Evan Sohun présente Marsan Rev en Solo

Marsan Rev est la troisième exposition solo de l’artiste-plasticien Evan Sohun. Suite logique de ses deux premières expositions, celle-ci poursuit la narration de Toudim, le personnage-signature d’Evan Sohun. L’exposition est ouverte jusqu’au 23 septembre 2022 à la galerie Imaaya, à Phoenix.

L’IDENTITÉ et l’histoire de Toudim se précisent davantage dans cette réflexion personnelle dans laquelle s’est engagé Evan Sohun depuis un bout de temps déjà, et qui aujourd’hui constitue la thématique principale de son travail. «Celle de l’identité profonde de l’Humain qui se juxtapose/se fond/s’oppose avec et dans le système dans lequel il évolue. Plus que de simplement se poser ces questions, Toudim les incarne et chemine avec elles. Puis finalement trouve sa place. Vit son identité, la pose, l’impose… sur cette boîte à rêves qu’on lui a vendue mais qui lui laissait peu de place pour Être», explique Evan Sohun

Dans sa quête pour s’éloigner de la conformité dans la création de ses personnages, Evan Sohun a toujours essayé de façonner un monde qui lui est propre. Déformant les notions de proportion et de perspective, son travail a, avec le temps, évolué le long d’un continuum où il cherche, distille et essaie de faire ressortir la beauté dans des formes imparfaites. «Je travaille mieux dans le chaos. Trouver et explorer la beauté qui réside dans les formes, les structures et les scènes quotidiennes imparfaites est la base de mon propre processus créatif. Tout cela laisse de la place pour la narration de réalités volontairement désordonnées et exagérées. Je recherche la spontanéité et la liberté des lignes. Mais curieusement, mes dernières œuvres visaient la netteté des lignes, des couleurs et de la scénographie. Un paradoxe ? Issue du monde de la bande dessinée et de l’illustration, la narration est le moteur de ma pratique de plasticien. La peinture a été la bonne rencontre car j’ai senti que j’avais plus de liberté et d’espace pour explorer le scénario et ainsi construire l’esthétique», souligne-t-il.

Aussi loin qu’Evan Sohun s’en souvient, jusque dans ses années d’adolescence, il n’a jamais été capable de dessiner des figures humaines parfaites. Il croyait n’avoir pas les compétences requises et n’essayait pas davantage. Au lieu de cela, il a inventé des personnages d’inspiration animale qui avaient des traits de personnalité proches de ceux des humains. Le personnage Toudim, tel qu’il est aujourd’hui, est le fruit de ces explorations adolescentes.

«Avec le recul, je comprends aujourd’hui que la raison pour laquelle je ne pouvais pas dessiner de personnages humains à l’époque était que je n’étais pas à l’aise pour dessiner les différences de types, de couleurs, d’ethnies, de genres humains, et toute autre case à cocher. Parce que j’étais confus quant à ma propre identité», ajoute Evan Sohun. «Je n’arrivais pas à comprendre ce qui était censé être défini comme ‘l’identité mauricienne’ ; une identité bien définie avec ses produits, sa nourriture, sa musique, sa langue, sa culture et ses habitants. Je n’arrivais pas vraiment à savoir quelle case je devais cocher. Et il semblait que vous deviez en cocher une. Et je ne voulais pas que mon personnage entre dans l’une des cases pour exister. C’est ainsi que l’esprit autour de Toudim s’est construit avec le temps. Un esprit libre, audacieux et sans frontières.»

Rappelons qu’en juillet 2022, Evan Sohun a été invité à parler en tant qu’artiste mauricien, de son travail et de ses réflexions personnelles sur la thématique de l’Identité Culturelle et artistique, sur un panel de conférences à l’université de Bayreuth, en Allemagne. La thématique sur laquelle était axé ce panel de discussions était : Medialities, Aesthetics and Materiality in Comics and Popular Visuals Arts. Ce panel de discussions a eu lieu dans le cadre de l’International Conference of the Cluster of Excellence Africa Multiple organisée par cette université. Il a aussi eu l’occasion d’animer des ateliers avec des étudiants du secondaire de trois institutions académiques.