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Dr François Tadebois «Placer l’humain au Cœur du système de santé»

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Dir francois Tadebois

Le Dr François Tadebois, Directeur de la Clinique du Bon Pasteur, plaide pour plus d’humanité dans la profession médicale. Il est catégorique sur le fait que les gens ne doivent pas perdre confiance dans les médecins.

ANATOLE Broyard, écrivain, critique littéraire et ancien critique du New York Times, disait : « Now that I know I have cancer of the prostate, the lymph nodes, and part of my skeleton, what do I want in a doctor? I would say that I want one who is a close reader of illness and a good critic of medicine… To most physicians, my illness is a routine incident in their rounds while for me it’s the crisis of my life. I would feel better if I had a doctor who at least perceived this incongruity …»

La gentillesse d’un médecin est toujours importante, mais elle l’est encore plus lorsque le patient souffre. Des recherches scientifiques confirment les effets positifs de la gentillesse et de la compassion sur le soulagement de la douleur et d’autres problèmes de santé. Les patients et leurs familles comptent sur les médecins et les soignants pour leur fournir des soins médicaux vitaux. Mais ils attendent également d’eux des informations, du réconfort et de la compassion. Malheureusement, ils ne les reçoivent pas toujours. Le Dr François Tadebois, médecin depuis plus de 40 ans, est d’avis que ce n’est pas la peine d’avoir des médecins s’ils ne peuvent pas et ne savent pas parler avec les malades. Dans cette profession, une écoute active est primordiale et c’est quelque chose qu’il faut apprendre.

« La santé est un secteur très sensible. Nous médecins, notre rôle premier, c’est de soigner les malades. Pour cela, il faut avant tout écouter le malade pour ensuite essayer de résoudre son problème. Pour soigner un malade, il faut premièrement un médecin et le personnel soignant et, deuxièmement, il faut toute une structure autour. S’agissant de cette infrastructure, il faut un minimum de base. Puis il y a des investigations plus poussées ; on aura donc besoin, par exemple, d’un appareil de radiographie, d’IRM… Il faut comprendre que tout cela coûte beaucoup d’argent. L’investissement est lourd et les équipements ont une durée de vie limitée. De plus, ce sont des appareils qui ont besoin d’entretien. Après, on peut investir massivement dans un appareil très tendance, mais quelques années plus tard, il ne sert plus à rien car la technologie évolue rapidement », explique le Dr François Tadebois.

Cette évolution de la médecine peut expliquer l’augmentation des coûts de la santé. Comme le fait ressortir le Dr François Tadebois, l’investissement dans le secteur public est décidé par le ministère de la Santé, mais dans le secteur privé, cela se fait à travers les actionnaires et les investisseurs. « Ceux qui investissent veulent avoir un retour. Mais bien sûr, il ne faut pas que le retour soit exagéré .»

L’écosystème du secteur de la santé comprend le secteur public et le secteur privé. Pour le Dr François Tadebois, ce ne sont pas deux opposants ; ils sont supposés marcher ensemble. Le secteur de la santé nécessitant des investissements très lourds, c’est normal que ce soit le secteur public qui investit pour donner la possibilité à tous les Mauriciens de bénéficier de techniques de pointe.

COÛT ÉLEVÉ

« Dans le secteur de la santé, il faut des gens compétents. Je prends pour exemple la robotique : cette technologie est de plus en plus utilisée dans les centres médicaux. Le chirurgien doit se familiariser avec ces techniques ; il est donc obligé d’aller apprendre la technologie pendant un ou deux ans. Pour une personne ayant une hernie et qui se fait opérer par la robotique, le taux de récidive est nul. Ce sont toutefois des technologies que nous n’avons pas encore à Maurice. Les patients se rendent à l’île de la Réunion, en Inde ou encore en Australie .»

Ainsi, le coût de la santé va dépendre, d’une part, des équipements et des possibilités et, d’autre part, du médecin. Souvent, le patient ne sait quoi faire et c’est là que prend l’importance d’un médecin de famille qui pourra le guider. « Je suis pour la mise sur pied d’un médecin de famille. C’est la seule façon de réguler les coûts. Les prix pratiqués font débat, mais c’est là, la faute des assureurs. Les assureurs auraient dû travailler sur le modèle pratiqué à l’étranger. À l’étranger, quand un malade – qui est assuré – est admis, le médecin de l’assurance se déplace pour voir quels sont les traitements en cours. Mais ici, la mentalité est que c’est l’assurance qui s’acquitte des frais ; donc le patient est soumis à toutes sortes de tests. Certains tests ne sont réellement pas nécessaires. J’avais accompagné un malade à Miami ; là-bas, le médecin de l’assurance est venu s’enquérir auprès du médecin traitant. Donc, je pense que l’assurance doit changer son modus operandi. Il faut que notre système de santé soit honnête et que nous apprécions la valeur de notre acte », souligne le Dr François Tadebois.

À mesure que le monde change, le secteurde la santé doit évoluer pour répondre aux nouveaux besoins. Ce secteur fait partie intégrante de la santé physique et économique de chaque personne à Maurice. Les professionnels de la santé sont essentiels à la mise en œuvre et à l’application des politiques et au bon fonctionnement du système. Aujourd’hui, cependant, nous avons plus que jamais besoin de ces professionnels.

Selon les observateurs, nous n’avons pas suffisamment de gens compétents pour faire certains actes. Par exemple, la chirurgie cardiaque. « Pour la haute technologie, il est vrai qu’on manque de personnel qualifié. Demain, si on investit dans un appareil de robotique, il faudra avoir des personnes formées pour l’utiliser. Il ne faut surtout pas que les médecins croient que c’est facile. À ce sujet, je pense que nous pouvons également regarder du côté de la diaspora mauricienne. Certains travaillent dans des centres spécialisés dans le domaine médical et ils auraient pu aider Maurice. Il faut négocier avec es gens pour faire bénéficier de leurs compétences aux patients à Maurice. Il y a aussi les centres spécialisés en Inde qui sont prêts à faire des accords avec les établissements de santé à Maurice .»

S’agissant de la formation du personnel soignant, le Dr François Tadebois souligne que ce n’est pas un problème qui date d’hier. Depuis ses débuts il y a plus de 40 ans, on parle d’un manque d’infirmiers. « Depuis que j’ai débuté dans la médecine, on parle d’un manque d’infirmiers. Aujourd’hui, il n’y a pas de clinique où il n’y a pas d’infirmiers indiens qui travaillent, et ils sont très compétents .»

Un comportement attentionné change la perception des patients

Les professionnels de la santé peuvent influencer la façon dont les patients pensent et ressentent leur douleur ou leur traitement en créant un environnement empreint de bienveillance, de gentillesse et de respect. Une étude publiée dans le Spine Journal a montré que les patients souffrant de maux de dos qui percevaient une grande empathie de la part de leur médecin voyaient leur douleur soulagée et se sentaient mieux dans leur traitement. Dans une autre étude, publiée dans le British Medical Journal, des patients souffrant du syndrome du côlon irritable et traités par un médecin chaleureux et amical ont ressenti moins de douleur et plus rapidement une amélioration générale que les patients ayant peu ou pas d’interaction avec leur médecin.

 

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