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Rahul Desai : «Nos portefeuilles sont surtout constitués d’actions et d’obligations mondiales»

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Courtier en investissement, Redwood Finance entame en 2024 ses cinq années d’activité. sa stratégie d’investissement couvre plus de 150 marchés à travers différentes classes d’actifs et des transactions dans 27 devises étrangères. Pour son CEO, Rahul desai, un portefeuille d’actions bien diversifié entre les secteurs et les régions géographiques représente actuellement la meilleure perspective d’investissement à long terme, quel que soit le montant de fonds d’investissement à disposition. Selon lui, l’investissement dans des entreprises prometteuses procure un plus grand potentiel de croissance.

Votre retrait de la Bourse de Maurice s’est concrétisé le 30 mars 2024. Quelles sont les raisons derrière cette manœuvre ?

La compétition pour s’approprier des parts de marché en tant que courtier sur la Stock Exchange of Mauritius (SEM) était particulièrement intense. Pour vous donner un aperçu, il y a quelques années, une dizaine de courtiers agréés étaient en activité, un chiffre désormais réduit à sept. Cette consolidation n’est guère surprenante, étant donné le nombre important de courtiers rivalisant pour un volume de transactions limité. Étant donné que moins de 10 % de nos revenus provenaient des activités de courtage locales, nous avons pris la décision stratégique de recentrer nos efforts sur les marchés internationaux et la gestion de portefeuille.

Courtier en investissement, Redwood Finance entame en 2024 ses cinq années d’activité. Une étape marquée par une stratégie d’investissement couvrant plus de 150 marchés (de 34 pays) à travers différentes classes d’actifs et des transactions dans 27 devises étrangères. Qu’est-ce qui explique cette politique d’investissement ?

Un principe fondamental dans la constitution d’un portefeuille d’investissement est la diversification. Vous êtes sûrement familier avec l’adage célèbre : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier». Ainsi, nous offrons à nos clients une multitude d’options d’investissement afin qu’ils puissent répartir leurs avoirs dans différents «paniers».

Quelles sont les options d’investissement que vous privilégiez, et cette clientèle dont vous parlez est-elle principalement étrangère ?

Bien qu’on donne accès à un large éventail de classes d’actifs, y compris des produits plus complexes comme les futures, les options et d’autres produits dérivés, nos portefeuilles sont principalement constitués d’actions et d’obligations mondiales. En termes de valeur, la répartition entre clients locaux et étrangers est de 65-35. On accepte des clients du monde entier tant qu’ils ne figurent sur aucune liste noire, à condition qu’ils obtiennent l’aval en matière de conformité. On recommande un investissement minimum de Rs 500 000 pour permettre une bonne diversification.

Redwood Finance agit également comme gestionnaire d’actifs, conseiller en gestion de patrimoine et conseiller en investissement. Quelle activité tire actuellement la croissance de votre firme, et laquelle concentrera davantage votre attention en 2024 ?

On offre à nos clients des services de gestion de portefeuille internationaux, qui représentent l’essentiel de notre activité actuelle et notre principal objectif de croissance future. Nos clients, très engagés dans leurs activités professionnelles, comptent sur nous pour naviguer dans les complexités des marchés financiers en leur nom. On reconnaît que beaucoup d’entre eux n’ont ni le temps ni l’expertise nécessaire pour gérer leurs investissements de manière efficace.

Notre objectif est de faire fructifier le patrimoine de nos clients tout en gérant les risques liés aux investissements. À une époque où l’accès aux opportunités d’investissement dans le monde entier est facile, on doit en profiter pleinement et s’assurer que le rendement des investissements des Mauriciens est au moins aussi bon, sinon meilleur, que le taux de croissance de la richesse des investisseurs dans les pays les plus développés.

Compte tenu de la conjoncture actuelle, quelles sont vos anticipations quant à l’évolution de la Bourse de Maurice, notamment après plusieurs années de désinvestissements étrangers ?

À la suite de la crise économique mondiale de 2008, les taux d’intérêt dans les pays développés ont été historiquement bas, quasi zéro, zéro, voire négatifs dans certains pays. Depuis plus de dix ans, on se trouve dans un environnement de taux réels négatifs. Autrement dit, les taux d’intérêt sont inférieurs au taux d’inflation annuel. Par conséquent, les faibles rendements obligataires n’ont pas constitué un argument solide en faveur de l’investissement car, en fin de compte, vous investissez votre argent pour au moins l’empêcher de se dévaluer.

Par conséquent, l’argent a continué d’affluer vers les actions dans le monde entier jusqu’au récent krach, car l’inflation est récemment montée en flèche, atteignant une augmentation annuelle à deux chiffres dans la plupart des pays. Cette situation est due à un certain nombre de facteurs qui se sont accumulés : des mesures de relance économique excessives, notamment aux États-Unis, une politique énergétique désastreuse de la part du gouvernement américain actuel, des problématiques d’approvisionnement découlant du confinement prolongé en Chine en raison de la Covid-19 et la guerre entre la Russie et l’Ukraine pour couronner le tout.

Pour lutter contre l’inflation, les banques centrales (ou équivalentes) du monde entier ont relevé leurs taux ; aux États-Unis, la Réserve fédérale a relevé ses taux de 0 %-0,25 % à 5,25 %-5,50 % de mars 2022 à juillet 2023. Les rendements obligataires devenant alors intéressants, il y a eu une sortie de fonds des actions vers les obligations. En outre, les taux d’intérêt aux États-Unis étaient plus élevés que ceux des autres marchés développés, mais aussi plus élevés que le taux directeur à Maurice, qui est de 4,5 %. Le rendement du dollar étant supérieur à celui de la monnaie mauricienne, il était plus logique pour les investisseurs étrangers de détenir du dollar. Cela ne s’applique pas seulement à la roupie, la plupart des monnaies à travers le monde ont perdu de leur valeur par rapport au dollar.

Mais il n’y a pas que de mauvaises nouvelles, les chiffres de l’inflation de base d’une année sur l’autre et le core PCE (personal consumption expenditures index) aux États-Unis sont sur une tendance baissière continue et les taux réels positifs continuent d’augmenter, ce qui indiquerait des réductions de taux afin de ne pas trop serrer et étouffer l’économie qui pourrait conduire à une recession.

Chez Redwood, nous prévoyons les premières baisses de taux aux États-Unis pour juin-juillet de cette année. Cependant, il est vital de maintenir les taux actuels à Maurice jusqu’à ce qu’ils soient supérieurs aux taux de la Fed américaine afin de soutenir la valeur de la roupie. La plupart des biens que nous consommons dans ce pays sont importés et payés en USD ou dans une autre devise internationale. Toute dévaluation supplémentaire de notre monnaie augmentera l’inflation, ce qui aura un impact sur le segment local de croissance des entreprises mauriciennes.

Néanmoins, la bourse locale a de la valeur aux prix actuels, et une fois que la roupie se stabilisera, je suis sûr que nous accueillerons à nouveau les investissements étrangers dans les entreprises locales cotées en Bourse.

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