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Arrestation de Navin Ramgoolam: le financement des partis politiques remis sur le tapis

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Arrestation de Navin Ramgoolam: le financement des partis politiques remis sur le tapis | business-magazine.mu

L’arrestation de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, avec la découverte de fortes sommes d’argent en liquideet en chèques de voyage à sa résidence, a choqué tout le pays. Du coup, elle relance le débat sur le financement des partis politiques.

L’affaire Ramgoolam a provoqué une véritable onde de choc. L’ancien Premier ministre a été inculpé pour blanchiment d’argent. Les deux coffres-forts et deux valises présentement sous scellés renfermeraient plusieurs centaines de millions de roupies.

Cette affaire doit obliger les politiciens à revoir leurcopie et à légiférer sur le financement des partis politiques, affirme sans ambages le Chief Executive Officer du groupe Abax, Richard Arlove. «Quand on trouve autant d’argent chez le leader d’un parti politique, c’est difficile de dire que cet argent n’est pas lié à la politique. Et cela remet en question la nécessité de légiférer. La moindre petite tabagie doit se faire enregistrer. Or, les partis politiques qui brassent plusieurs millions ne le sont pas ! Ils ne sont pas redevables, et cela ne favorise nullement la transparence. Par qui sont-ils financés ? Où est la bonne gouvernance

Quelle que soit l’issue de cette affaire et peu importe si Navin Ramgoolam est trouvé coupableou pas, les partis politiques doivent être redevables s’agissant de leur financement, insiste ce professionnel du secteur financier, «car c’est la base de la corruption dans le pays. Tout le mal vient de là, du fait qu’il y a un vide légal. La corruption, le trafic d’influence et les nominés politiques, tous ces fléaux découlent de l’absence de lois sur le financement des partis

Pour l’observateur Dan Maraye, l’arrestation de l’ancien Premier ministre constitue même un «blessing in disguise» et devaitenvoyer un signal fort à tous ceux concernés, particulièrement aux politiciens du pays selon lequel «l’ère de l’impunité est révolue.» Dan Maraye soutient, lui, que «la transparence et la discipline dans la gestion des affaires de l’État nous aideraient à reconstruire notre réputation.» Par ailleurs, il ajoute que la limitation du mandat d’un Premier ministre pourrait être bénéfique à la santé de notre démocratie.

Le silence des institutions financières

De son côté, l’avocat Penny Hack ne cache pas son agacement face au silence de certaines institutions financières :« Le directeur de la Financial Intelligence Unit vient d’être limogé  et la FSC n’arien à dire... Est-ce que les institutions financières n’ont pas failli dans leurs responsabilités ?»

Si telest le cas, cela aura un impact sur la réputation de notre centre financier, dit-il. «Je me demande si les institutions financières sont au courant d’une ‘suspicious transaction’ liée à cette affaire, et si elles ont réagi correctement. Sont-elles au courant – ou pas – de la provenance de ce targent ? Ont-elles agi en toute indépendance ?»

L’affaire ayant trouvé écho dans toute la presse internationale, l’on peut effectivement s’interroger sur le tort qu’elle a causé à notre centre financier international. Pour Dan Maraye, iln’y a pas de doute que la réputation du pays a pris un très sale coup et quecela «pourrait avoir des répercussions négatives sur l’économie de notre pays en général et le secteur financier en particulier.» L’ancien Gouverneur de la Banque centrale est d’avis que «la toxicité de ce scandale nous fera dégringolersur le plan de la bonne gouvernance à l’échelle internationale.»

Pour sa part, Richard Arlove souligne que les investisseurs étrangers trouvent que c’est positif que le scandale a éclaté. «Beaucoup de nos clients trouvent que cela est positif que l’ancien Premier ministre a été ‘taken to task’. Cette arrestation montreque la police fait son travail et que personne n’est au-dessus des lois.» Penny Hack trouve également positifqu’au regard de la communauté internationale, Maurice soit perçu comme un État de droit. Cela montre que nul est au-dessus des lois et que notre pays est démocratique, ajoutantque «tout en respectant la présomption innocence, cette arrestation du citoyen Navin Ramgoolam est un message fort qui ne peut que généralement renforcer l’image du pays, quelle que soit l’issue finale. À partir de maintenant, il faut lasser la justice suivre son cours.»