Type to search

Actualités Autres

2015: l’année de tous les défis

Share
2015: l’année de tous les défis | business-magazine.mu

Après une année 2014 en demi-teinte sur le plan de l’économie, tous les espoirs sont permis en 2015, d’autant plus que le nouveau gouvernement issu des urnes semble animé des meilleures intentions pour relancer une machinerie économique toujours grippée.

Dès son arrivée aux affaires, le nouveau gouvernement s’est attelé à créerun « feel good factor » dans la population. Le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, a ainsi augmenté la pension de vieillesse à Rs 5 000, accordé une compensation salariale uniforme de Rs 600 et intimé aux employeurs du secteur sucrier de payer aux travailleurs les huit jours de grève.

Les attentes sont grandes du point de vue économique. Le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, l’a reconnu lui-même dans son message de fin d’année. « Nous avons de gros défis à relever, nous devons une fois de plus privilégier une culture de travail, d’effort et de persévérance, qui  apermis au pays de progresser dans le passé », a-t-il déclaré.

La productivité dans tous les secteurs économiques demeure, en effet, un enjeu majeur. Mais l’économie attend des signaux plus clairs ; les attentes sont décuplées d’autant plus que le Premier ministre se dit plus que jamais déterminé à mettre le pays sur les rails d’un deuxième miracle économique.

Rétablir la confiance

Les principaux défis de 2015 s’articuleront sans nul doute autour du décollage de la croissance, de la relance de l’investissement et du rabaissement de la dette publique. La présentation du discours-programme le 20 janvier devrait donner des indications à cet égard, en attendant la présentation du premier Budget de Vishnu Lutchmeenaraidoo prévue pour mars. Les opérateurs privés attendent des mesures fortes visant à éliminer les freins à la croissance.« Il faut stimuler l’économie, s’attaquer aux problèmes des secteurs sous-performants, tels que la construction.  Il faut aussi améliorer le climat des affaires, redonner le sentiment de confiance qui était perdu depuis quelque temps tout en améliorant certains indicateurs économiques, dont le taux d’investissement qui demeure bas et inquiétant. On a besoin de plus de réformes structurelles », argue l’économiste Swadicq Nuthay.  D’ailleurs, le Fonds monétaire international n’a eu de cesse ces derniers mois de plaider pour de profondes réformes visant notamment à favoriser la diversification économique du pays, renforcer la résilience de l’économie tout en maintenant une rigueur budgétaire. Pour atteindre le statut de pays à revenu élevé en 2020, une croissance moyenne annuelle de 5,8 % est nécessaire comme le souligne l’économiste Nitish Benimadhu.

« La priorité est de jeter les fondations pour un taux de croissance durable et robuste autour de 6 %, ce qui permettra de réduire le chômage. Un taux de chômage de 7 à 8 % est trop coûteux pour l’économie », analyse-t-il.

La solution au problème de chômage réside dans l’éducation, observe, pour sa part, Richard Arlove, CEO du groupe Abax. Selon lui, le gouvernement devrait établir un partenariat entre les pourvoyeurs d’éducation et les employeurs. L’éducation doit être centrée sur les besoins économiques, dit-il.Il faut aussi mettre l’accent sur l’éducation vocationnelle. « Aujourd’hui, Maurice qui a une économie baséesur les services se trouve avec moins de 25 % d’enfants sortant du primaire avec un ‘A level’. Comment vont-ils trouver un emploi ? Nous avons besoin d’un système éducatif qui tende plus vers l’employabilité. Ce type d’éducation permettrait d’ailleurs une meilleure distribution de la richesse nationale », souligne-t-il.

La relance de l’investissement constitue un autre défi majeur. « Pour relancer l’investissement privé, il faut des incitations fiscales et une administration publique plus efficiente et rapide. L’efficacité des services publics est un enjeu crucial », opine Eric Ng, directeur du cabinet PluriConseil. Swadicq Nuthay est du même avis : « il y a encore beaucoup trop de bureaucratie. Il faut mettre en place un ‘clear  and straight forward process’ pour démarrer une entreprise. Or, certains permis nécessitent encore six mois d’attente. »

Enfin, la gestion des finances publiques représente elle aussi un véritable casse-tête pour le nouveau ministre des Finances, avec la dette publique dépassant 60 % du PIB. Nitish Benimadhu estime que le pays devrait pouvoir maintenir la dette à 50 %, et ce de manière durable. Tout comme le déficit budgétaire qui doit rester aux alentours de 3 %.