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Hans Herchenroder : «Le principal souci du port franc, c’est le manque de volume»

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Hans Herchenroder : «Le principal souci du port franc

Le Chief Commercial Officer de Mauritius Freeport Development (MFD) avance que le port franc manque de masse critique pour permettre de transformer Port-Louis en véritable hub régional, capable de desservir l’Afrique de l’Est.

BUSINESSMAG. Selon Statistics Mauritius, les activités dans le port franc ont reculé de 35,4 % au premier semestre, à Rs 8,1 milliards contre Rs 12,6 milliards l’année dernière. Comment expliquer une telle baisse ?

Cette baisse ne se traduit pas dans le volume de réexportation, et elle n’est pas alarmante. Ces chiffres que vous citez concernent la valeur des marchandises qui passent par la douane, mais ce n’est pas le montant du chiffre d’affaires réalisé réellement par les sociétés évoluant dans le port franc. La valeur des marchandises n’est donc pas le meilleur indicateur de la performance du port franc.

Au lieu de la valeur, il faut plutôt analyser le volume de marchandises qui passe par le port franc, et qui permet aux acteurs de fournir une pléiade de services tels que le transport, la manutention et le stockage, des services permettant d’apporter de la valeur ajoutée à toute l’économie.

BUSINESSMAG. Effectivement, en termes de volume, le port franc a réalisé 114 340 tonnes au premier semestre contre 54 493 tonnes pour la même période, l’année dernière. Cela veut-il donc dire que le secteur se porte bien ?

Si le volume augmente, c’est positif. Le port franc, qui existe depuis 1992, est un secteur plutôt voué à attirer des industriels étrangers à Maurice, pour qu’ils louent des espaces de zones industrielles afin de transformer des produits, et ainsi apporter de la valeur ajoutée. Pour les autres opérateurs, je ne peux rien avancer mais à MFD, la situation est positive depuis début 2016.

Nous notons un intérêt croissant des étrangers pour nos services dans le port franc, que ce soit en termes de fret, de stockage ou de transport. Cet intérêt des compagnies étrangères pour louer des espaces dans le port franc apporte de la valeur à notre secteur. MFD s’efforce d’attirer ce genre de clients car ils vont utiliser tout le secteur logistique du port franc.

BUSINESSMAG. Un commentaire sur votre performance ?

Nous réalisons un chiffre d’affaires important avec les services offerts au secteur thonier. Au début de cette année, les volumes ont été légèrement plus modestes que prévu, mais en général, MFD progresse d’année en année.

BUSINESSMAG. Le budget a allégé la restriction pesant sur les compagnies installées dans le port franc concernant l’exportation vers l’Afrique. Êtes-vous satisfait de ces mesures ?

Le secteur mérite une attention particulière car il a connu des hauts et des bas. Le dernier Budget va dans la bonne direction, car le gouvernement a pris en considération la demande des développeurs. Mais dans un futur proche, il faudra davantage ouvrir le secteur. Imposer à une compagnie l’obligation d’exporter une partie de sa production en Afrique n’est pas une mesure qui va dans la bonne direction. On n’aurait pas dû imposer des limites pareilles. Parce que notre secteur est à la recherche de volume car il est impératif d’étendre la base industrielle dans le port franc.

En développant notre base industrielle, nous générerons un plus gros volume de marchandises. Et la hausse de volume est une condition sine qua none pour faire Port-Louis devenir un véritable hub régional. Or, nous ne parviendrons pas à cet objectif si nous continuons à mettre des freins au développement du secteur en imposant des contraintes aux opérateurs étrangers.

Nous comprenons l’esprit dans lequel cela a été fait. C’est pour que Maurice puisse prendre part à ce développement tant annoncé de l’Afrique ; c’est fort louable. Mais aujourd’hui le principal souci du port franc, c’est le manque de volume. Et je le répète : sans cette masse critique, nous ne serons pas en mesure de transformer Port-Louis en véritable hub régional. C’est un cercle vertueux : plus nous générons du volume dans le port franc, plus nous allons attirer les lignes maritimes.

Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Il y a plusieurs lignes maritimes qui sortent de l’Asie et qui vont directement en Afrique du l’Est sans passer par Maurice. Donc, nos connexions à l’Afrique sont extrêmement pauvres. Il faut impérativement enlever toutes contraintes pour les industriels qui veulent venir faire de la transformation à Maurice. Aujourd’hui, Maurice est un hub pour certaines îles de l’océan Indien mais il doit devenir un hub pour l’Afrique de l’Est.