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Stratégie industrielle: la leçon singapourienne

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Stratégie industrielle: la leçon singapourienne | business-magazine.mu

La contribution du secteur manufacturier à la croissance du pays est de 17 % et l’objectif du gouvernement est de la porter à 25 %. Mais il y a un gros effort à faire pour y parvenir, observe François de Grivel, président du Policy Forum.

Instance de réflexion du secteur privé, le Policy Forum a élaboré un document intitulé Towards a globally competitive industrial sector in Mauritius. Celui-ci met l’accent sur les forces et faiblesses du secteur industriel et propose une comparaison avec Singapour, véritable modèle en matière de développement économique, de compétitivité et d’innovation à l’échelle mondiale. «Il faut un secteur manufacturier fort si nous voulons atteindre nos objectifs économiques, car l’expansion du secteur industriel aura un effet de levier sur d’autres secteurs économiques et entraînera la création d’emplois et de richesses», précise d’emblée François de Grivel, président du Policy Forum.

À cet égard, le document souligne que si Singapour est souvent pris en exemple par Maurice, sa performance est largement basée sur un secteur manufacturier solide et bien ancré. Si bien qu’aujourd’hui, ce pays se classe deuxième mondial au Global Competitiveness Index, premier en termes d’Ease of Doing Business et dixième au classement Global Manufacturing Competitiveness Index (Deloitte). Selon le rapport, l’expansion rapide de Singapour sur ces dernières décennies est due avant tout à «a planned and consistent vision, which is not the case in Mauritius.»

Par ailleurs, même si le rapport note une phase de régression dans l’histoire de l’industrialisation des deux pays, Singapour a su maintenir une plus forte croissance de son secteur manufacturier. «In spite of declining GDP share, the manufacturing sector in Singapore has steadily and substantially increased its absolute GDP contribution. Between 1990 and 2012, the Manufacturing Value Added (MVA) of Singapore grew at a CAGR (compound annual growth rate) of 6.5%, compared to 3.3% for Mauritius. Singapore’s MVA is currently about 32 times higher than that of Mauritius», précise le rapport.

Autre différence, si dans les deux pays, les institutions publiques ont joué un rôle clé pour développer le secteur manufacturier, à Singapour, la promotion du secteur est menée par une seule et unique institution, et ce depuis le début, à savoir l’Economic Development Board. Cet organisme a développé de manière agressive son réseau marketing à travers le globe. En outre, il assure une coordination pointue avec toutes les agences locales en vue de mettre en œuvre la vision du gouvernement. À Maurice, par contre, plusieurs institutions ont la tâche de promouvoir le secteur industriel local : la MIDA, l’EPZDA, la MFA, SUBEX-M et maintenant Enterprise Mauritius.

Accent sur la recherche

Le rapport soutient aussi que les efforts de Maurice pour transformer le secteur manufacturier en Technology-based et Innovation driven depuis les années ’90 sont demeurés vains. Citant l’United Nations Industrial Development Organization (UNIDO), le Policy Forum indique que la production de machines, d’équipements et d’instruments médicaux de haute précision ne représente que 3 % de la production totale du secteur manufacturier mauricien, comparé à 41 % pour Singapour.

Pourquoi ? Tout simplement parce que depuis les années ’80, Singapour a mis toutes les chances de son côté en ayant reconnu l’importance de la recherche et de l’innovation, «to move towards higher-value added manufacturing activites and therefore reinforced the wealth-creation potential of its manufacturing sector.»Avec pour résultat que Singapour se classe septième mondial (Maurice est 49e) au Global Innovation Index.

Autre différence flagrante entre les deux pays, Singapour a investi massivement dans le développement du capital humain en vue de faire bouger sa production du mode Labour intensive vers un qui soit Innovation driven and technology based. Le rapport note aussi que, contrairement à Maurice, qui envisageait de durcir la ligne à l’encontre des travailleurs étrangers, «share of foreign workers, excluding permanent residents, in the country’s labour force increased from 3% in 1970 to 35% in 2010» et, chose intéressante, malgré cette politique d’immigration agressive, note le Policy Forum, le taux de chômage à Singapour est demeuré faible depuis 1990, avec un pic de seulement 5,3 % en 2003.

Enfin, la stratégie industrielle de Singapour a toujours été basée sur une quête incessante vers la compétitivité internationale, souligne le rapport, alors que Maurice a mis en œuvre et consolidé son développement industriel sur les bénéfices liés aux accords préférentiels sur les principaux marchés, notamment les États-Unis et l’Union européenne. Et le rapport de commenter que «such a strategy has rendered the Mauritian manufacturing sector highly vulnerable to the erosion of trade preferences and the emergence of low-cost
manufacturing economies…»