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Attirer € 44 Mds d’investissements en Afrique avec le nouveau plan d’investissement extérieur européen

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Attirer € 44 Mds d’investissements en Afrique avec le nouveau plan d’investissement extérieur européen | business-magazine.mu

Le nouveau PIE devrait permettre aux pays africains de bénéficier d’investissements privés à hauteur de € 44 Mds. Ce montant pourrait même être doublé, avec le concours des États membres de l’UE et d’autres institutions.

Lors du discours sur l’état de l’Union 2016, à la mi-septembre, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a exposé la manière dont cette instance prévoit decontinuer à stimuler l’investissement afin de soutenir l’emploi et une croissance durable, non seulement en Europe mais aussi dans le reste du monde.

La proposition est d’étendre, compte tenu de son succès, le Fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI) — élément central du plan d’investissement de la Commission pour l’Europe —, d’accroître sa capacité financière et de consolider ses points forts. La création d’un nouveau Plan d’investissement extérieur européen (PIE) est également envisagée en vue d’encourager l’investissement en Afrique et dans les pays avoisinant ceux de l’Union européenne (UE). Le but étant de renforcer les partenariats établis avec l’UE et de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable. La mise sur pied d’un nouveau PIE vise, en particulier, à favoriser le développement d’infrastructures sociales et économiques ou encore celui des micro, petites et moyennes entreprises (MPME), en aplanissant les obstacles à l’investissement privé.

L’introduction de ce plan à l’approche innovante vient concrétiser les engagements pris par la communauté internationale en ce qui concerne le financement du développement, notamment dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, observent Federica Mogherini et Neven Mimica, chef et commissaire de la diplomatie européenne respectivement.

Soutenir le potentiel de l’Afrique

Des régions comme la Corne de l’Afrique, le Sahel ou celle des Grands Lacs ont un énorme potentiel socio-économique. Ce dernier est toutefois freiné par divers facteurs : guerre, pauvreté, manque d’infrastructures et gouvernance défaillante. Alors que la Corne de l’Afrique, par exemple, est en passe de devenir l’une des régions les plus intégrées du continent, la croissance y est tirée par des centaines de milliers de MPME. Il s’agit d’un marché en expansion, mais les moyens financiers font toujours défaut.

«L’Union européenne est déjà le premier bailleur de fonds et le premier investisseur en Afrique. À chacune de nos visites sur ce continent, les gouvernements, chefs d’entreprise et organisations non gouvernementales témoignent des retombées considérables de nos investissements, insistant sur la nécessité d’intensifier notre partenariat», soutiennent Federica Mogherini et Neven Mimica. Et d’ajouter que le PIE permet à l’Europe d’apporter son expérience et son soutien à l’Afrique pour qu’elle puisse exploiter son potentiel. Un accompagnement qui garantit aussi la poursuite du dialogue politique et stratégique entre les parties prenantes, l’appropriation de stratégies et la promotion des valeurs universelles tout en stimulant l’économie des pays bénéficiaires. Autant d’éléments qui devraient contribuer à la réussite du cinquième sommet UE-Afrique prévu pour 2017.

Les organismes des secteurs public comme privé sont des partenaires potentiels du PIE. Ils doivent soumettre des propositions d’investissement à la Commission et conclure des accords de garantie avec cette dernière, sous réserve d’évaluations financières connexes réalisées par des experts extérieurs indépendants, explique Marjaana Sall, ambassadrice de l’UE à Maurice.

Les propositions d’investissement devront cependant répondre à des critères spécifiques. Marjaana Sall précise à ce propos qu’elles doivent se rapporter au développement économique et social, accorder une attention particulière au développement durable et à la création d’emplois, surtout en faveur des jeunes et des femmes. L’ambassadrice de l’UE à Maurice fait mention, en outre, de projets ayant pour objectif de s’attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière.

De plus, le ciblage des secteurs socio-économiques est important. Dans le cadre du PIE, la Commission privilégiera, de fait, les projets ayant trait au capital humain et aux infrastructures sociales ainsi qu’aux infrastructures relatives à l’énergie, à l’eau, à l’environnement, aux transports, aux technologies de l’information et de la communication. L’aide financière aux MPME fait aussi partie des priorités.

Les propositions présentées devront être favorables à l’essor du secteur privé en s’attaquant aux obstacles à l’investissement, d’une part, et, de l’autre, s’ajouter aux instruments de marché, dont ceux financés par le budget de l’UE et les budgets des États membres, y compris les facilités octroyées par la Banque européenne d’investissement (BEI). Il s’agira, en sus, de soutenir les objectifs des politiques de l’UE de même que les dialogues stratégiques et politiques correspondants menés avec les pays partenaires ou les enceintes régionales et multilatérales. Enfin, il faudra que ces propositions s’alignent sur les politiques des pays partenaires.

Il est à noter qu’en termes de coopération au développement, l’UE soutient déjà des initiatives visant à accroître la participation du secteur privé en promouvant le financement mixte. L’initiative de financement de l’électrification (ElectriFI), élaborée en étroite collaboration avec des représentants du secteur privé et des institutions financières, en est un exemple. L’ElectriFi est destinée à soutenir les investissements pour aider les populations vivant dans des zones rurales mal desservies et des régions où l’approvisionnement énergétique est peu fiable à accéder à des services électriques et énergétiques efficients, durables et abordables, souligne Marjaana Sall. Et de préciser, de surcroît, que «les entreprises intéressées pourront demander une garantie pour un projet d’investissement en passant par le futur portail web du PIE».

Un guichet unique pour investir

Ce sont au moins € 44 milliards d’investissements que le PIE a pour vocation d’attirer en Afrique et dans les pays du voisinage de l’UE, autrement délaissés par les investisseurs privés. «Ce montant pourrait être doublé pour atteindre € 88 milliards si les États membres et d’autres institutions y contribuaient», commentent Federica Mogherini et Neven Mimica. Selon ces deux porte-parole de la diplomatie européenne, le nouveau Fonds européen pour le développement durable facilitera les investissements privés grâce à l’accès au financement et au partage des risques. Les investisseurs privés bénéficieront effectivement d’une garantie contre les risques liés à la création d’entreprises hors du Vieux continent. Cette garantie favorisera non seulement les projets individuels, mais aussi des portefeuilles d’investissements de plus grande envergure, par le biais de «volets d’investissement» dans des régions ou des secteurs stratégiques.

Il est également prévu qu’un «guichet unique» encourage les investisseurs privés et institutionnels, comme les banques de développement, tant en Europe que dans les pays partenaires, à orienter leurs propositions vers les volets d’investissement concernés. Les entreprises ayant un projet seront mises en contact avec des partenaires potentiels et recevront des informations sur les mesures incitatives existantes.

À savoir que le PIE fournira une assistance technique en vue d’améliorer la qualité, le nombre et la viabilité des projets. La Commission européenne, la BEI et d’autres institutions financières internationales coopéreront étroitement pour procéder à une sélection rapide et adaptée à la logique commerciale des projets en s’appuyant sur les conseils spécialisés d’experts indépendants.

Avec le PIE, la politique de développement de l’UE franchit une nouvelle étape, dans la mesure où, affirment Federica Mogherini et Neven Mimica, «la politique de développement ne se résume pas à l’aide publique au développement. Nous avons également besoin de la contribution du secteur privé alors que nous intensifions notre engagement financier en faveur du développement durable». Les deux représentants de la diplomatie européenne en sont convaincus : «En collaboration avec nos partenaires en Afrique et dans les pays de notre voisinage, nous pouvons aider les jeunes générations à réaliser pleinement leur potentiel».

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