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Nouvelles technologies : Les opportunités et risques pour les entreprises

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L’arrivée de nouvelles solutions innovantes, à l’image des intelligences artificielles génératives ou encore du métavers, a mis à nouveau un coup de projecteur sur le secteur de la technologie. Une tendance qui ouvre la voie à de nouvelles opportunités pour les entreprises qui ambitionnent d’être davantage compétitives et productives. En revanche, comme toute innovation, la notion de risque est présente. La communauté des affaires est appelée à bien analyser les impacts des implantations de ces technologies sur leurs opérations ou encore auprès de leurs collaborateurs.

ON le sait : la digitalisation des entreprises est d’ores et déjà actée. L’apparition de la Covid-19 a entraîné une prise de conscience des agents économiques de Maurice quant au potentiel de la technologie. Le télétravail est d’ailleurs l’exemple le plus concret. Alors que la pandémie sévissait et que ses dérives engendraient des restrictions sanitaires ainsi que des confinements, c’est la technologie qui a permis à plus d’une entreprise d’afficher la résilience et de pouvoir poursuivre leurs opérations. Une tendance qui s’est maintenue pendant la période dite de l’après-Covid lorsque les phases de digitalisation des entreprises se sont accélérées, rendant celles-ci davantage résilientes. Le secteur financier a, par exemple, été le témoin privilégié de cette montée en puissance. Les acteurs du privé et du public ont mis en place l’E-Know-your-client (E-KYC), ce qui leur a permis de réunir toutes les données sur chaque investisseur de manière digitale. Cette avancée a été un plébiscite selon les opérateurs, car elle a non seulement permis à Maurice d’être davantage conforme aux normes du Groupe d’Action Financière (GAFI) mais a aussi démontré l’ingéniosité du Centre Financier International local aux yeux de nombreux investisseurs dans une période de crise économique bercée par la pandémie.

Mais la technologie, par l’essence même de sa définition, est un secteur en constante évolution. Parallèlement à son don d’ubiquité, elle s’est renforcée, voire métamorphosée. De nouvelles innovations se sont développées comme le métavers, la monnaie digitale ou encore les intelligences artificielles génératives, à l’instar de ChatGPT. Ces nouveaux produits ont également ouvert la voie à de nouvelles opportunités, poussant les entreprises à toujours avoir un œil sur l’évolution de la technologie afin de toujours rester compétitives, d’être à l’ère du temps et de ne pas se laisser engloutir par la vitesse avec laquelle évolue l’innovation digitale.

Une situation qui pourrait tout de même effrayer de nombreuses entreprises et qui suscite des questions diverses. Quelles sont les solutions à prendre en considération ? Combien de temps faut-il avant d’apprivoiser ces nouvelles technologies ? Tant d’interrogations qui trottent dans la tête des dirigeants. Cela dit, à en croire Nicolas Goldstein, la communauté des affaires ne devrait pas s’affoler à la vue de l’émergence de ces nouvelles solutions. D’autant que les entreprises ont déjà apprivoisé la technologie depuis la survenance de la pandémie, estime le cofondateur de Talenteum Africa. «Les compagnies ont pu utiliser les technologies pour améliorer leur efficacité opérationnelle, leur productivité et leur rentabilité, tout en offrant des produits et services de meilleure qualité à leurs clients pendant et après la pandémie. La technologie a également permis aux entreprises de se développer plus rapidement, de toucher un public plus large et de s’adapter plus rapidement aux changements du marché. Par exemple, les entreprises peuvent utiliser des technologies telles que l’analyse des données et l’apprentissage automatique pour comprendre les préférences des clients et personnaliser leur expérience en conséquence». Ainsi, poursuit-il, les dernières innovations ne devraient pas être des sujets stressants, mais plutôt être perçues comme des opportunités.

Entreprise et technologie : Un mariage d’épreuves et d’opportunités

Même son de cloche auprès de Viv Padayatchy. Le Managing Director de Cybernaptics est d’avis que la relation entre les entreprises et la technologie est semblable à un mariage. Tout comme dans une union, des défis vont mettre à rude épreuve cette relation. «Il est important de noter que la technologie doit être utilisée de manière responsable et éthique, en tenant compte de ses impacts sur la société et l’environnement. Les entreprises doivent donc être en mesure de faire des choix réfléchis et bien informés lorsqu’il s’agit de choisir les technologies à adopter.» Une allusion qui fait référence aux épreuves que sont appelés à surmonter les couples lorsqu’ils doivent faire des choix ou respecter des règles pour le bien de leurs relations.

Néanmoins, les entreprises et la technologie ont déjà surmonté l’épreuve de la pandémie. Un défi qui s’est transformé aujourd’hui en atout, qui a permis de renforcer leur union, mais qui pousse également la communauté des affaires à être proactive. C’est d’ailleurs en ce sens qu’abonde Dhinesh Dillum, consultant en technologie pour Riverisland. «Les pertes financières de la Covid-19 ont été considérables pour les entreprises, car elles ont été affectées par les économies mondiales. Avant la catastrophe, un grand nombre d’entre elles, principalement technologiques, disposaient déjà d’infrastructures adéquates. Toutefois, ce n’était pas le cas de la majorité des entreprises dans le monde, notamment les services publics tels que les soins de santé et l’éducation, qui ont énormément souffert de la crise. Aujourd’hui, plus de trois ans après l’éclatement de la pandémie, la plupart des entreprises ont tiré les leçons de l’expérience, ont investi massivement dans la technologie et ont numérisé la majeure partie de leurs activités. De nombreuses innovations technologiques ont vu le jour pendant cette période dans de nombreux domaines, par exemple l’éducation en ligne, les soins de santé en ligne, la banque en ligne, les solutions de commerce électronique telles que les supermarchés en ligne, les achats en ligne, les services financiers en ligne, pour n’en citer que quelques-uns.»

Poussant l’analyse plus loin, le Dr Dev K. Roshan Boojihawon, Associate Professor of Strategy à l’université de Birmingham, affirme que la Covid-19 a laissé entrevoir de nouveaux horizons pour la technologie. Celle-ci élabore d’ailleurs de nouvelles solutions, notamment des produits dématérialisés comme les intelligences artificielles. «L’adoption de l’informatique dématérialisée présente de nombreux avantages, notamment la facilitation du travail à distance à long terme et en toute sécurité, la réduction du coût total de possession et l’acquisition de l’agilité organisationnelle nécessaire pour soutenir une croissance soutenue. En outre, la mise en œuvre de l’informatique dématérialisée et la croissance sont des utilisations parfaites pour l’automatisation intelligente. Pour réorganiser les processus et encourager les résultats commerciaux, elle combine l’intelligence artificielle (IA), l’automatisation robotique des processus (RPA) ou encore la gestion des processus d’entreprise, entre autres. De ce fait, les entreprises se concentrent de plus en plus sur la fusion de la RPA avec d’autres technologies de pointe pour permettre une automatisation intelligente afin de satisfaire les demandes de plus en plus nombreuses de poursuite de la transformation numérique. Les entreprises peuvent plus rapidement étendre leur automatisation à l’ensemble de l’organisation, développer la capacité d’inclure une automatisation plus complexe et ajouter de l’intelligence à leur main-d’œuvre numérique plus rapidement.»

Des innovations essentielles…

Ainsi, la technologie ne finit jamais d’évoluer. L’une des innovations les plus marquantes à l’ère post-Covid a été le métavers, qui est la contraction de deux mots. En effet, meta signifie en grec au-delà, alors que sa terminaison vers fait allusion au mot univers. Ainsi, tout simplement, métavers signifie voir au-delà de l’univers et du réel. Avec les prémices de cette nouvelle technologie, l’homme vise à effacer la ligne imaginaire délimitant le virtuel et la réalité. Cette innovation est d’ailleurs un eldorado qu’ambitionnent de créer de nombreuses entreprises de la tech, à l’image de Facebook qui s’est même restructurée afin de créer sa nouvelle marque et holding, Meta. Mais là où l’on attendait moins l’évolution de la technologie, c’est au niveau de l’intelligence artificielle qui a embrassé de nouvelles ambitions. En fusionnant avec les possibilités qu’offre le web, on a assisté à la naissance d’une nouvelle technologie nommée Generative Pre-trained Transformer (GPT). Type de langage linguistique virtuel, cette innovation utilise l’apprentissage pour générer des textes conversationnels semblables à ceux des humains. Aussi connu sous le nom d’intelligence artificielle générative, elle est encore au stade embryonnaire, mais a tout de même donné naissance au ChatGPT ou encore à Google Bard.

Concentrant leurs analyses sur le ChatGPT, Nicolas Goldstein et Dhinesh Dillum s’accordent à dire que ce produit est une avancée majeure pour le secteur. Pour le cofondateur de Talenteum Africa, la technologie GPT est également amenée à évoluer davantage afin de tendre vers des modèles précis. «Nous pourrions voir des modèles utilisant la technologie GPT se spécialiser dans des domaines spécifiques, tels que le droit, la médecine ou la finance, afin de fournir des réponses plus précises et plus ciblées. En outre, cette technologie pourrait être utilisée pour créer des assistants virtuels plus intelligents et interactifs susceptibles d’aider les gens dans leur vie quotidienne, y compris dans des tâches telles que la planification de la journée, la gestion des finances et la recherche d’informations. Avec l’amélioration continue des technologies de traitement du langage naturel, nous pouvons nous attendre à ce que la technologie GPT devienne de plus en plus courant dans notre vie quotidienne et dans nos interactions avec les entreprises et les organisations», estime-t-il.

Il est rejoint par le consultant en technologie pour Riverisland. Celui-ci soutient que l’IA générative peut devenir un allié de taille pour la société mauricienne ou encore la communauté des affaires. «L’IA est généralement une technologie qui permet d’effectuer des tâches compliquées. Ainsi, elle a été créée en raison du besoin croissant de résoudre des problèmes complexes. ChatGPT, par exemple, est l’un de ces outils qui utilisent l’IA intégrée dans son moteur. Cet agent conversationnel peut lire des fichiers audio, des images ou du texte, les analyser et fournir les résultats souhaités», explique-t-il. In fine, estime Dhinesh Dillum, sans l’IA, il serait impossible de concevoir des solutions technologiques. Ces plateformes d’IA tendent donc à se multiplier.

Toutefois, l’émergence de ces nouvelles technologies amène également son lot de risques. Les cas de piratages en ligne et de cybermenaces ont augmenté juste après la Covid-19. Une tendance qui contraint les utilisateurs de la technologie, particulièrement ceux qui s’aventurent dans l’utilisation des nouvelles innovations, à être proactifs. Les entreprises ne sont pas épargnées par cette menace.

C’est le constat du Dr Dev K. Roshan Boojihawon. Bien que le professeur à l’université de Birmingham affirme que Mau[1]rice déploie des efforts considérables et rassurants afin de lutter contre les ennemis invisibles que représentent les cyberattaques, il n’empêche que l’évolution rapide de la technologie oblige les entreprises à mettre les bouchées doubles. Il cite en exemple le cas des sociétés offshore qui sont exposées aux risques de cyberattaques en raison de leur dépendance à l’interconnectivité financière interpays. Ainsi, considère-t-il, les entreprises du secteur financier et des services financiers doivent être davantage préparées aux tentatives de piratage en ligne. «Les cybercriminels sont de plus en plus sophistiqués, ce qui pousse les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs à adopter un mode toujours en ligne. En cette période de perturbation numérique et d’incertitude accrue face aux cybermenaces, de nombreuses entreprises concentrent leurs efforts en matière de cybersécurité sur la composante technologique, au détriment du facteur humain. Lorsque des données sont compromises, cela est souvent lié à une négligence ou à une défaillance du système de cybersécurité au sein de l’entreprise ou de la part d’un tiers travaillant avec l’entreprise. Nous devons nous interroger sur notre degré de préparation face aux cyberattaques menées par l’IA».

Dans l’optique de mitiger ces risques, Viv Padayatchy énumère cinq mesures qui aideront à se protéger face aux cybermenaces. Les conseils du Managing Director de Cybernaptics sont en lien avec les besoins des compagnies. «Les entreprises peuvent se protéger contre le risque de cybermenaces et de cyberattaques en adoptant un programme de prévention à cinq niveaux,. Premièrement, les compagnies doivent anticiper en se renseignant sur les risques propres à leurs activités. Deuxièmement, les entreprises doivent investir dans des outils permettant de détecter les tentatives d’attaques en ligne. La communauté des affaires doit, de même, s’offrir les moyens de résistance avec des pare-feu ou encore des détections d’anti-intrusion. En quatrièmement, les dirigeants doivent s’assurer d’avoir un plan B en cas d’attaques afin que cela n’impacte pas leurs opérations. Et, enfin, les entreprises doivent tirer des leçons des attaques subies pour renforcer leur protection», résume-t-il. Et conclure : «Il existe toute une gamme d’équipements tels que les pare-feu, les systèmes de détection et de surveillance (centre des opérations de sécurité), les programmes de formation pour les employés et les bonnes pratiques basées sur des protocoles de sécurité bien établis tels que l’ISO 27001».

Homme vs technologie : L’un des plus grands défis du capital humain ?

Les cyberattaques sont bel et bien une des sources de préoccupation des entreprises. Or, l’impact de l’automatisation des tâches sur le capital humain en est une autre. En effet, de nombreux spécialistes dans le domaine du recrutement alertent sur les effets néfastes que peut avoir l’adoption des nouvelles technologies sur les employés et, plus largement, sur le marché de l’emploi.

C’est un défi que confirment les experts en technologies également. Pour le Dr Dev K. Roshan Boojihawon, c’est une angoisse qui s’accroît chaque jour. «Depuis le début de la période industrielle, nous n’avons jamais eu autant peur d’être bousculés par la technologie. L’IA moderne, lorsqu’elle est développée en toute sécurité, a le potentiel de révolutionner presque tous les secteurs. Elle peut transformer la façon dont nous créons de nouvelles thérapies médicales, luttons contre le changement climatique et améliorons nos services publics, tout en développant et en garantissant l’avenir de notre économie. Nous devons agir maintenant pour saisir les opportunités offertes par l’IA et réfléchir attentivement à la manière dont nous pouvons remodeler notre avenir. Si Maurice ambitionne de devenir un pays doté de l’IA, nous devons prendre conscience des risques et des vulnérabilités auxquels notre future main-d’œuvre sera confrontée», souligne-t-il. Et de préconiser qu’il faut demander aux employés de se réinventer de manière indépendante. En dépit du fait que ce soit une lourde tâche, ces mêmes employés auront besoin d’être guidés et soutenus dans cette réinvention. À cet égard, la stratégie d’entreprise et l’orientation politique ont un rôle important à jouer.

Il est rejoint par Viv Padayatchy, qui analyse la situation de manière pragmatique. Le Managing Director de Cybernaptics indique que la technologie a toujours réinventé le monde de l’emploi. Il prend en exemple le cas de Maurice où certains métiers, à l’instar du charretier ou encore du dactylographe, n’existent plus aujourd’hui. Cette évolution n’a pas entraîné la fin de l’emploi à Maurice, mais a plutôt permis aux Mauriciens de se spécialiser dans d’autres domaines. «L’IA va nous obliger à nous réinventer en apprenant de nouvelles compétences et en nous spécialisant dans des domaines qui ne peuvent pas être automatisés. Les compétences telles que la créativité, la pensée critique, la communication, la gestion de projets et l’empathie sont des compétences qui sont difficiles à automatiser. Les travailleurs qui possèdent ces compétences auront toujours une place importante sur le marché du travail. En fin de compte, la technologie est un outil qui peut aider les travailleurs à accomplir leur travail plus efficacement et plus rapidement. Les travailleurs qui apprennent à utiliser ces outils efficacement auront un avantage concurrentiel sur ceux qui ne le font pas», argue-t-il.

Les innovations à surveiller

Il existe de nombreuses innovations technologiques émergentes que les entreprises doivent garder à l’œil. En voici quelques-unes :

L’intelligence artificielle : l’IA est une technologie en constante évolution qui offre de nombreuses applications potentielles, notamment l’automatisation des processus commerciaux, la personnalisation de l’expérience client, l’analyse prédictive et la prise de décisions automatisée.

La blockchain : la blockchain est une technologie de registre distribué qui offre une transparence et une sécurité accrues pour les transactions en ligne, ce qui peut être utile dans de nombreux domaines, y compris les finances, l’immobilier et la gestion de la chaîne d’approvisionnement.

L’Internet des Objets (IoT) : l’IoT est un réseau de dispositifs physiques connectés qui peuvent collecter et échanger des données. Cette technologie peut être utilisée dans de nombreux secteurs, y compris la fabrication, les soins de santé, les transports et l’agriculture.

La réalité virtuelle (VR) et la réalité augmentée (AR) : ces technologies permettent aux utilisateurs d’interagir avec des environnements virtuels ou d’ajouter des informations numériques à des environnements réels. Les applications commerciales potentielles incluent la formation, le marketing et la conception de produits.

Conception de produits. La robotique : la robotique peut aider à automatiser des tâches répétitives ou dangereuses, ce qui peut accroître l’efficacité et réduire les risques pour les travailleurs. Les robots peuvent également être utilisés dans des domaines tels que la logistique, la santé et la fabrication.

La 5G : la 5G est une technologie de réseau sans fil qui offre une connectivité plus rapide et plus fiable. Cela peut être utile dans de nombreux domaines, y compris la connectivité à distance pour les travailleurs à distance, les voitures autonomes et les villes intelligentes.

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