Type to search

En couverture

Romal Shetty: «Deloitte ambitionne de multiplier son chiffre d’affaires à Maurice par 10»

Share

Deloitte, qui est l’un des «big four» en matière d’audit financier et de conseil, voit grand pour Maurice. dans les quatre prochaines années, le cabinet international envisage de recruter pas moins de 2 000 talents locaux. Dans un entretien accordé à business magazine, le chief executive officer de deloitte south asia, Romal Shetty, confirme que le pays occupe une position stratégique dans la vision du groupe qui entend l’utiliser comme passerelle pour mieux pénétrer les marchés francophone et anglophone.

Fondée dans les années 1950, Deloitte Maurice, membre du réseau DTTL (Deloitte Touche Tohmatsu Limited’s), a été parmi les pionniers des cabinets d’expertise comptable à s’établir à Maurice. Comment l’entreprise a-t-elle évolué depuis ses débuts et de quelle façon son histoire influet- elle sur sa stratégie actuelle de croissance ?

Nous sommes l’une des plus anciennes entreprises de services professionnels ayant vu le jour à Maurice, aux côtés de BDO, tandis que de nombreuses autres entreprises sont arrivées beaucoup plus tard. Au cours des 50 à 60 dernières années, nous sommes parvenus à établir des relations durables avec de nombreuses entreprises, maintenant un partenariat de travail continu.

Concernant notre évolution, alors que nous avions un groupe central de partenaires au début, nous avons continuellement persévéré, accueillant notamment de ouveaux partenaires et membres d’équipe au fil du temps. De même, nous avons pu maintenir la culture et la tradition uniques et distinctives qui définissent en soi Deloitte. D’ailleurs, cet aspect nous distingue même et reste une caractéristique unique de notre identité.

Aujourd’hui, à Maurice, nous aspirons à dépasser notre rôle de simple cabinet d’audit. À l’échelle mondiale, nous sommes une véritable puissance, générant environ 60 milliards de dollars de revenus annuels grâce à une gamme diversifiée de services. Notre transition vers cette nouvelle orientation a d’ailleurs déjà débuté, avec un accent marqué sur une expansion qui va au-delà de l’audit traditionnel.

De plus, nous jouissons d’une présence dominante au sein des plus grandes banques et conglomérats du pays dans le domaine de l’audit. Cependant, notre vision s’étend bien au-delà de cette sphère. Nous sommes activement engagés dans l’exploration de nos collaborations avec nos clients, notamment dans les domaines tels que la transformation numérique, la cybersécurité, et d’autres tendances émergentes qui redessinent le paysage commercial contemporain.

Deloitte compte intensifier sa présence à Maurice en recrutant pas moins de 2 000 professionnels au cours des quatre prochaines années. Qu’est-ce qui a motivé le cabinet du «Big four» à adopter une stratégie aussi agressive ?

Nous observons actuellement plusieurs stratégies pour être efficaces à Maurice et au-delà. Tout d’abord, nous réfléchissons à ce que nous pouvons faire sur le marché local. Ensuite, nous voyons Maurice comme une passerelle vers le monde, non seulement pour les pays francophones, mais aussi pour les pays anglophones.

Le troisième aspect consiste à créer des centres d’excellence spécialisés. Par exemple, Maurice peut il devenir un hub pour les activités liées à l’ESG (environnement, social et gouvernance) ? Peut-il faciliter le commerce entre les continents? Historiquement, Maurice est un centre financier international (IFC) attirant des fonds qui sont ensuite déployés en Afrique, en Asie et en Inde, entre autres. Aujourd’hui, nous explorons des moyens d’encourager la fabrication et les services ici, y compris les exportations de logiciels.

Nous voyons des opportunités à la fois pour servir le marché mauricien et étendre nos services aux régions francophones et anglophones. Ces opportunités englobent divers domaines, des solutions numériques à la cybersécurité, en passant par les services cloud et l’intelligence artificielle.

Concernant le développement des talents, nous ne cherchons pas seulement à faire venir 2 000 professionnels de l’extérieur. Nous croyons en la promotion des talents locaux. Maurice forme environ 5 000 diplômés chaque année, donc recruter 2 000 professionnels représentent une petite fraction de cette main-d’oeuvre. Nous cherchons, par ailleurs, à impliquer les talents mauriciens dans nos projets mondiaux.

Pour l’instant, l’expansion se fait progressivement, et nos ambitions sont élevées. Nous visons une croissance de 10 fois, donc 10 fois la taille et les revenus en quatre ans, ce qui indique, en effet, une expansion significative. En revanche, il ne s’agit pas simplement d’imposer des changements à ce stade, mais bien de repousser les limites et de réaliser le potentiel inexploité du territoire mauricien.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette main-d’oeuvre de 2 000 personnes n’est pas exclusivement destinée à l’externalisation. Elle sera destinée à servir à la fois nos clients locaux et internationaux. D’ailleurs, nous reconnaissons que Maurice compte déjà des entreprises de renom impliquées dans la transformation numérique et les activités liées à l’ESG. Nous visons à renforcer ces cadres et à attirer davantage d’investissements dans divers secteurs. Nous croyons dans le talent mauricien et aux opportunités disponibles de Maurice, et nous sommes déterminés à repousser les limites pour atteindre nos objectifs.

Faut-il comprendre que la campagne de recrutement a déjà débuté ? Dites-nous en plus sur votre stratégie de recrutement ?

En effet, nous avons déjà lancé des initiatives de recrutement et prévoyons une augmentation progressive de l’envergure de nos actions. Jusqu’à présent, notre implication s’est principalement concentrée sur les collèges et les salons de l’emploi, mais nous adoptons désormais une approche proactive pour partager notre histoire et nos réalisations.

À juste titre, Deloitte a joué un rôle essentiel dans l’aide apportée à Maurice pour sortir de la liste restreinte du GAFI, une étape qui a récemment été reconnue par le ministre et le gouverneur. De plus, nous avons contribué à l’amélioration du classement de Maurice en termes de facilité de faire des affaires, ce qui témoigne de l’impact positif que nous avons eu et que nous continuons d’avoir.

En ce qui concerne notre stratégie de recrutement, elle sera mise en oeuvre progressivement au cours des quatre prochaines années. Nous adopterons diverses approches, notamment le recrutement de nouveaux talents, les embauches latérales, l’acquisition d’entreprises à Maurice et l’établissement de partenariats et d’alliances avec des entreprises locales. Dans certains cas, des entreprises technologiques locales pourront également être sollicitées. De plus, nous envisageons la possibilité d’étendre nos services à d’autres marchés depuis Maurice.

En combinant ces différentes stratégies, notre objectif est surtout de renforcer notre effectif. Nous envisageons tant de recruter des talents étrangers tout en investissant dans le développement des compétences. Aujourd’hui, des domaines tels que la cybersécurité revêtent une importance cruciale en raison de l’augmentation du nombre d’attaques cybernétiques à l’échelle mondiale. Pour développer cette expertise, nous prévoyons d’investir dans la formation et les cours afin de préparer nos professionnels à relever ces défis.

Ainsi, le renforcement des compétences sera un processus continu en raison de l’évolution rapide de la technologie et des domaines commerciaux. Nous sommes fermement convaincus que la formation continue est essentielle pour tous, car même des secteurs tels que la banque ont connu des transformations significatives au cours des dernières années. Avec l’évolution des plateformes technologiques et l’introduction de nouveaux concepts tels que l’ESG (Environnement, Social, Gouvernance), l’apprentissage continu et l’adaptation sont essentiels. Notre approche comprendra ainsi une formation initiale pour mettre les individus à jour, suivie d’une formation continue pour suivre l’évolution constante du paysage technologique.

Tags:

You Might also Like