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Pension à Rs 13 500 – Sa viabilité dépendra de l’évolution économique

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Pension à Rs 13 500 - Sa viabilité dépendra de l’évolution économique | business-magazine.mu

Le Premier ministre a promis qu’il augmenterait la pension de vieillesse à Rs 13 500 au cas où il serait conduit pour un nouveau mandat.

Une question est sur toutes les lèvres : le Trésor public a-t-il les moyens de soutenir une telle mesure ? Selon les derniers chiffres de Statistics Mauritius, l’on comptait 223 947 bénéficiaires de la pension de vieillesse en août dernier. Cette prestation sociale coûtait Rs 19,7 milliards à l’État. Doubler la pension de vieillesse impliquerait une somme additionnelle de Rs 20 milliards. Celle-ci coûtera ainsi autour de Rs 40 milliards d’ici à 2025. Pour l’économiste Pierre Dinan, la viabilité d’une telle mesure va dépendre de l’évolution de l’économie mauricienne.

«Cela pourrait éventuellement être une bonne mesure car les bénéficiaires auront davantage d’argent. Encore faut-il que le pays ait la capacité de produire et d’exporter. Il est toujours important de regarder le côté international de l’économie mauricienne. L’économie mauricienne est confrontée à pas mal de défis. Par exemple, nos produits textiles sont aujourd’hui moins compétitifs que Madagascar. De même, le tourisme fait face à la concurrence des Maldives et des Seychelles», observe-t-il.

CRISE DÉMOGRAPHIQUE

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De son côté, Shaffique Bhunnoo, le président d’Actuarial Society of Mauritius, est d’avis que le gouvernement devra expliquer comment il va procéder pour payer un tel montant. «Si l’État dépense plus qu’il n’en reçoit, ce sera une dette. La TVA peut être une option pour financer un tel montant. Sinon, il faudra trouver d’autres moyens pour récupérer l’argent», souligne-t-il.

Le gouvernement a-t-il justement les moyens de ne pas emprunter pour honorer cette promesse ? Pierre Dinan attire l’attention sur le fait que la dette publique n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Il est important, selon lui, de prendre en considération l’éventuel impact de la mise en application de cette mesure sur le déficit budgétaire, car les emprunts du pays sont également en hausse. Par ailleurs, une éventuelle crise démographique reste à l’ordre du jour. En effet, année après année, la population devient vieillissante alors que le taux de natalité diminue. D’ailleurs, dans son édition du mois de mai, MCB Focus estime que le nombre des personnes âgées passera à 288 000 en 2027 et 325 000 en 2037. À ce propos, Pierre Dinan s’interroge sur l’avenir de l’économie : «Il faut se demander qui va faire marcher l’économie mauricienne ? Il est à craindre que pour pouvoir donner des pensions élevées, il faille augmenter les taxes. Qui paye les taxes ? Il faut éviter des conflits de génération pour ne pas décourager les gens qui travaillent», soutient-il. Pour l’économiste, gouverner, c’est prévoir ! Aussi, le gouvernement doitil anticiper l’impact d’une telle décision sur les 30 ans à venir. Et de conclure : «Il faut éviter de pratiquer une politique à courte vue, soit une politique de terre brûlée».