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Hemraj Ramnial: «Le comité mixte public-privé est un outil indispensable à la croissance »

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Le budget 2023-24 a déverrouillé l’accès à la croissance, en créant les conditions pour stimuler l’offre et la demande. Cette bonne dynamique se reflète dans Les dernières perspectives économiques de Statistics Mauritius, de Maurice stratégie ou encore du fonds monétaire international. Alors que nous sommes de plain-pied dans le quatrième trimestre, le chairman de l’Economic Development Board, Hemraj Ramnial, fait un état des lieux de l’économie mauricienne. Il note un regain notable de l’attractivité pour les investissements à Maurice, ainsi qu’une croissance positive au niveau des exportations. Par ailleurs, il parle de la nécessité pour le pays de s’inscrire pleinement dans le mouvement du panafricanisme.

Comment percevez-vous la relance économique globale, en particulier en ce qui concerne l’investissement et la performance des exportations à Maurice ?

La pandémie de Covid-19 a été un phénomène sans précédent, qui a eu un impact significatif sur l’activité économique du pays, nécessitant l’intervention du gouvernement pour soutenir les PME et les TPE. Protéger les entreprises était crucial afin de sauvegarder l’emploi et de faire en sorte que la machine économique puisse reprendre une fois la crise passée.

Outre la pandémie, le conflit russo-ukrainien a engendré des pressions inflationnistes et a soulevé des défis en matière de sécurité alimentaire et énergétique. Bien que cela ait ralenti la sortie de la crise, les mesures mises en place par le gouvernement dès 2020 et les décisions courageuses proposées par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, dans les budgets nationaux qui ont suivi, ont porté leurs fruits. Aujourd’hui, l’attention est dirigée vers les défis croissants liés au changement climatique et son impact sur le long terme sur nos secteurs économiques et notre population.

Les perspectives de croissance mondiale pour 2023 sont moins optimistes que celles de 2022, en raison de la guerre en Russie, d’une croissance chinoise plus faible que prévu, et des instabilités au Moyen-Orient et en Inde. Les pays développés connaîtront également un repli, en partie en raison d’une politique monétaire plus stricte, facilitée par la baisse des prix internationaux des produits de base.

S’agissant de l’investissement, de nombreux pays montrent un regain d’attractivité. Les investissements à Maurice, en 2022, ont atteint un niveau record de Rs 27 milliards. Les investissements directs étrangers (IDE) et nationaux ont augmenté de 38 % au premier trimestre de 2023 par rapport à la même période en 2021. Le secteur foncier représente environ 56 % des investissements à Maurice, avec la France, les Émirats arabes unis et l’Afrique du Sud comme principales sources d’investissement.

Concernant les exportations, les chiffres montrent une croissance positive. Les exportations totales de marchandises pour le premier semestre de 2023 étaient évaluées à Rs 50,5 milliards contre Rs 49,5 milliards en 2022. Les exportations intérieures de marchandises ont augmenté de 7,4 %, tandis que les réexportations ont progressé de 14,5 %.

Ces chiffres démontrent que la machine économique est à nouveau en marche et un regain d’attractivité pour les investissements à Maurice. De plus, les accords commerciaux conclus avec d’autres pays montrent déjà des retombées positives sur les chiffres d’exportation du pays.

Pourriez-vous élaborer sur la stratégie de l’Economic Development Board pour favoriser la croissance économique à Maurice ? Quels sont les objectifs clés et les moyens pour les atteindre ?

L’Economic Development Board (EDB) a conçu un plan stratégique pour la période 2021-2024, comportant quatre objectifs interconnectés : augmenter le pourcentage des investissements directs étrangers par rapport au produit intérieur brut de 4 % à 5,5% d’ici 2024 ; accroître le ratio de formation brute de capital fixe privé par rapport au produit intérieur brut de 13,5 % à 17 % d’ici 2024, avec une perspective à plus long terme de se rapprocher de la moyenne mondiale de 23,8 % ; contribuer à l’augmentation des exportations totales de biens à hauteur de Rs 100 milliards d’ici 2024 ; et contribuer à l’augmentation des exportations totales de services à hauteur de Rs 125 milliards d’ici 2024.

Afin d’atteindre ces objectifs, l’EDB a élaboré neuf axes stratégiques qui orientent l’ensemble de ses clusters sectoriels. Ces axes visent à promouvoir l’investissement national, stimuler les investissements directs étrangers, améliorer l’accès aux marchés d’exportation, développer de nouveaux produits, consoliderles secteurs existants, adopter des technologies innovantes, promouvoir le développement des compétences, renforcer les capacités, et faciliter les activités commerciales.

L’EDB reste constamment à la recherche de nouveaux domaines de croissance et repousse les limites dans les secteurs industriels existants, favorisant ainsi une croissance soutenue et plus robuste, propice à un développement accru du pays.

Ces dernières années, l’EDB s’est vu confier la responsabilité de mettre en oeuvre des programmes de promotion des investissements et des exportations, en plus d’accueillir la plateforme nationale d’octroi de licences électroniques. Certains de ces programmes comprennent un soutien à la promotion et à la commercialisation du commerce, des incitations financières pour les petites et moyennes entreprises participant à des foires internationales, un programme de remise sur le fret, des solutions de stockage en Afrique, ainsi qu’un programme de subvention pour garantir les crédits. Le soutien continu du gouvernement est crucial pour le succès de l’EDB, et l’allocation budgétaire récente constitue un signe positif. Dans le dernier Budget, environ Rs 916 millions ont été allouées à l’EDB pour les dépenses récurrentes, et environ Rs 408 millions ont été affectées à la mise en oeuvre de programmes dans le cadre du National Resilience Fund.

Le comité conjoint public-privé agit comme une plateforme pour permettre au secteur privé d’exprimer ses attentes et ses besoins au gouvernement. Sept sessions ont eu lieu jusqu’ici. Pouvez-vous nous donner votre analyse des retombées de ce comité jusqu’à présent, et comment cela contribue-t-il à façonner les politiques économiques de Maurice ?

Au cours des trois dernières années, le comité mixte public-privé est devenu un événement trimestriel incontournable, réunissant régulièrement les autorités et les acteurs économiques. Composé de représentants tant du secteur privé que du gouvernement, ce comité a pour principal objectif de renforcer la collaboration entre ces deux sphères et de contribuer activement à la croissance.

Le succès rencontré par le comité mixte public-privé est manifeste. Il enregistre une participation régulière de diverses associations d’entreprises, couvrant un large éventail de secteurs, allant des grandes entreprises aux PME. Au fil de ces trois dernières années, le comité a permis de rétablir un climat de confiance entre l’État et les acteurs économiques. Les échanges constructifs qui ont eu lieu ont débouché sur la mise en place de plusieurs mesures budgétaires visant à répondre aux préoccupations grandissantes des entreprises.

 

Un exemple concret est la révision des régimes de permis de travail et de permis d’occupation en vue de soutenir les entreprises face à la pénurie de main-d’oeuvre. De plus, le gouvernement a aboli la taxe de solidarité, une taxe exceptionnelle instaurée pendant la pandémie. Un nouveau régime fiscal a été instauré pour protéger le pouvoir d’achat des ménages vulnérables et des classes moyennes, renforçant ainsi la position de Maurice en tant que destination attrayante pour les talents.

Le comité mixte public-privé est un outil indispensable à la croissance. Il favorise la création d’un environnement propice aux entreprises, stimulant les investissements et les exportations. Il demeure un acteur clé dans la poursuite des objectifs de croissance, d’équité sociale et de protection de l’environnement du pays.

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