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France-Maurice: attirance mutuelle

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France-Maurice: attirance mutuelle | business-magazine.mu

Bien plus qu’un pays ami, l’île Maurice partage avec la France une attirance mutuelle. Une caractéristique qui se reflète dans divers piliers de l’économie mauricienne, dont les exportations et le tourisme.

Ancienne coloniefrançaise, Maurice a su conserver de bonnes relations diplomatiques avec la France. Jean-Louis Pismont, Président de l’AHRIM (Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’île Maurice), rappelle que les deux pays ont vécu ensemble de grands moments historiques. «Maurice tient une place spéciale dans la tête et le cœur des français. Nos deux pays ont depuis toujours tout mis en avant dans un esprit de coopération et cela, dans tous les domaines : la diplomatie, l’économie, l’art et la culture, les ports, les échanges, dont le tourisme», soutient-il.

Outre l’utilisation courante de la langue française, Maurice partage avec la France de solides liens commerciaux.Un fait que confirme Gilles Huberson, l’ambassadeur de France à Maurice, en s’appuyant sur les chiffres de l’an dernier. «Les liens commerciaux entre Maurice et la France sont particulièrement solides, comme en témoigne le montant des échanges en 2016», indique-t-il. En 2016, la France était le quatrième client de Maurice avec 284 millions d’euros et son troisième fournisseur avec 349 millions d’euros.

Quant aux volumes échangés entre les deux pays, ils ont été remarquablement stables au cours de la dernière décennie, avec une sensible progression (+4,8 %) ces trois dernières années, puisqu’entre 2013 et 2016, le volume des exportations vers la France était de 271 millions d’euros, tandis dans le même temps le montant des importations de produits français à Maurice est passé de 335 millions d’euros à 349 millions d’euros, soit +4,2%.

Lors du Budget 2017-18, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a annoncé que nombre de projets nationaux seront financés par la Grande péninsule. Citons le Metro Express, projet estimé à Rs 17 milliards dont une partie sera financée par le biais d’un don de Rs 9,1 milliards du gouvernement indien. Même si la Grande péninsule s’impose de plus en plus comme un des grands alliés financiers de Maurice, du côté de l’ambassade de France, on incite sur le fait que les Français figurent parmi les tout premiers investisseurs à Maurice, avec un volume d’investissement qui représente, bon an mal an, près du tiers du flux des investissements directs étrangers à Maurice. Gilles Huberson ajoute que de grands groupes français (Aéroports de Paris, AXA, Orange, Canal+, Total, CMA CGM, Colas, BPCE, Accor ou Casino), des ETI (entreprises de taille intermédiaire) et des PME, ainsi que de nombreux entrepreneurs individuels, apportent leur contribution à l’économie mauricienne en investissant et en créant des emplois. On évoque le chiffre de 13 000 salariés qui sont actuellement employés par des investisseurs français, dont une part importante provient de La Réunion.

Le soutien de l’AFD

L’ambassadeur de France ajoute que la France investit dans quasiment tous les secteurs d’activités, même si les Tic (télécom, services informatiques, éditions de logiciels), la relation client (BPO), la grande distribution, le tourisme, l’éducation, l’immobilier, l’énergie et les petites activités manufacturières restent les secteurs de prédilection des entreprises françaises. «Au cours des derniers mois, ce sont plu-sieurs opérateurs français du secteur des énergies renou-velables – Quadran, GreenYellow, Akuo, CorexSolar – qui ont décidé d’investir à Maurice dans des projets de fermes photovoltaïques», dit-il. Plus encore, à l’ambassade de France, on note qu’un nombre de plus en plus significatif d’opérateurs s’inté-ressent à Maurice comme plate-forme leur permettant d’aborder et de prospecter le vaste marché que représente le continent africain, et plus particulièrement les pays anglophones.

Gilles Huberson ajoute que l’Agence Française de Déve-loppement (AFD) finance de nombreux projets nationaux. Il cite la route Terre Rouge-Verdun au coût de 40 millions d’euros, l’extension du terminal à conteneurs à 42,5 millions de dollars, la mise à niveau de la Cargo Handling Corporation à travers des prêts totalisant 27 millions d’euros. «Par ailleurs, les banques du pays, dont la Banque des Mascareignes, la MCB et la SBM, ont bénéficié depuis 2009 de lignes de crédit vertes de l’AFD, le ‘SUNREF’, pour un montant consolidé de 100 millions d’euros», indique-t-il.

Plusieurs entreprises participent au développement social de l’île Maurice. C’est le cas de la Banque des Mascareignes. Philippe Wattecamps, son directeur général, estime que la banque a un rôle à jouer dans l’économie mauricienne. Le département Corporate Banking de la Banque des Mascareignes est, dit-il, très présent dans les domaines des crédits syndiqués et des ‘green loans’. Par exemple, la banque a été partie prenante de la première ferme éolienne de l’île. Pour cela, elle a bénéficié de l’expertise du Groupe BPCE à travers Natixis, la banque de couverture de taux dans ce projet. «En matière d’environnement ou dans d’autres secteurs importants, nous sommes en mesure de contribuer à bâtir l’île Maurice de demain avec le support d’un groupe qui fait partie des dix premiers groupes bancaires européens et des vingt premiers mondiaux», soutient Philippe Wattecamps.

Celui-ci insiste sur le fait que ce n’est pas seulement auprès des grandes entreprises que la Banque des Mascareignes intervient ; elle propose aussi ses produits et services aux particu-liers. Ce qui a permis à de nombreux Mauriciens de devenir propriétaires d’une maison, d’acheter une voiture ou de financer les études de leurs enfants.

Du côté de Super U, on est conscient de la responsabilité sociale de l’entreprise et de sa contribution au développement économique du pays. Super U emploie directement plus de 800 Mauriciens et plusieurs centaines indirectement. «Nous favorisons l’emploi dans les régions où nous sommes installés, que ce soit à Grand-Baie, Belle Rose ou Flacq», soutient-on. Ensuite, Super U achète beaucoup de produits de nombreux agriculteurs locaux.

À la suite de la libéralisation partielle des importations, Total Mauritius s’est mise à importer du fuel-oil 380 cst, le carburant le plus utilisé par les navires de passage. Pour Total Mauritius, il s’agit d’une étape importante pour le pays car la possibilité de s’approvisionner librement de plusieurs sources différentes permet de faire baisser les coûts et d’améliorer la compétitivité de Port-Louis face à ses principaux concurrents dans le domaine, soit l’Afrique du Sud et Singapour.

Un marché important pour le secteur touristique

Il est un fait que les Français sont friands de vacances à Maurice et les chiffres de l’AHRIM (Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’île Maurice) font ressortir que la France demeure le principal marché de Maurice. Jean-Louis Pismont, président de l’AHRIM, indique que la France métropolitaine et La Réunion ont toujours occupé les deux premières places des arrivées touristiques dans l’île. Ils constituaient 44,6 % de nos arrivées en 2010, l’année où Maurice avait accueilli le chiffre record de 302 185 touristes de la France métropolitaine. «Même si la part de la France a baissé dans les arrivées à Maurice, elle reste quand même le principal marché de son secteur touristique. On parle souvent de la reprise des marchés anglais et allemand, qui sont effectivement sortis de la crise de 2009 un peu plus tôt, en 2013, mais la France, sur la tendance positive depuis 2015, devra bientôt retrouver ses niveaux d’avant crise», fait-il ressortir.

En 2016, la destination mauricienne a accueilli un total de 271 963 touristes de la France métropolitaine, représentant 21,3 % de nos arrivées. L’AHRIM note également 146 203 arrivées touristiques de l’île de la Réunion, ce qui fait grimper le chiffre des touristes français à 418 166, soit 32,8 % du total des touristes ayant visité Maurice. Jean-Louis Pismont souligne que les chiffres disponibles à la fin de mai 2017 indiquent un total des arrivées touristiques de la France métropolitaine de 120 989 et de l’île de la Réunion de 66 623, soit respectivement en légère régression de -1% et en nette amélioration de 7,6 % par rapport à la même date en 2016.

L’AHRIM se dit confiant d’une croissance positive sur ces deux marchés pour l’ensemble de 2017. Les arrivées touristiques françaises sont directement liées aux dates des vacances scolaires qui sont variables, précise le président de l’AHRIM, qui ajoute que près de 20 % de nos touristes de France métropolitaine nous arrivent en tant que ‘départs’ de l’île de la Réunion. «C’est une définition technique qui englobe plusieurs comportements de voyage (transits directs, transits prolongés ou encore les Français de la métropole de passage prolongé à La Réunion et visitant Maurice pour des vacances comme pour affaires)», souligne-t-il.

Jean-Louis Pismont poursuit en soutenant que l’intérêt que la France a toujours porté à Maurice est différent par rapport à nos autres pays amis. Il se manifeste de manière peut-être plus large et il encourage davantage les échanges entre Français et Mauriciens. D’où, je pense une attirance mutuelle entre les deux pays, et qui impacte de manière très positive le tourisme. Sur un plan plus pratique, le touriste français retrouve bien évidemment à Maurice ce qu’il recherche pendant ses vacances : une facilité dans la communication, la chaleur et la gentillesse des Mauriciens, un choix d’hébergement et de restauration pour tous les types et durées de séjour, des aspects historiques et culturels où il se reconnaît et, très certainement, une douceur de vivre à la mauricienne qui lui plaît énormément.