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Environnement : un secteur en quête de stabilité

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Environnement : un secteur en quête de stabilité | business-magazine.mu

Si quelques réalisations positives ont été notées sur le plan écologique en 2016, certaines prises de position gouvernementales en ont, par contre, choqué plus d’un. Retour sur une année qui n’aura pas été toujours verte.

Trois. C’est le nombre de ministres qui ont été aux commandes de l’Environnement en 2016. Après que Raj Dayal a été éjecté de son poste au mois de mars sur fond d’allégations de pots-de-vin dans l’affaire «bal kouler», Alain Wong, son successeur, par ailleurs député du Parti mauricien social-démocrate, a suivi son leader, Xavier-Luc Duval, lorsque celui-ci a choisi de quitter le gouvernement le 19 décembre. Depuis, c’est le ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation, Etienne Sinatambou, qui a repris les rênes de l’Environnement. Ce manque de continuité à la tête du ministère s’est reflété dans les différentes politiques mises en place tout au long de l’année 2016, parfois au détriment du bon sens et de… l’environnement.

Un premier exemple d’incohérence est le sort réservé aux chauves-souris en 2016. Suite à une première campagne d’abattage très critiquée, menée en novembre 2015 par le ministère de l’Agro-industrie, le ministre de tutelle, Mahen Seeruttun, a lancé une nouvelle campagne du 9 au 23 décembre derniers, à la demande d’exploitants de vergers. La position du gouvernement sur ce dossier a de quoi surprendre dans la mesure où la chauve-souris fait partie du patrimoine de l’île. Espèce endémique, elle est protégée par la Wildlife and National Parks Act 93. «Avec l’abattage, la chauve-souris passera sans aucun doute du statut ‘vulnérable’ à ‘en danger’ sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature. L’UICN considère l’abattage comme une menace grave à la survie de la chauve-souris frugivore de Maurice», déclarait dans la presse Vikash Tatayah de la Mauritian Wildlife Foundation en décembre. Il est à noter qu’après les 30 938 chauves-souris tuées en 2015, ce sont 10 000 de ces mammifères qui étaient ciblés cette fois.

Autre mauvais point pour les autorités l’an dernier, en octobre, elles émettaient une Reservation Letter en faveur de la société Near Shore Resources concernant son projet de raffinerie de pétrole à Albion. Si ce projet va de l’avant, il couvrira 54 arpents de terres de l’État et comprendra une raffinerie flottante ainsi que des infrastructures de stockage à terre. Fortement réprouvé par les habitants d’Albion et de Pointe-aux-Sables, ce projet a fait l’objet d’un rassemblement de 200 personnes le 17 novembre à Albion à l’initiative du Kolektif Say No To Petroleum Hub.

Néanmoins, le gouvernement a tout de même récolté des points positifs en 2016. Ils sont à mettre, en premier lieu, sur le compte de la loi interdisant l’importation, la fabrication ou la vente de sacs en plastique, entrée en vigueur le 1er janvier. Une initiative à saluer bien qu’elle survienne 12 ans après l’adoption d’une loi analogue à Rodrigues.Sous la section 96 des Environment Protection (Banning of Plastic Bags) Regulations 2015, les contrevenants sont passibles d’une amende n’excédant pas
Rs 10 000.

En deuxième lieu, l’année 2016 a vu l’inauguration de la première centrale éolienne du pays, à Bras d’Eau. Comprenant 11 éoliennes, elle a nécessité un investissement de Rs 700 millions et constitue, aux dires du ministre de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, la première étape d’une série de projets de production d’énergie renouvelable. Il annonçait ainsi, dans la foulée, la création prochaine de trois fermes photovoltaïques d’une capacité totale de 2MW à l’Espérance, Mon-Choisy et Petite-Retraite.

À l’heure où les pays membres de l’Organisation des Nations unies se mobilisent pour mettre en œuvre les 17 Objectifs de développement durable opérationnels au 1er janvier 2016, gageons qu’à Maurice, cette année, vie aquatique et vie terrestre (objectifs 14 et 15) motiveront des politiques reflétant davantage les engagements du pays.