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Mary-Queenie Adam (CEO & Co-fondatrice de LuckyDodo), «Nos clients recherchent des ‘actionable insights’»

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Banquière de profession, Mary-Queenie, CEO & Co-fondatrice de LuckyDodo, se lance dans l’entrepreneuriat avec Stéphane Adam, co-fondateur et Head of Strategy, en 2021. S’ensuit Trends by LuckyDodo. Cet outil de business intelligence impulsée par l’Intelligence Artificielle vise à fournir aux mondes des affaires de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique des analyses profondes et des perspectives de marché. Le tout basé sur des données localisées et granulaires leur permettant de cerner au mieux leurs clients et leur environnement concurrentiel.

Trends by LuckyDodo est un outil sous  forme d’une plateforme de business intelligence impulsée par l’IA, que vous avez commencé à déployer en août 2023 et exporter vers la région du MENA et de l’Afrique. En quoi son offre est différente de celle que vous proposiez avec Trends à son lancement en 2022 ? 

Lorsque nous avons lancé Trends by LuckyDodo en 2022, c’était principalement axé sur des analyses de marché traditionnelles. Mais, nous avons vite réalisé le potentiel inexploité des ‘insights’ en temps réel. Avec Trends, nous avons pivoté vers une Intelligence Artificielle (IA) sophistiquée, qui capte l’essence même du marché local en temps réel. Ce n’est pas seulement des chiffres : c’est le sentiment, l’intérêt, le recoupement d’audience. Nous offrons maintenant aux entreprises du MENA et de l’Afrique, une perspective complète de la démographie au revenu mensuel estimé. N’importe quelle marque peut non seulement voir les tendances d’un marché spécifique, mais aussi obtenir des ‘insights’ sur ses concurrents sur ce marché.

Est-ce que le Moyen-Orient considère aussi l’Afrique comme une terre d’opportunités ?

Absolument. Pour le Moyen-Orient, l’Afrique est incontestablement une terre d’opportunités. Avec Trends, nous avons observé une demande croissante pour des données précises sur les marchés africains.

Si cette région est en quête de données pour investir, s’implanter, nouer des liens ou lancer des produits et projets dans des pays africains, dans quels secteurs est-ce que les intérêts sont les plus prégnants ?

Les secteurs qui retiennent l’attention sont notamment l’agroalimentaire, les énergies renouvelables, le secteur bancaire et l’e-commerce. Le digital explose en particulier, avec un intérêt marqué pour les startups technologiques africaines. De plus, les infrastructures et le ‘retail’ sont également des domaines où les investisseurs du Moyen-Orient cherchent à s’implanter. Trends facilite non seulement la compréhension de ces marchés, mais offre aussi un regard sur les concurrents, permettant aux entreprises du Moyen-Orient de prendre des décisions éclairées lorsqu’elles cherchent à nouer des liens ou lancer des projets en Afrique.

LuckyDodo a levé 1 million d’USD pour son expansion internationale. Comment s’est déroulée cette aventure entrepreneuriale et quelles sont les leçons qui ont été apprises jusqu’ici ?

LuckyDodo est un exemple de réussite remarquable ; lever 1 million d’USD n’est pas une mince affaire, en particulier en provenance de Maurice. Ce qui a fait la réussite de notre levée de fonds c’est d’abord une vision claire et la capacité de montrer une traction réelle. Nous avons identifié un besoin non satisfait sur le marché et avons construit une technologie pour y répondre. La leçon la plus précieuse que nous avons apprise, je pense, est l’importance de l’adaptabilité. Dans le monde des startups, rien ne se passe jamais comme prévu. La capacité à pivoter, à apprendre de ses erreurs et à persévérer est fondamentale. LuckyDodo a montré que, même loin des écosystèmes traditionnels de la Silicon Valley, avec une équipe solide et une vision, on peut atteindre des sommets remarquables.

Qui sont ces entreprises qui font appel à vos services ? Et quelle est la demande au niveau de leurs recherches pour des analyses et des perspectives de marchés ?

Trends sert une gamme variée d’entreprises, des startups locales aux multinationales du Fortune 500. Sans divulguer des éléments confidentiels, je peux dire que parmi nos clients, on retrouve des leaders dans le domaine de la technologie, de la finance, du ‘retail’ et de l’agroalimentaire. Ces marques cherchent à comprendre non seulement leurs clients, mais aussi l’écosystème concurrentiel dans des marchés spécifiques. Leur demande est claire : des données localisées et granulaires qui offrent un avantage concurrentiel. Avec l’essor des marchés émergents, la demande pour des analyses profondes et des perspectives de marché ne cesse de croître. Nos clients veulent aller au-delà des données superficielles ;
ils recherchent des ‘actionable insights’ pour guider leurs stratégies d’expansion et d’engagement client. Trends répond à ce besoin avec précision et efficacité.

Pour fournir ces données, votre plateforme de business intelligence se base à ce jour sur la récolte de données auprès de combien d’utilisateurs, d’adresses mail, etc., et comment procédez-vous pour les collecter ?

Notre plateforme d’entertainment, semblable à un Netflix mais axée sur des jeux pour gagner des prix, a déjà conquis 800 000 utilisateurs. Ils viennent jouer gratuitement chaque jour, générant ainsi un flux de données riches qui reflète les tendances démographiques et psychographiques du moment. Pour la collecte de ces données, nous croisons le comportement des utilisateurs sur notre plateforme avec leur activité en ligne et des ‘data sets’ tiers. Toutefois, la confidentialité est primordiale pour nous. Toutes les données sont anonymisées, cryptées et traitées pour fournir des ‘insights’ business. Si Facebook construit une communauté gratuite pour analyser le comportement et perfectionner ses publicités, notre approche, bien que similaire, tend vers une orientation ludique et engageante. Notre objectif est de comprendre les tendances tout en offrant une expérience utilisateur enrichissante et respectueuse de la vie privée.

L’explosion des applications d’IA génératives depuis l’année dernière a donné lieu à l’adhésion et l’adoption de ces technologies par des individus, mais aussi des sociétés dans une optique de simplifier les opérations, automatiser certaines tâches, réduire les coûts et biffer le recours à certaines prestations connexes. Qu’est-ce que ce phénomène implique pour votre corps de métier et votre offre de services ?

L’émergence des applications d’IA génératives a en effet remodelé le paysage technologique. Pour notre plateforme d’entertainment, cela ouvre un éventail de possibilités. Premièrement, l’automatisation via l’IA nous permet d’offrir une expérience utilisateur plus personnalisée, anticipant les préférences des joueurs et recommandant des jeux ou des défis adaptés. De plus, cela réduit les coûts opérationnels, nous permettant de réinvestir dans l’amélioration de la plateforme. Néanmoins, il y a aussi des défis. Le remplacement d’une partie des prestations traditionnelles par l’IA nécessite une veille constante pour garantir l’éthique et la sécurité. Notre principal enjeu est d’équilibrer l’efficacité de l’IA avec le respect et la satisfaction de l’utilisateur. En fin de compte, l’IA générative ne remplace pas notre cœur de métier ;
elle l’augmente et nous pousse à innover continuellement pour offrir le meilleur à nos utilisateurs.

L’exploitation des données est considérée comme le ‘new oil’ au regard du développement et du progrès économique. Y a-t-il suffisamment de garde-fous en matière de protection de la confidentialité et de la propriété intellectuelle pour encadrer cette révolution technologique à larges impacts socio-économiques ?

Dans le panorama actuel du monde des affaires, où l’exploitation des données est désormais le moteur de la croissance, la comparaison avec l’or noir est inévitable. Toutefois, tout comme l’âge d’or du pétrole a soulevé des questions sur l’environnement et la géopolitique, cette ère numérique suscite des préoccupations quant à la confidentialité et la propriété intellectuelle. Le paysage réglementaire actuel peine à suivre la cadence effrénée de l’innovation technologique. Bien que des initiatives, telles que le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) en Europe, aient jetées les bases de la protection des données, l’harmonisation mondiale reste un défi. Quant à la propriété intellectuelle, l’ère numérique brouille les frontières traditionnelles, nécessitant une révision de nos approches conventionnelles. En somme, tandis que l’exploitation des données façonne notre avenir économique, il est impératif d’ancrer cette révolution dans un cadre éthique et réglementaire solide.

L’on dit que l’on peut faire dire aux données – dont les statistiques – ce que l’on veut bien leur faire dire. Comment demeurer précis et perspicace dans l’analyse des tendances des marchés et les perspectives que l’on fournit en s’appuyant dessus ?

L’éternelle danse des données ! Dans le monde numérique en perpétuelle évolution où chaque startup prétend avoir le ‘secret sauce’ basé sur les données, la distinction entre signal et bruit est cruciale. Les statistiques, si mal employées, peuvent être l’équivalent moderne de la boule de cristal d’un charlatan. Pour rester précis et perspicace, plusieurs éléments sont essentiels. D’abord, il faut une source de données solide et fiable. Pas de tricherie ni de coins coupés. Ensuite, il faut adopter une approche sceptique : questionnez toujours vos hypothèses. Utilisez des outils d’analyse éprouvés et restez ouvert aux contre-arguments. Et, surtout, rappelez-vous que, derrière chaque point de données, il y a un utilisateur, un humain. En gardant ces principes à l’esprit, on peut naviguer à travers l’océan des données avec une boussole fiable, offrant des analyses qui ont un impact réel et significatif.