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Cartes bancaires : Toujours le moyen préféré de paiement

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La pandémie de covid-19, qui a entraîné des mesures de distanciation physique pour ralentir la propagation du virus, a vu l’accélération de la digitalisation des opérations et des paiements. Mais la carte bancaire n’est pas près de disparaître pour autant. Cette transformation dans le règlement des achats laisse aujourd’hui la place aux paiements hybrides.

C’EST en 1974 que la première carte à puce a vu le jour grâce à Roland Moreno. Depuis, le quotidien du monde a changé et l’invention de la carte à puce a débouché sur de nombreux usages : carte bancaire, carte de paiement, carte de fidélité, entre autres. Cette tendance qui permet de régler ses achats chez le commerçant et de retirer en espèces des distributeurs de billets pourrait bien changer après la pandémie de la Covid-19. Effectivement, depuis la crise sanitaire, d’autres moyens de règlements ont fait surface suivant la numérisation des paiements, notamment par l’adoption du sans-contact, du paiement mobile, de l’e-wallet (portefeuille électronique), etc.

Stephanie Ng Tseung, Head of Payments de la MCB, constate que le cash perd progressivement du terrain face aux méthodes alternatives de paiement, que ce soit les cartes, les applis mobiles ou encore l’Internet Banking. «Pour l’année financière 2022, le ratio d’utilisation du cash des clients de la MCB face aux paiements digitaux était de 44 % alors que ce ratio était de 65 % en 2019 avant la pandémie. Aujourd’hui, nous comptons plus de 750 000 utilisateurs de cartes au niveau de la banque et 450 000 utilisateurs de Juice», précise-t-elle.

Elle est rejointe par Anita Khelawon, Head of Cards & Payments de la SBM Bank (Mauritius) Ltd. Se basant sur les chiffres de la Banque de Maurice, elle constate qu’il y avait, à juin 2022, 1 920 557 cartes bancaires en circulation dans le pays réparties comme suit : 236 848 cartes de crédit et 1 555 954 cartes de débit. Le reste, soit 122 755, comprend d’autres types de cartes, notamment les cartes bancaires prépayées.

Du côté de Bank One, Kevin Dahal, Product Manager (Products & Partnerships Unit), explique qu’en termes d’utilisation, 70 % des clients utilisent leurs cartes bancaires comme mode de paiement. Avec la création de POP, il constate que cette première solution de paiement digitale universelle lancée à Maurice par Bank One en 2021 a à ce jour plus de 60 % d’utilisateurs qui ne sont pas leurs clients. Cela démontre selon lui un intérêt pour les modes de paiement agnostiques à Maurice.

Par ailleurs, Jean Noël Samy, Head of Cards à Absa Mauritius, soutient que depuis la pandémie il y a une évolution dans le choix des modes de paiement vers les outils numériques, et que le volume de transactions autres que les espèces et les modes de paiement traditionnels sont en constante augmentation. «Cette nouvelle tendance, qui comprend principalement les transferts instantanés et de la monnaie électronique, est en train d’être rapidement adoptée par les consommateurs (paiements mobiles, portefeuilles électroniques, etc.). Les paiements par carte conservent aussi leur place dans l’éventail des modes de paiement car un bon nombre de clients continuent de la trouver plus pratique», explique-t-il.

Le Head of Cards d’Absa Mauritius constate qu’au niveau local, il faut s’attendre à un déclin progressif du volume de paiements par carte d’ici à 2025 et, parallèlement, à une augmentation du volume de paiements numériques. «En revanche, les clients continuent de privilégier la carte comme seul moyen de paiement disponible et sécurisé lorsqu’ils se rendent à l’étranger. Après une interdiction de voyager de près de deux ans, on assiste actuellement à un pic dans les volumes de paiements», confie-t-il.

LE PAIEMENT SANS CONTACT FAVORISÉ

D’ailleurs, Anita Khelawon indique que cette tendance à la hausse du paiement sans contact s’est poursuivie au cours des 18 derniers mois et tout laisse penser qu’il s’agit d’un phénomène qui va s’inscrire dans la durée, avec un nombre grandissant de clients utilisant l’option ‘contactless’ qui présente l’avantage d’être plus pratique et plus rapide comparé aux autres moyens de paiement. «D’ailleurs, à la SBM Bank, nous prévoyons d’avoir l’option sans contact sur toutes les cartes qui figurent à notre catalogue d’ici le premier trimestre de 2023. Nous avons aussi commencé à remplacer notre parc de terminaux de paiement (‘point of sale machines’) par des appareils plus performants qui intègrent d’emblée l’option ‘contactless’ afin d’affiner davantage l’expérience bancaire de nos clients», ajoute-t-elle.

Stephanie Ng Tseung souligne que l’émergence de différents types de paiements digitaux : cartes, applications mobiles, Code QR est aujourd’hui une réalité. «Dans cette optique, je pense que nous nous dirigerons certainement vers une offre et une utilisation hybrides qui englobent les cartes et d’autres modes de paiements», dit-elle. Parallèlement, les paiements mobiles prennent aussi de l’essor tant pour les paiements entre particuliers, dits P2P, que pour les paiements chez les commerçants.

À ce titre, au cours de ces trois dernières années, nous avons triplé le nombre de commerçants qui acceptent les paiements mobiles et à travers le MAUCAS QR interopérable, ils peuvent accepter les paiements digitaux de n’importe quelle appli mobile. À ce titre, nous avons enregistré une hausse annuelle de plus de 125 % des paiements mobiles chez les commerçants», fait-elle savoir. Ainsi, pour l’année financière 2022, en glissement annuel, l’utilisation du paiement sans contact a augmenté de 150 %. Elle pense que les utilisateurs apprécient son côté pratique et rapide et demeurent sensibles au fait que, pour toute transaction sans contact, leurs cartes restent en leur possession.

Pour Navin Sumoreeah, Senior Manager, Products, Channels and Customer Experience de MauBank, 80 % de leurs clients sont pourvus d’une carte de débit ou de crédit sans contact. «Cela a été un plus pour les utilisateurs de nos cartes pendant la période de Covid-19, car un très grand nombre de nos clients ont payé sans que la carte ne quitte leurs mains. Aussi avec le support de Visa et des banques acquéreurs, on a revu à la hausse la limite des transactions sans contact. Il faut aussi mentionner qu’avec la carte sans contact, les paiements à la caisse sont plus rapides», explique-t-il.

Les options sur les modes de paiement varient et elles sont réparties de la carte à l’application mobile où les possibilités vont de cardless cash, paiement par code QR, transfert bancaire ou encore transfert vers un numéro de portable. Ces deux dernières années, il constate une augmentation des paiements électroniques. Non seulement, cela leur permettait de gagner du temps mais aussi leur permettait de réduire les risques de contamination s’ils sortaient de chez eux.

De nouvelles solutions de paiements digitaux seront envisageables dans un proche avenir grâce aux innovations au niveau du commerce électronique, selon Kevin Dahal. «Cela améliorera davantage l’expérience d’achat des utilisateurs – le paiement physique traditionnel évolue graduellement vers un stade d’adoption de cartes virtuelles intégrées dans des applications bancaires mobiles. À suivre de près à Maurice !», lance-t-il.


Stratégie des banques face au refus des cartes dans les stations-service

La MCB a tenu plusieurs réunions avec les représentants de la Petrol Retailers Association pour se pencher sur la question du refus des cartes bancaires dans les stations-service. Le cœur de leur problème est la marge fixe qu’ils perçoivent quel que soit le prix au litre. Stephanie Ng Tseung dit comprendre leur situation «Nous avons fait des efforts commerciaux. Certaines stations-service acceptent toujours les cartes bancaires et Juice alors que d’autres les refusent.»

Par ailleurs, Bank One propose, elle, une option de paiement transparente, alternative à la carte, qui peut être utilisée à n’importe quelle station-service. Il suffit de télécharger l’application de paiement POP, de s’inscrire avec n’importe quel compte bancaire (ouvert au public et non limité aux clients de Bank One) et de scanner le code QR à la station-service pour un paiement instantané et sans frais pour le consommateur.

À la MauBank, le taux de commission appliqué par les banques est basé sur le type et volume de transactions généré par le commerçant. Aussi, le taux est agréé entre la banque et le commerçant. Il n’empêche qu’aujourd’hui, avec l’’Instant Payment System’ de la Banque centrale, les banques ont la possibilité d’offrir d’autres options de paiements – par exemple à travers l’application mobile qu’offrent certaines banques et autres opérateurs, ce qui permet aux clients de payer directement depuis leur téléphone portable. De plus, avec les nouvelles technologies, on a vu émerger l’option d’Omni Channel Banking, d’où le client a accès à différentes options pour ses paiements.

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