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Sunil Ramgobin : «Nous anticipons une croissance du PIB de 4.7 % pour 2024»

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Les conflits mondiaux actuels redéfinissent la dynamique de la géopolitique mondiale, signalant une transition d’un monde unipolaire à un monde multipolaire. Sunil Ramgobin, chief business officer d’Absa Mauritius, anticipe un maintien du niveau de risque à un niveau élevé de manière générale. il prévoit également une complexité accrue dans l’évaluation du risque par rapport à une période récente. Selon ses observations, les événements resteront volatils en 2024. s’agissant de l’économie mauricienne, Sunil Ramgobin anticipe un taux de croissance de 4,7 % et un taux d’inflation en dessous de 4 %.

L’année 2023 présentait un état ambivalent. Sur le plan intérieur, l’économie mauricienne a progressé avec succès sur la voie de la reprise. Toutefois, les perspectives mondiales sont moins réjouissantes, les conflits en cours en Ukraine et la guerre au Moyen-Orient créant des incertitudes et perturbant le marché. Comment qualifieriez- vous l’année écoulée et quelles sont vos prévisions pour 2024 ?

L’année 2023 a été challenging. La guerre russo-ukrainienne perdure et semble destinée à se prolonger. Parallèlement, les opérations militaires d’Israël à Gaza se sont étendues vers le Sud. Outre ces tensions militaires, les relations économiques entre l’Occident et la Chine demeurent tendues et l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes à travers le monde constitue une indication évidente des défis que le réchauffement climatique est susceptible de poser.

En se penchant sur les marchés financiers et l’économie, l’année 2023 s’est démarquée par une résilience surprenante dans les pays riches, où des taux d’intérêt considérablement élevés ont coexisté avec des marchés du travail robustes et des cours boursiers en progression, bien que sujets à la volatilité. Pourtant, ces taux d’intérêt mondiaux plus élevés ont eu des répercussions moins favorables sur de nombreuses économies émergentes, entraînant une difficulté accrue en matière de financement et exerçant des pressions significatives sur les taux de change dans de nombreux cas.

La caractéristique la plus prévisible de l’année 2024, c’est que les événements resteront probablement volatils. Outre les considérations géopolitiques évoquées précédemment, des élections auront lieu dans plusieurs pays clés, notamment aux États- Unis. Concernant les marchés, les taux d’intérêt mondiaux semblent avoir atteint leur apogée, ou du moins s’en approcher.

Alors que des indications émergent, suggérant une atténuation des pressions inflationnistes sous-jacentes les plus sévères, l’attention se tournera vers le timing et l’ampleur éventuelle de la baisse des taux d’intérêt. À ce stade précoce, mon sentiment est que «not too soon, and not by large amounts», ce qui implique que tout redressement des flux vers les marchés émergents est également susceptible d’être atténué au cours de l’année.

Face à la volatilité croissante de l’environnement, est-il envisageable que la question du risque de crédit, du risque politique, voire du risque sécuritaire, soit accentuée, influençant ainsi le commerce et les investissements ?

Je m’attends à ce que le niveau de risque, de manière générale, demeure élevé, et j’anticipe également une complexité accrue dans l’évaluation du risque par rapport à une période récente. Dans une perspective particulière, si les taux d’intérêt mondiaux persistent à des niveaux élevés, il est probable que les marchés émergents et les actifs plus risqués attireront moins d’investissements qu’auparavant. Cet effet sera d’autant plus manifeste pour les pays ou les entreprises dont les bilans sont tendus.

Au cours des dernières décennies, l’Afrique subsaharienne a attiré des investissements provenant principalement de l’Union européenne, des États-Unis et de la Chine. Aujourd’hui, de nouveaux acteurs comme l’Inde, la Turquie, le Brésil et certains États arabes lorgnent sur le continent en raison de son énorme potentiel. Le continent émerge-t-il comme le nouvel eldorado ?

La part de l’Afrique dans les flux d’investissements mondiaux a toujours été modeste et semble destinée à le rester dans un avenir immédiat. Néanmoins, même en période économique difficile, les projets les plus prometteurs trouvent leur financement. L’enjeu réside dans l’identification des perspectives les plus lucratives sur le continent, susceptibles de générer d’importants flux d’investissements à l’avenir. L’Afrique présente des opportunités dans divers secteurs tels que les industries extractives, les énergies renouvelables, l’agriculture, la manufacture, les infrastructures et une gamme étendue de services. La réussite dépendra de la mise en relation efficace de ces projets avec les partenaires appropriés et d’un financement adéquat. D’autant plus que les taux d’intérêt mondiaux, et donc le taux de rendement minimal pour les investissements, devraient rester difficiles pendant un certain temps.

La Zone de libre-échange continentale africaine vise à éliminer les obstacles au commerce, en particulier en supprimant les droits de douane et en harmonisant les règles d’origine. Comment cette organisation régionale favorisera-t-elle le commerce interrégional et facilitera- t-elle l’accès des investisseurs aux vastes opportunités de marché en Afrique, les incitant ainsi à les exploiter pleinement ?

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a le potentiel de véritablement changer la donne pour l’Afrique, suscitant mon enthousiasme envers la détermination des pays du continent à abandonner les politiques économiques antérieures et à rechercher une voie vers une prospérité accrue pour tous. Cependant, les défis les plus complexes restent à être relevés. La réduction des barrières tarifaires pourrait rencontrer une opposition commerciale intense dans certains secteurs, car des acteurs bien établis seront confrontés soudainement à une concurrence nouvelle de la part de leurs homologues africains.Il sera impératif d’orienter les investissements vers le renforcement des chaînes de valeur nationales et régionales.

D’un point de vue pratique, le simple acte de rendre les frontières plus rapides et plus efficaces représente un défi considérable et demeure un élément crucial pour la réduction significative des coûts de transport, permettant ainsi aux entreprises africaines d’accroître leur compétitivité. Par conséquent, je pense qu’il est essentiel de modérer les attentes à court terme. L’essor économique de la ZLECAf ne se manifestera pas du jour au lendemain. Cependant, dans un contexte mondial où de nombreuses nations et régions adoptent des positions de repli sur elles-mêmes, la volonté des nations africaines de collaborer étroitement en vue de créer de nouveaux marchés et de réaliser des économies d’échelle est une source d’inspiration véritable.

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