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Chand Bhadain: «Nous ferons partie de la chaîne du financement des microentreprises»

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Chand Bhadain: «Nous ferons partie de la chaîne du financement des microentreprises» | business-magazine.mu

La Banque de Développement a changé de vocation. Désormais, elle se consacre essentiellement au financement des microentreprises à hauteur de Rs 250 000. Son président revient sur cette étape marquante de l’histoire de l’institution bancaire.

BUSINESSMAG. Quelles sont les nouvelles responsabilités qui incombent à la Banque de Développement (DBM) depuis la présentation du Budget ?

La banque a changé de vocation. Nous pouvons aujourd’hui l’appeler la New Development Bank. Elle a bien sûr une histoire. Il ne faut pas oublier qu’elle a financé les secteurs qui ont été les moteurs du développement économique : l’agriculture, l’hôtellerie, le secteur manufacturier et le secteur des services.

Il y a eu une prolifération des banques commerciales. Auparavant, il y avait cinq ou six banques. Aujourd’hui, il en existe une vingtaine. Nous avons toutefois gardé notre place en tant que banque pour les entrepreneurs locaux et les investisseurs étrangers. Après le Budget, nous avons entamé une nouvelle phase : devenir le principal allié financier des microentreprises. Cela va se faire en collaboration avec la Small and Medium Enterprise Development Authority (SMEDA) et le guichet unique qu’elle gère, Mybiz. Il n’y aura pas d’empiétement sur les plates-bandes de la SMEDA et de Mybiz.

BUSINESSMAG. Et comment faire la distinction entre Mybiz et la DBM ?

Mybiz conseille les PME, mais ne les finance pas. Nous allons donc évaluer les projets du point de vue du banquier. Nous serons vigilants et ferons de sorte que nous soyons remboursés pour pouvoir financer d’autres projets. Nous allons tout de même travailler en étroite collaboration avec Mybiz, la SMEDA et le ministère des PME. Nous n’opérerons pas en isolation. Nous ferons partie de la chaîne du financement. Les micro-entrepreneurs consulteront très probablement Mybiz car ils la connaissent déjà et ensuite ils viendront à la DBM. D’ailleurs, nous avons eu une rencontre avec Mybiz pour éviter que le client n’ait à se déplacer à plusieurs reprises entre les deux institutions. Nous voulons que Mybiz puisse informer et aider le client à se conformer à nos critères et ensuite, une fois ici, nous nous chargerons de son dossier.

BUSINESSMAG. Quelles sont les actions et précautions que prendra la DBM pour s’assurer que les dettes sont remboursées ?

Il y a des normes qui seront dorénavant appliquées par la banque pour éviter de financer de mauvais payeurs. Parmi, il y a le Know Your Client (KYC). Les officiers de la banque iront voir le client dans son entreprise pour analyser et évaluer le potentiel du projet et si celui-ci est approuvé, il y aura un exercice de suivi pour garder l’œil sur l’entreprise et suivre sa progression.

BUSINESSMAG. Ne faut-il pas comprendre par là que la DBM a repris la casquette de banque spécialisée des PME à la MauBank ?

Nous avons été mandatés par le ministère des Finances pour remplir la mission qui est la nôtre depuis cinquante ans. La DBM est l’unique banque de développement de Maurice. La différence entre une banque de développement et une banque commerciale est que nous finançons des projets à long terme sur cinq à sept ans. Alors que les banques commerciales financent les projets sur une ou deux années. C’est pourquoi le risque est plus grand. Beaucoup de start-up échouent très vite. Il y a des raisons à ces échecs, dont le manque d’informations sur les techniques de gestion ou la nature du marché. C’est pourquoi la DBM devra tenir la main à ses clients et les conseiller et les guider vers les facilités mises en place par l’État. L’entrepreneur ouvrira un compte chez nous et nous allons vérifier si l’argent a été utilisé aux fins auxquelles il a été destiné.

BUSINESSMAG. Qu’est-ce qui a motivé le ministère des Finances à faire renaître la DBM ?

Dans les semaines précédant le Budget, il y a eu des négociations entre le ministère des Finances et la DBM. Les directeurs de la banque ont parlé avec les préposés du ministère et le ministre lui-même est venu visiter la DBM. Par la suite, nous avons eu deux sessions de travail avec le ministère et avons fait la requête de laisser la DBM jouer son rôle en tant qu’institution de financement pour le développement.

Le conseil d’administration joue également un rôle très important dans les affaires de l’institution et se tient garant de sa viabilité future. Depuis qu’il a été nommé l’année dernière, le conseil s’est réuni régulièrement pour instituer des sous-comités. Le comité de crédit et le comité de gestion des risques en sont des exemples. Ces comités fonctionnent dorénavant de concert afin d’atteindre les objectifs définis. Le ministre a été très à l’écoute et a décidé de nous donner un coup de pouce. La performance de la banque en 2015 - 2016 a aussi fait pencher la balance en notre faveur. Cette banque, qui a toujours connu des pertes, a réalisé un bénéfice opérationnel. Nous avons collecté les arrérages pour réduire la dette de Rs 3 milliards à Rs 500 millions.

BUSINESSMAG. Qu’adviendra-t-il des Rs 10 milliards promis aux PME et dont bénéficie la MauBank ? Une partie de cette somme reviendra-t-elle à la DBM maintenant qu’elle joue un rôle prépondérant dans le financement des microentreprises ?

Nous n’étions pas partie prenante du SME Financing Scheme. Mais avec le nouveau Budget, nous sommes appelés à jouer un rôle plus prépondérant. Le paragraphe 360 du Budget stipule que la DBM se restructure pour pouvoir créer et gérer les SME Parks, mais aussi gérer les fonds de financement du gouvernement destinés aux microentreprises. Notre avons donc un rôle prédéfini et allons financer les projets des microentreprises à hauteur de Rs 250 000.

Nous avons également demandé l’autorisation du ministère des Finances pour financer les PME jusqu’à Rs 3 millions. Le taux d’intérêt, encore une fois comme défini dans le Budget, sera de l’ordre de 6 %. Nous pensons que le gouvernement va nous aider sur le financement car ce sont des Government Financing Schemes. Une correspondance a déjà été adressée à la MauBank et le ministère des Finances pour des éclaircissements sur cet aspect.