Type to search

Actualités Autres

Accord de libre-échange Chine – Maurice De réelles opportunités pour l’industrie locale

Share
Accord de libre-échange Chine - Maurice De réelles opportunités pour l’industrie locale | business-magazine.mu

Maurice cherche à diversifier son marché traditionnel tout en améliorant les conditions d’accès. C’est ainsi que sont ciblés les marchés émergents, à l’instar de la République populaire de Chine, afin de consolider sa base industrielle et d’accroître l’investissement direct étranger. C’est dans cette optique qu’Andre Lee Hong Chong, ambassadeur de Maurice en Chine, et Zhong Shan, ministre chinois du Commerce, ont signé, le 17 octobre dernier, un accord de libre-échange au nom des deux gouvernements. Cette signature d’accord intervient six ans après que Maurice a enclenché les démarches. En effet, les deux pays avaient dans un premier temps conclu des négociations sur un accord de libreéchange en août 2018 avant la signature d’un protocole d’accord en septembre 2018 à Beijing. La ratification devrait se faire d’ici à février prochain.

Avec cet accord, Maurice peut franchir un cap dans l’exportation, tout en se distinguant sur le continent africain. En effet, la Chine représente un marché de 1,4 milliard de consommateurs de produits et de services. Amit Achameesing, fondateur de la New Economic Thinking Academy aux Seychelles, accueille favorablement cet accord car, dit-il, avec un déficit commercial de Rs 125 milliards, il faut que la politique économique de Maurice se réinvente radicalement afin de promouvoir de nouveaux créneaux d’exportation, surtout dans des secteurs à haute valeur ajoutée. L’objectif de cet accord est de promouvoir et de défendre l’intérêt de Maurice en termes de diversification de marchés d’exportation et de faire grimper les recettes d’exportation pour ainsi rétablir la balance des paiements et assurer une saine croissance économique.

Il faut dire que l’accord de libre-échange avec Maurice est le premier que la Chine signe avec un pays africain. Pour Sunil Boodhoo, directeur de l’International Trade Division au ministère des Affaires étrangères, c’est une fierté pour Maurice. «Comme tout autre pays à travers le monde, la Chine ne reste pas insensible aux opportunités commerciales qui s’offrent à elle. C’est dans l’intérêt de n’importe quel État souverain d’agir de la sorte», fait-il ressortir. L’accord, qui compte 17 chapitres, est présenté comme une véritable opportunité pour Maurice. Le pays devrait avoir un avantage compétitif avec l’exemption totale de tarifs couvrant 8 227 lignes tarifaires, soit 96 % des lignes tarifaires chinoises. Les droits applicables sur 88 % de ces lignes tarifaires seraient supprimés avec effet immédiat. Les droits restants seraient éliminés sur une période de cinq à sept ans.

L’accès au marché chinois sera également facilité pour plusieurs produits, dont les sucres spéciaux, le rhum, le poisson surgelé et transformé, les nouilles et les pâtes, les gaufrettes et les biscuits, les fruits, le jus en brique, l’eau minérale, le textile, les montres ainsi que les produits en cuir. Les exportateurs mauriciens pourront vendre leurs produits avec des règles d’origine flexibles. Sunil Boodhoo souligne que les règles d’origine sont les critères permettant de déterminer le pays d’origine d’un produit : «Elles sont importantes car dans le cas présent, les tarifs et les restrictions imposés par la Chine dépendent de l’origine du produit exporté par Maurice. Par exemple, dans le cas de produits vestimentaires, c’est la règle d’origine d’une transformation simple qui sera valide. Ainsi, un opérateur mauricien peut importer du tissu, le transformer en un vêtement et l’exporter vers la Chine».

Des opportunités à exploiter

},

Pour sa part, Amit Achameesing évalue l’ampleur que pourrait prendre ce nouvel accord. «C’est de bon augure pour l’avenir. Au-delà du potentiel d’avoir accès au marché chinois, les investissements et la coopération économique sont des opportunités que Maurice doit exploiter intelligemment. Par exemple, le transfert du savoir et de la technologie peut être exploité dans des secteurs émergents comme les Tic et les énergies renouvelables, parmi tant d’autres. Il nous faut privilégier les secteurs ayant un fort potentiel d’élasticité d’apprentissage par l’action et d’effet d’entraînement sur d’autres domaines», soutient-il.

En matière d’opportunités pour le commerce des services, la négociation s’est penchée sur l’accès pour les fournisseurs locaux de services à divers secteurs, en l’occurrence, les services financiers, les télécommunications, les prestations professionnelles, la construction, l’éducation, le tourisme et la santé, entre autres. Ainsi, les fournisseurs de services mauriciens pourront s’établir en Chine, en tant que structures 100 % mauriciennes ou en partenariat avec des opérateurs chinois.

Or, Amit Achameesing est d’avis que les partenariats devront se faire avec des conditions bien définies : «Nous avons, par exemple, la nécessité d’exploiter la connaissance chinoise dans les technologies renouvelables et l’utilisation de l’énergie solaire. En se perfectionnant dans ce créneau avec les Chinois, Maurice peut dégager une expertise qui aura un effet d’entraînement dans d’autres secteurs comme le high-tech manufacturing».

Sunil Boodhoo se veut rassurant et souligne que l’accord de libre-échange Chine - Maurice représente un cadre clairement défini pour réglementer l’établissement d’opérations mauriciennes en Chine. D’ailleurs, il dit avoir noté l’intérêt de certaines entreprises locales d’entrer en partenariat avec leurs homologues chinois lors des négociations.

S’agissant de la compétition face à l’armada d’entreprises chinoises, Sunil Boodhoo estime qu’il est important de se projeter dans une vision à long terme. Pour lui, l’accord repose sur une situation gagnant-gagnant et il n’est nullement question de se faire de la concurrence. Il est d’avis que même si la difficulté peut sembler énorme aujourd’hui, il est important de rester concentré sur les gains à long terme. «Il est grand temps pour les entreprises mauriciennes de s’adapter et d’adopter une ‘Go Global Strategy’. Il s’agit de saisir chaque opportunité qui se présente à elles, aussi difficile – et non pas présomptueux – que cela puisse paraître. De nos jours, la réussite d’une entreprise dépend de plusieurs facteurs, y compris de sa chaîne de valeur. Une stratégie où la production de différentes parties d’un item se fait dans différents pays est cruciale et bénéfique en termes d’efficacité économique», fait-il valoir. Ainsi, un établissement en Chine pourrait se traduire par un gain de parts additionnelles du marché mauricien et des avantages en termes de réputation internationale pour l’entreprise locale.

50 000 tonnes de sucres spéciaux vers la Chine

},

Les opportunités additionnelles concernent la coopération économique dans dix secteurs, à savoir le développement industriel pour améliorer la compétitivité, le secteur manufacturier basé sur la recherche et l’innovation, l’économie maritime, l’aquaculture et l’agriculture, entre autres. Le chapitre portant sur l’investissement prévoit, entre autres, la protection des investisseurs et, en cas d’expropriation inévitable, la compensation des investisseurs.

Par ailleurs, Maurice a obtenu un contingent tarifaire de 50 000 tonnes de sucres spéciaux, à un taux contingentaire de 15 %, à introduire progressivement sur une période de huit ans. C’est une première pour la Chine que d’accepter qu’un accord de libre-échange couvre le secteur sucre. Toutefois, Amit Achameesing dit craindre que l’introduction d’un taux progressif sur une période de huit années réduise graduellement la compétitivité des sucres spéciaux.

Sunil Boodhoo porte, lui, un regard différent : «Nous produisons de moins en moins de sucre blanc raffiné, et nous en exportons très peu. Nous avons désormais une nouvelle industrie cannière où l’accent est mis sur la production de sucres spéciaux. Le quota qui nous est alloué par la Chine est très opportun. Cela représente un marché garanti pour nos sucres spéciaux et générera des revenus de l’ordre de US$ 40 millions par an».

Il faut maintenant sensibiliser la communauté des affaires à Maurice au sujet des opportunités que représente l’accord de libre-échange Chine - Maurice. Pour ce faire, l’International Trade Division du ministère des Affaires étrangères, de l’intégration régionale et du commerce international va entreprendre une campagne. Est également prévu un travail en étroite collaboration avec l’Economic Development Board. 

}]