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Agro-industrie : les exigences sanitaires au premier plan

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Agro-industrie : les exigences sanitaires au premier plan | business-magazine.mu

L’État a eu fort à faire pour circonscrire les épizooties de fièvre aphteuse et de salmonellose. Côté champs, le mot d’ordre est désormais donné – schemes à l’appui – en faveur de la culture biologique.

Les acteurs du secteur agricole ont connu des destinées diverses en 2016. Si les élevages locaux ont été sévèrement touchés par la fièvre aphteuse et la salmonellose, les planteurs – hors secteur cannier – ont été mieux lotis. Par les différents plans de soutien mis en place, l’État démontre, en effet, sa volontéd’aller davantage dans la voie de l’autosuffisance alimentaire, de même que la production de légumes et fruits sains, via des méthodes agricoles améliorées, à l’instar du bio. 

Ce qui aura retenu l’attention cette année, ce sont sans conteste les épizooties qui se sont abattues sur les cheptels de Rodrigues et de Maurice ainsi que les élevages de volaille locaux. Ces maladies, soit la fièvre aphteuse pour les premiers et la salmonellose pour les seconds, sont venues remettre en question l’encadrement dans lequel évo-luent les éleveurs de nos deux îles, surtout les petits exploitants, forçant les autorités à faire le constat de leurs lacunes.

Le 19 juillet, des tests confirment que des bœufs et vaches d’élevages rodriguais sont affectés par la fièvre aphteuse. Si cette maladie virale très contagieuse ne peut certes être transmise aux humains, elle peut néanmoins s’avérer dévastatrice pour les bestiaux. Avant que les résultats des tests ne tombent, le 15 juillet, 325 bêtes ont quitté Rodrigues pour Maurice, où elles ont atterri dans plusieurs fermes. Les bêtes malades, localisées à Vallée-des-Prêtres, sont tuées mais la fièvre aphteuse a eu le temps de se répandre sur d’autres fermes, à Notre-Dame et Terre-Rouge.

Cette épizootie a mis au jour les faiblesses de l’État en matière de prévention et de mesures à mettre en place pour circonscrire une maladie de ce genre. Dans une interview accordée à un quotidien de l’île, Jacqueline Sauzier, secrétaire de la Chambre d’agriculture explique, par exemple, que le 1er août, une nouvelle cargaison de bovins en provenance de Rodrigues est envoyée à Maurice. Les animaux touchés par la fièvre aphteuse seront cependant tués à leur arrivée. De plus, le comité de crise constitué pour lutter contre l’épizootie fait venir dans un premier temps des vaccins contre les souches africaines du virus alors que la souche requise, dite «souche O», est tout autre. «Il a fallu tout refaire, ce qui a fait perdre une semaine sur la période de vaccination», indique Jacqueline Sauzier.

Les dispositions prises par le gouvernement dans le contexte de la fièvre aphteuse comprennent donc, outre l’abattage des bêtes malades, la mise en place d’une campagne de vaccination, fin août, avec la collaboration de l’Unité de veille sanitaire de la Commission de l’océan Indien. Il est à noter que le vaccin a aussi été administré aux autres bêtes d’élevage pouvant contracter le virus, à savoir, les moutons, cabris et porcs. Des mesures de biosécurité ont aussi été adoptées et un Fact Finding Committee mis sur pied afin de faire la lumière sur les causes de l’épizootie. En outre, les éleveurs ayant perdu des bêtes ont reçu une compensation du gouvernement, selon l’âge et l’espèce de celles-ci. Les sommes reçues vont de Rs 2 000 pour les jeunes cabris et moutons à Rs 60 000 pour les vaches à lait, entre autres.

Les petits éleveurs de volaille n’ont pas non plus été épargnés en 2016. Au 18 septembre, 114 petites fermes étaient contaminées par une bactérie pouvant provoquer diarrhée et vo-missements chez l’homme : la salmonelle. Quelques jours plus tôt, soit le 12 septembre, quelque 5 000 poussins étaient gazés et 10 000 œufs détruits à la station du ministère de l’Agro-industrie, à Réduit, soit l’Animal Production Division – le principal fournisseur des petits éleveurs –, où les premières traces de la bactérie ont été détectées. Puis, le 14 septembre, 35 000 poussins et 21 000 œufs se trouvant sur les fermes affectées ont été détruits. Leur source de revenus ayant été sérieusement mise à mal, les petits éleveurs de volaille ont reçu Rs 3 millions en termes de compensation. Les grandes exploitations  sont, elles, demeurées à l’abri de cette deuxième maladie.

Avec la fièvre aphteuse et la salmonellose, la vulnérabilité de certaines filières de l’agro-industrie est devenue une évidence. Malgré l’aide gouvernementale, des petits éleveurs peinent encore à se relever, cela, d’autant plus que la population se veut désormais plus prudente, pour des raisons sanitaires, quant à ses sources d’approvisionnement.

La santé de la population, élément pesant par ailleurs très lourd dans le portefeuille budgétaire, est au cœur des préoccupations gouvernementales s’agissant de la production de fruits et légumes. Les taux élevés de pesticides et d’herbicides toujours utilisés par certains planteurs ne sont, en effet, pas étrangers à la prévalence du cancer parmi la population locale, troisième cause de mortalité à Maurice. Ainsi, un plan stratégique a été introduit en vue de soutenir la production agricole sur la période 2016-20. Le principal objectif étant d’allier qualité et sécurité alimentaire.

L’aspect qualitatif, en premier lieu, se traduit par l’intention du gouvernement d’arriver à une production agricole à  50 % bio à l’horizon 2020. Dans cette optique, un Bio Farming Promotion Scheme (BFPS) a été lancé en mai. Il comprend des incitations fiscales, à l’instar d’une exemption de la taxe à la valeur ajoutée sur l’équipement et les intrants agricoles ainsi qu’un congé fiscal durant les huit premières années d’opération. Le BFPS inclut aussi des facilités financières se traduisant par des emprunts à un taux d’intérêt de 3,4 % sur dix ans pour le financement d’un maximum de 90 % d’un projet agricole. Des facilités accordées sous le MauBank Small and Medium Enterprises Financing Scheme.

De plus, le ministère de l’Agro-industrie a fait provision pour une distribution gratuite de compost à travers le Compost Subsidy Scheme, cela afin d’inciter les planteurs à se tourner plutôt vers les intrants organiques qui améliorent la qualité du sol et garantissent de ce fait une agriculture durable et des coûts de production moins importants. Sous ce plan, les planteurs enregistrés auprès du Small Farmers Welfare Fund ont droit à un maximum d’une tonne de compost par arpent. À ce jour, plus de 3 000 planteurs ont bénéficié de ce plan.

Comme la culture sous serre permet de limiter l’usage de pesticides, le ministère a, en sus, étendu le Sheltered Farming Scheme (SFS), auparavant réservé à la culture de légumes, à d’autres types de culture dont les plantes ornementales, les fruitiers, la culture bio et hydroponique. Pour être éligibles à ce plan, les cultivateurs doivent posséder une exploitation d’au moins 2 000 m2 (0,5 arpent) et brasser un chiffre d’affaires ne dépassant pas Rs 3 millions. Sous le SFS, le bénéficiaire a droit à un financement pour l’acquisition de matériel jusqu’à un plafond de Rs 400 000 contre Rs 250 000 précédemment, entre autres avantages. Quelque 68 planteurs ont jusqu’ici pris avantage de ce plan.

Le ministère a réservé un terrain de 66 arpents à Britannia à des projets agricoles exclusivement bio. Il sera équipé de toutes les infrastructures nécessaires grâce à une allocation budgétaire de Rs 20 millions.

Enfin, en termes de formation, le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, révélait dans son discours lors des débats sur le Budget 2016-17 que 250 planteurs ont complété un programme en cinq modules dispensé par le Food and Agricultural Research and Extension Institute : le Mauri Gap Niveau 1 – la norme basique pour la culture bio.

À cette même occasion, Mahen Seeruttun a déclaré que son ministère «opère actuellement 12 ‘schemes’ qui offrent des facilités et des incitations aux planteurs en vue d’augmenter la production agricole». Et d’ajouter qu’«en 2015-16, 3 881 planteurs ont ainsi bénéficié de ces ‘schemes’ et la somme déboursée est d’environ Rs 44 millions».

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