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Croissance de 5,7 % en 2016-17 : les opérateurs sceptiques

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Croissance de 5

Maurice a les moyens de réaliser une croissance de 5,7 % en 2016-17, selon le ministre des Finances. Une telle performance est-elle réalisable ? L’équipe de LSL Radio a posé la question aux observateurs économiques.

Il sera difficile d’atteindre une croissance de 5,3 % en 2015-16 et 5,7 % en 2016-17. C’est en substance le message délivré par les différents intervenants lors du débat organisé samedi dernier par LSL Radio.

Pour Rajiv Servansingh, Chairman de MindAfrica, le challenge d’aujourd’hui consiste non seulement à atteindre un taux de croissance de 6 à 7 %, mais il s’agira aussi de s’interroger sur le type de croissance que le pays veut et de savoir si l’on parviendra à maintenir l’État-providence. À ce stade, il est d’avis qu’il sera difficile d’atteindre le taux de 5,7 % pour 2016-17.

Philippe Forget, Chairman du groupe La Sentinelle, n’est pas plus optimiste. Selon lui, un des facteurs prépondérants pour faire le pays progresser c’est  la productivité nationale et celle-ci «est très très mauvaise» comparé à des pays comme l’Inde (dont la productivité nationale a progressé de 4,9 % entre 2005 et 2011) et la Chine (+9 % entre 2008 et 2012). «Si nous avons l’ambition de devenir une ‘high income country’, nous devons être plus productifs», argue-t-il. Il évoque également la productivité de la main-d’œuvre qui demeure faible à Maurice. C’est, selon lui, «une des raisons pour lesquelles les salaires – surtout ceux des personnes se trouvant au bas de l’échelle – demeurent bas, parce que nous ne produisons pas assez. Or, la productivité nationale est absolument capitale pour assurer un meilleur partage national.» Deuxième facteur important selon Philippe Forget, la confiance,car elle a joué un rôle moteur dans les années 83-84 pour la relance économique.

Georges Chung, Chairman de T-Printers, a, pour sa part, fait remarquer que Maurice se trouve actuellement dans une période de transition et qu’il ne faut pas faire les choses de la même manière que dans le passé. Le second miracle économique ne sera pas au rendez-vous en 2016, estime Georges Chung qui ajoute qu’il faudra créer, innover et se réinventer, «sinon on ne va pas atteindre 5,7 % en 2016-2017.»

Maurice dans une période de transition

Rajiv Servansingh évoque un autre élément essentiel pour réaliser le second miracle économique : le partenariat public-privé. «On sous-estime le partenariat public-privé. Ainsi, lorsque la MEF dit qu’il faut arrêter les tripartites, je ne pense pas qu’elle ait raison», souligne-t-il.

Afsar Ebrahim, expert-comptable chez BDO, opine, lui, qu’il y a un problème de mentalité à Maurice car le pays devient une «nation de paresseux». Selon lui, il faut pouvoir travailler sur une base 24/7, notamment si Maurice veut se positionner comme une vraie plateforme financière.

En prélude à ce débat, un court documentaire sur les années ‘80 a été projeté pour montrer comment le pays a réalisé un bond en avant durant cette période. Plusieurs opérateurs et observateurs sont intervenus dans cette vidéo, notamment Jean-Noël Humbert et Lindsay Rivière. Ce dernier note qu’à partir de 1983, l’économie locale a vécu une transformation spectaculaire. «De 1983 à 1990, l’économie sera boostée par un plus grand libéralisme avec beaucoup d’idées nouvelles, la confiance va repartir et il y aura beaucoup d’investissements», relate-t-il. À l’époque, sir Anerood Jugnauth et Vishnu Lutchmeenaraidoo sont au pouvoir et adoptent une fiscalité plus légère. À partir de 1983, rappelle Lindsay Rivière, sir Gaëtan Duval va aller à la recherche d’investisseurs en Asie. «Il y avait une réelle volonté de redonner confiance aux investisseurs et au peuple et d’ailleurs cela a contribué à augmenter la consommation dans le pays et donner un coup de fouet à l’économie», a-t-il fait ressortir.

Pour Rajiv Servansingh, les législatives de 1983 auront été déterminantes, car elles ont mis au pouvoir «une des meilleures équipes gouvernementales depuis l’Indépendance.» Pour lui, «SAJ savait ce qu’il fallait faire et il y avait une cohérence dans toute l’équipe qui travaillait autour de lui.» Mais il faut aussi dire que les conditions internationales étaient favorables au pays. Ainsi, Afsar Ebrahim rappelle que dans les ’80, Maurice était protégé, le sucre bénéficiait de prix garanti sous le Protocole sucre. Et d’ajouter que «s’il y a eu le miracle économique, c’est aussi parce que Maurice est passé par deux dévaluations qui ont rendu le pays plus compétitif à l’international.»