurs, selon Kugan Parapen, «cette thèse est non fondée». Pour cause, il indique que «la récente capitulation des cryptomonnaies en est la preuve. Ainsi, le bitcoin a perdu 21 % de sa valeur depuis le début de l’année. Les cryptomonnaies sont loin d’avoir atteint un stade de maturité, et leur volatilité restera très élevée sur le moyen terme».
Marc-Alexandre Masnin fait la même analyse. Selon lui, le bitcoin demeure un actif instable. «Si l’on peut constater un surcroît d’engouement pour les cryptomonnaies, cet actif ne représente qu’environ $ 2 000 milliards à comparer aux $ 12 000 milliards du marché de l’or. Et même si sa capitalisation progresse rapidement, il est cependant difficile de le créditer de valeur refuge», indique-t-il.
Toutefois, il n’écarte pas la possibilité que les cryptomonnaies deviennent un jour une valeur refuge. Mais, auparavant, il faudra que ces actifs acquièrent une plus grande maturité. «À terme, il est possible que les cryptomonnaies deviennent une valeur refuge, mais il leur reste encore un long chemin à parcourir», conclut-il.
À noter que le bitcoin est actuellement échangé autour de $ 32 900.

Kugan Parapen (Managing Director d’AXYS Portfolio Management)

Kugan Parapen (Managing Director d’AXYS Portfolio Management)

Marc-Alexandre Masnin (directeur des investissements d’AfrAsia Bank)

Marc-Alexandre Masnin (directeur des investissements d’AfrAsia Bank)

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