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Construction : Un secteur porteur

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Suivant l’intérêt croissant des consommateurs pour des produits et solutions plus respectueux de l’environnement, le secteur de la construction s’engage dans une utilisation plus efficiente des ressources naturelles, une réduction des déchets et une baisse de l’énergie consommée dans l’habitat. La demande grandissante sur le marché conforte les investisseurs qui s’engagent dans les multiples projets en cours même si les prix en hausse des matériaux et de la main-d’œuvre font grimper les coûts de construction.

Le secteur de la construction à l’île Maurice démontre une robustesse remarquable, représentant environ 4,4 % du produit intérieur brut. Au cours du quatrième trimestre de 2023, l’Indice des prix de la construction, qui s’élevait à 133,0 au troisième trimestre, a augmenté de 0,3 % pour atteindre 133,5. Cette augmentation témoigne d’une dynamique positive dans le secteur de la construction à l’île Maurice, indiquant une croissance continue de l’activité dans ce domaine au sein de l’économie mauricienne.

Les sous-indices « Location d’Équipements » et « Matériaux » ont, quant à eux, enregistré des augmentations significatives de 1,2 % et 0,4 % respectivement au cours de la même période, mettant en évidence une demande croissante pour ces ressources dans le secteur. Cette augmentation, laissent entendre des observateurs, peut refléter une confiance accrue des investisseurs dans le marché de la construction mauricien et l’augmentation des projets en cours ou à venir.

Par ailleurs, l’analyse des fluctuations des prix des matériaux de construction révèle des tendances importantes et souligne l’importance pour les acteurs du secteur de surveiller de près ces variations. Les baisses observées dans les prix des barres d’acier, des carreaux et du granit, ainsi que les augmentations dans les prix du remplissage, des agrégats et du béton pré-mélangé, mettent en évidence les pressions sur les coûts et la nécessité pour les entreprises de mettre en place des stratégies d’approvisionnement et de gestion des coûts efficaces pour maintenir leur rentabilité et leur compétitivité dans un environnement économique en évolution constante. On le sait, les récentes conditions économiques ont exercé une pression à la hausse sur les prix des matériaux de construction et de la main-d’œuvre, générant ainsi des répercussions sur les coûts de construction dans l’ensemble du secteur. «L’augmentation du prix du diesel a également contribué à cette hausse des coûts, affectant les opérations de transport et de logistique», observe Anwar Ramdin, CEO de Hyvec Partners Ltd, le pôle construction du groupe Hyvec.

Cette année, le marché de la construction à travers l’île a été caractérisé par un dynamisme sans précédent, alimenté par une série de projets d’infrastructures pubusiness bliques d’envergure. En particulier, cet élan a été amplifié par un projet gouvernemental qui vise à construire pas moins de 12 000 logements sociaux. De plus, fait ressortir Anwar Ramdin, «la construction résidentielle, notamment des villas et des appartements ainsi que des projets de morcellement, est en forte croissance, stimulée par une demande soutenue de logements.»

Du côté d’UBP, l’on avance que la demande de blocs est restée assez stable ces dernières années, malgré quelques fluctuations dues à des projets nationaux majeurs, comme c’est le cas actuellement avec les travaux du New Social Living Development (NSLD), qui stimulent la vente de smart blocks. «Les constructeurs de maisons NSLD ont misé sur l’utilisation de nos smart blocks pour accélérer leurs chantiers. Il y a, de plus, une nette prise de conscience sur le fait que les choix de consommation impactent la planète et les consommateurs montrent donc un intérêt croissant pour les produits et solutions moins néfastes pour l’environnement, favorisant une utilisation plus efficiente des ressources naturelles, une réduction des déchets ou encore une baisse de l’énergie consommée dans l’habitat. Cela étant dit, l’élément principal déclenchant la décision d’achat de matériaux de construction reste en grande partie le rapport qualité-prix», explique Bryan Gujjalu, Group Chief Strategy Officer d’UBP.

Manque de main-d’œuvre qualifiée

Malgré le dynamisme observé dans le secteur de la construction, les entreprises éprouvent toujours des difficultés considérables à trouver une main-d’œuvre adéquate. La nécessité de recourir à de la main-d’œuvre étrangère est devenue une réalité depuis plusieurs années déjà, face à la pénurie persistante de travailleurs qualifiés. «Une pénurie de main-d’œuvre d’autant plus inquiétante que les mesures pour y remédier prennent souvent plusieurs générations avant de voir les tendances s’inverser», explique Bryan Gujjalu. Cette situation engendre des retards dans les projets, des coûts de recrutement et de rétention en hausse, ainsi qu’une pression accrue sur les employés existants pour répondre à la demande.

Pour surmonter ces défis, il est impératif pour le secteur de la construction, reconnaissent les opérateurs, de mettre en place des stratégies de recrutement, de formation et de fidélisation efficaces, tout en explorant des approches innovantes pour attirer de nouveaux talents vers cette industrie cruciale pour l’économie locale. «Aujourd’hui, ce secteur fait face à divers défis qui nécessitent une réinvention urgente pour assurer sa pérennité. Parmi les principales préoccupations figure la rentabilité de la majorité des entreprises, entrepreneurs et sous-traitants. La construction traditionnelle ‘brique et mortier’ persiste depuis des années, et il est impératif de stimuler la recherche et le développement (R&D) pour se réinventer et rester compétitif sur le marché mondial», fait ainsi ressortir Johan Pilot, CEO d’ENL Property.

Outre le défi du manque de main-d’œuvre, le secteur de la construction à Maurice doit également faire face à plusieurs autres défis cruciaux. Tout d’abord, la durabilité et l’impact environnemental des projets de construction sont des préoccupations croissantes. Avec une sensibilisation accrue aux questions environnementales, il devient essentiel pour le secteur de s’engager dans des pratiques de construction durables et respectueuses de l’environnement. De plus, la gestion efficace des ressources, y compris l’eau et l’énergie, est devenue une priorité pour réduire l’empreinte écologique des projets de construction.

«Un autre défi majeur réside dans la gestion des déchets de construction. Le recyclage de ces déchets offre une opportunité de valoriser les matériaux et de contribuer à la durabilité environnementale. Des initiatives similaires à La Réunion peuvent servir d’inspiration pour développer des stratégies de recyclage efficaces à Maurice», estime Johan Pilot.

Autre problème majeur : la volatilité des coûts, qui demeure une épine dans le pied des opérateurs dans divers secteurs, y compris celui de la construction. «Les entreprises rencontrent beaucoup de difficultés car il leur incombe de payer la différence quand les prix fluctuent. Pour pallier le problème, elles cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement et optimiser leurs processus pour en atténuer l’impact», fait ressortir le CEO de Hyvec Partners Ltd.

Dans un environnement économique en perpétuelle évolution, où les prix des matériaux, de la main-d’œuvre et d’autres intrants peuvent fluctuer de manière imprévisible, les opérateurs sont parfaitement conscients qu’ils doivent s’adapter à cette réalité. Cela implique non seulement une gestion financière prudente, mais aussi une capacité à anticiper et à réagir rapidement aux changements de coûts. Les opérateurs doivent mettre en œuvre des stratégies de gestion des risques efficaces, telles que la diversification des sources d’approvisionnement, la négociation de contrats flexibles et la surveillance régulière des tendances du marché. En adaptant constamment leurs stratégies et leurs pratiques aux fluctuations des coûts, les opérateurs peuvent mieux positionner leurs entreprises pour prospérer dans un environnement commercial dynamique et incertain.

L’écoconstruction connaît un succès grandissant à La Réunion, et les acteurs mauriciens du secteur s’en inspirent pour façonner un avenir plus vert. Lors d’une récente mission organisée par Cap Business Océan Indien en février, avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD), une délégation de représentants d’entreprises mauriciennes a pu découvrir les pratiques novatrices de l’écoconstruction réunionnaise.

Sous la direction de Guillaume Hugnin, président de Cap Business OI, ils ont visité dix organisations engagées dans ce domaine, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour le savoir-faire régional. Des techniques telles que l’utilisation du bambou et des toitures végétalisées ont particulièrement retenu l’attention, avec Rajen Moonoosamy d’ENL Property soulignant le potentiel de ces approches pour réduire les températures et créer des environnements plus durables. «Je crois que c’est une avenue que l’on peut explorer. Il en va de même pour les toitures végétalisées que l’on avait déjà envisagées par le passé. Le système mis en place par le fournisseur réunionnais permet une baisse de température de 7°C ; ce qui est fort intéressant», indique-t-il.

Tony Lee Luen Len, fondateur de Green Building Council Mauritius (GBCM), a pour sa part souligné l’importance des échanges avec La Réunion, mettant en avant les accompagnements offerts aux start-up réunionnaises pour le développement de produits innovants, un aspect clé pour l’avancement de l’écoconstruction. «C’est intéressant de pouvoir faire le parallèle avec La Réunion et de découvrir les différentes techniques mises en place. Je pense que c’est important de pouvoir participer régulièrement à ce genre de mission qui favorise la collaboration et les échanges», soutient-il. Ces échanges promettent ainsi d’enrichir le paysage de la construction durable à Maurice, en tirant parti des leçons apprises à La Réunion.

En définitive, le marché de la construction reste un secteur dynamique et prometteur, malgré les défis actuels. Les opérateurs qui sauront s’adapter aux fluctuations des coûts, adopter des pratiques durables et se positionner sur les segments en croissance, comme la construction verte ou les infrastructures, seront les mieux armés pour tirer parti des opportunités à venir.

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