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Johanna Frontczak, directrice de Jobs.mu : « Le marché du recrutement reprend son souffle depuis le début de l’année »

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Lancé en 2008, Jobs.mu compte aujourd’hui plus de 103 000 candidats inscrits sur la plateforme. Quel regard jetez-vous sur le marché du recrutement à Maurice ?

La pandémie n’a pas été sans conséquence sur le marché du recrutement et nombreux sont les mauriciens à vouloir s’expatrier vers de nouveaux horizons. Nous notons toutefois que le marché du recrutement reprend son souffle depuis le début de l’année dans certains secteurs, quand d’autres secteurs tel le secteur manufacturier peine à reprendre.

Les vagues de licenciements, dans le sillage de la crise sanitaire, a mis sur le carreau plusieurs milliers de Mauriciens. Avez-vous noté une augmentation du nombre de candidatures sur votre site ?

Effectivement, nous avons noté une augmentation du nombre de candidatures sur notre site depuis fin 2021. Sur jobs.mu, nous avons davantage de profils recherchant dans la comptabilité, l’administration, l’accueil, le BPO.

Quels sont les secteurs et métiers les plus recherchés actuellement ?

Avec la population vieillissante, nous avons noté une augmentation des offres pour les métiers liés à la gériatrie, par exemple les postes de garde malade, aide-soignant etc. Les secteurs des TIC, BPO, financiers sont recherchés.

Les derniers chiffres rendus publics par Statistics Mauritius indiquent que le chômage des jeunes âgés de 16 à 24 ans a augmenté. Pour quelles raisons, selon vous, ont-ils des difficultés à trouver du travail ?

Effectivement, le chiffre annoncé est d’environ  28%. Sur notre plateforme jobs.mu, par rapport au total de nouveaux inscrits, nous comptabilisons plus de  39 % de cv de jeunes 16-24 ans depuis le début de l’année. Cette tranche d’âge représente habituellement 16 % de nos cv.

Plusieurs raisons peuvent expliquer les difficultés :

– Le manque d’expérience. Les jeunes ont peu ou pas d’expérience, quand la plupart des postes vacants recherchent des candidats avec expérience. Ne faut-il pas que les jeunes puissent débuter quelque part?

– Le manque de compétences : il y a un manque de formation spécialisé dans les écoles publiques. Permettre aux collégiens de faire des stages d’immersion de quelques semaines, intégrés dans leur cursus leur donneraient un aperçu du monde du travail, et une première expérience.

Plus de 55 % des chômeurs n’ont pas le niveau SC. A défaut de bagages académiques, ces personnes pourraient s’orienter vers des formations professionnalisantes pour des métiers spécialisés. La mise en place de structures permettant à nos jeunes de mieux s’orienter, qu’il s’agisse d’une orientation académique ou professionnelle pourrait également les aider.

– Des annonces emploi peuvent générer plusieurs centaines de candidatures pour un seul et même poste. Certains candidats ont de l’expérience et les compétences mais ne savent pas se mettre en avant. Il faut savoir se démarquer. Jobs.mu va prochainement mettre en place des ateliers gratuits pour aider les jeunes à rédiger leur cv.

Nous avons également prévu d’aider les étudiants, collégiens à faire leur premier cv en nous déplaçant auprès d’organismes de formation, collèges qui seraient intéressés.

Quels sont les secteurs qui recrutent le plus en ce moment ? Pourquoi ?

Nous notons un afflux d’offres d’emploi dans les secteurs des TIC, BPO en ce moment. L’hôtellerie et la restauration ont également beaucoup de mal à trouver preneur, notamment avec la fuite de certains candidats pour l’étranger ou les bateaux de croisières….

Les offres d’emploi dans le secteur manufacturier (sewing machine operator, helper) ont du mal à trouver des candidats. Le secteur financier également pour certains postes spécifiques.

Quels sont les défis auxquels est confronté le monde du travail depuis l’apparition de la crise sanitaire ?

Et si tout le monde pouvait travailler d’où il le souhaite, qu’il soit à la maison, à la plage ou à l’autre bout du monde?

Certaines entreprises le pratiquent déjà et c’est une réussite. Leur crédo : pas de bureau ou juste un bureau minimaliste, une organisation rigoureuse. Ces entreprises ont même réussi à créer une certaine cohésion d’équipe grâce à une grande créativité et la bonne volonté des collaborateurs. Certains ont repensé leur culture d’entreprise.

Pendant que certaines entreprises ont revu leur organisation et sont désormais 100% en télétravail (par exemple Digital Data Solutions dans le domaine des call centers), nombreuses sont les entreprises qui s’adaptent et répondent favorablement aux demandes de télétravail de personnels. La moyenne étant deux jours par semaine.

Face à la pandémie, les entreprises et organisations ont ainsi dû adapter leur fonctionnement : travail à distance, relocalisations, sous traitance de certains services, évolution des conditions d’emploi…, adaptabilité, flexibilité autant de transformations du travail qui peuvent avoir des conséquences en matière de risques professionnels et de prévention.

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